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La Izquierda Diario
15 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Contre les personnes en situation de prostitution
Rafle au Bois de Boulogne : violences policières, racisme et transphobie d’état
Louise Mercier

Il y a quelques semaines, une trentaine de femmes ont été raflées au Bois de Boulogne. Elles ont été violemment brutalisées par les forces de police qui opéraient cette rafle spécifiquement dans un but de « contrôle des flux migratoires ». L’une des femmes arrêtées a témoigné à Libération pour raconter les événements de cette nuit.

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Crédit photo : Le Matou

Mercredi 19 décembre, la police a effectué une opération de rafle au Bois de Boulogne et a arrêté une trentaine de personnes en situation de prostitution. L’une d’elle a fait le récit à Libération de son arrestation violente et illégal. Dans son témoignage, elle raconte que la police l’a arrêtée au moment où elle était avec un client et qu’ils l’ont emmenée au commissariat sans raison valable (elle avait déjà présenté une preuve de son identité et la prostitution n’est plus un délit pour les travailleuses du sexe depuis 2016) tandis qu’ils ont laissé partir son client sans même une notification d’infraction. La jeune femme est alors menottée et insultée, elle tombe à terre et est frappée au visage et dans les côtes par les policiers. Elle proteste, et les prévient qu’elle va dénoncer ces violences policières, ce à quoi on lui répond qu’elle n’a pas intérêt à le faire, que c’est elle qui est en tort car elle n’a pas de papiers en France. Une fois amenée au commissariat, toujours menottée, elle n’est envoyée à l’hôpital qu’au bout de deux heures de garde à vue, et elle est ramenée immédiatement au poste après son examen.
Une fois de retour au commissariat, l’interrogation continue. La jeune femme est transgenre et bien qu’elle ait obtenu un changement d’état civil sur ses papiers, on lui pose des questions sur ses parties génitales en prétextant qu’elles sont essentielles pour préparer la fouille corporelle et que les personnes trans présentent souvent des faux papiers. Comme le souligne Libération, « on peut se demander si on pose les mêmes questions aux personnes cisgenres sur leur parties génitales lors de leur garde à vue, et en quoi il est utile de mettre à nue une personne pour contrôler son titre de séjour ».

Racisme...

Chaque fin d’année, des rafles ont lieu sur les lieux de travail des travailleuses du sexe (une rafle avait déjà eu lieu et fait parler d’elle en 2014). Ces opérations ont clairement pour but de ramasser et d’expulser des personnes sans papiers et les forces de police n’ont aucunement l’intention de protéger les travailleuses et de lutter contre les violences auxquelles elles font face quotidiennement. C’est contre elles que ces rafles sont organisées et les arrestations sont ouvertement faites sur le profilage racial : la preuve étant que ce mercredi 19 décembre la police était accompagnée dans son opération par une interprète hispanophone.

Ces rafles ont souvent lieux à la fin de l’année afin de faire monter les chiffres d’expulsions des sans papiers. Depuis 2003, une circulaire a en effet été passée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, demandant aux préfets de doubler à court terme les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Cette politique d’expulsion massive a été renforcée par une loi « relative à la maîtrise de l’immigration et au séjour des étrangers en France » la même année. Pour résumer, cette loi a donné à l’état de nouveaux outils pour mener sa politique d’expulsions quasi automatiques comme le fichage systématique des demandeurs de séjour.

Les conséquences de ces mesures ont été rapides : en quatre ans, le chiffre d’expulsions du territoire est passé de 15 000 à presque 30 000. Les rafles arbitraires comme celle-ci s’inscrivent dans la volonté du gouvernement depuis 2003 de faire du « chiffre ».

De plus, pour les travailleuses du sexe séropositives, des obligations de quitter le territoire français sont distribuées sous prétexte que des traitements anti VIH sont disponibles dans leur pays d’origines. Manifestement, la police et l’état font semblant d’ignorer que l’existence de médicaments ne garantit pas leur accès ni la prise en charge des malades.

...et transphobie.

En plus du racisme, les travailleuses du sexe, dont un certain nombre sont transgenre, font face à la transphobie d’état. Quand elles sont expulsées et renvoyées dans leur pays d’origines, ces femmes risquent pour beaucoup d’être assassinées, tant pour leur statut de travailleuses du sexe que de femmes trans : le Brésil est par exemple le premier pays en termes de meurtres transphobe et homophobe.

Également, comme le révèle la jeune femme dans son récit à Libération, en plus d’avoir posé de nombreuses questions déplacées par rapport à ses organes génitaux, la police lui a rappelé tout au long de la garde à vue que pour l’état français, elle était un homme, et ce malgré le fait qu’elle ait obtenue un changement d’état civil. De plus, la jeune femme ainsi que les autre femmes trans arrêtées pendant la rafle ont été placées en cellule avec des hommes tandis que les femmes cis étaient placées dans une autre cellule. Ce procédé est régulier lors de l’arrestation de femmes trans et pendant que celles-ci sont harcelées sexuellement par leur codétenus masculins, le gouvernement fait des grandes déclarations sur les luttes contre les violences sexuelles et de genre.

Une fois de plus, l’état montre son hypocrisie face aux violences de genre et plus spécifiquement face aux violences que subissent les travailleuses du sexe. Le gouvernement prétend aider les « femmes victimes de prostitution » en cessant leur pénalisation et en promettant une « protection » pour les travailleuses du sexe sans titre de séjour, tout en continuant de pratiquer les rafles sur leurs lieux de travail ainsi que les arrestations aboutissant à des mises en centre de rétention ou les éloignements du territoire.

Crédits photos : Photo DDM, M. Viala

 
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