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La Izquierda Diario
19 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Dieselgate
800 licenciements à l’usine Bosch d’Onet-le-Château ?
Sadek Basnacki

L’intersyndicale regroupant SUD, CGT, CFE/CGC et CFDT a exprimé son « inquiétude » quant à l’avenir de l’usine Bosch d’Onet-Le-Château, en Aveyron. Premier employeur privé du département avec 1 600 salariés, la direction pourrait licencier jusqu’à 800 personnes. Les syndicats craignent un « désastre économique ».

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Sous prétexte de satisfaire les exigences écologiques de la demande, l’entreprise Bosch a décidé de moderniser une des deux lignes de production dans son usine d’Onet-le-Château afin de fabriquer des injecteurs diesel nouvelle génération. A terme, la technologie actuelle doit « disparaître à l’horizon 2020/2021 », explique Julien Rul de SUD dans les colonnes du Parisien. La modernisation de la chaîne de production entraînerait un sureffectif de « 350 à 450 » salariés. D’après le syndicaliste, si il n’y a aucun investissement ce sont « 700 à 800 » personnes qui se retrouveraient « sur la paille », et cela mettrait en jeu « la pérennité du site ».

Pascal Raffanel syndiqué à la CFE-CGC, pointe également dans le Parisien l’importance de ce site pour la région. Il représente « 8500 à 10 000 emplois indirects sur un bassin de vie de 80 000 habitants », ce qui correspondrait à « la fermeture d’Airbus pour la région toulousaine ou la disparition de Peugeot sur la région de Sochaux ».

Le diesel, une excuse pour licencier massivement

Le site d’Onet-le-Chateau, près de Rodez, est la première usine qui est touchée directement par le « DieselGate ». En France, ce sont 50 000 personnes qui travaillent sur le diesel rien que pour l’entreprise Bosch, il faut rajouter à cela ceux concernés dans les autres boîtes comme PSA ou Renault.

Or , comme l’a souligné la préfète au syndicaliste il y a une « volonté affichée du gouvernement de sortir du diesel ». Dans La Dépêche, le délégué syndical CFE CGC a déclaré qu’« on a très bien perçu le message ». Il ne faudra donc pas s’attendre à une poussée de solidarité de la part du gouvernement. Le gouvernement a, à de nombreuses reprises, dénoncé le diesel comme responsable de tous les maux. « À plusieurs reprises, Bruno Le Maire et d’autres ont dit que le diesel tuait 50 000 personnes par an en France. C’est faux, c’est la pollution de l’air dans sa globalité qui tue autant de monde » explique le syndicaliste. En 2016, l’agence de Santé publique a estimé que les particules fines faisaient au moins 48 000 morts par an, le diesel qui a sa part de responsabilité dans la production de particule fine n’en est pas le seul responsable. Si le gouvernement se laisse aller à ce genre d’exagérations c’est bien qu’il y a anguille sous roche.

« Nous avons peur qu’ils profitent du diesel bashing pour délocaliser alors que les résultats dans le monde sont très bons. Pour Bosch, la France est le 2e marché européen en chiffre d’affaires mais ne représente qu’1 % des investissements mondiaux ». Il n’y a donc pas à douter des intentions de la direction de Bosch et du gouvernement. L’intersyndicale demande depuis près de 5 ans à ce que la production du site soit diversifiée, demande qui est restée lettre morte. Le dieselgate et l’impact qu’a le diesel sur l’environnement a fait que la part des achats de véhicules diesel sur l’ensemble des ventes de véhicule neufs est passé de 73% à 47% en 5ans. Et cela va, sans aucun doute, aller de mal en pis avec la hausse de la fiscalité sur le gazole qui est le carburant des moteurs diesel.

Bruno Le Maire en défenseur de l’emploi ?

Invité sur Europe1 ce vendredi, Bruno Le Maire a expliqué qu’il allait discuter avec le président de Bosch. « Je vais discuter longuement avec lui, et je vais lui faire deux demandes. La première, c’est qu’il fasse un nouvel investissement sur l’une des deux lignes de production qu’il y a à Rodez. Pour l’instant, ce n’est pas prévu, mais je souhaite que le président de Bosch prenne une décision claire. La deuxième chose que je souhaiterais obtenir de lui, c’est la diversification de l’activité de Bosch à Rodez. Aujourd’hui, ils font des injecteurs pour des voitures diesel. Je pense que ça ne suffira pas à garantir la charge de travail de l’usine ». Un discours très édulcoré qui ne vise qu’a tenter de canaliser un potentiel mouvement de type GM&S et non pas mettre la pression sur Bosch. Il n’a rien dit sur les licenciements. Comme pour les GM&S, les salariés de Bosch n’ont rien à attendre du gouvernement.

GM&S et Bosch, deux cas identiques

Le rapprochement entre le cas de GM&S et Bosch est intéressant puisqu’il y a beaucoup de points communs. GM&S était l’un des principaux employeurs privés dans une région à fort taux de chômage. Les deux entreprises sont des sous-traitant dans l’automobile. Dans les deux cas, les syndicats ont décidé de demander au gouvernement d’intervenir en leur faveur. Cela n’avait pas porté ses fruits pour GM&S, on ne voit pas pourquoi cela en serait autrement avec Bosch. Ces derniers ont demandé au gouvernement de faire pression sur PSA pour qu’ils achètent 30% de ses injecteurs dans l’usine. En accord avec le gouvernement, PSA et Renault avaient passé pour 22 millions de commandes à GM&S ce qui n’avait pas permis de sauver les emplois mais plutôt de favoriser une reprise du site. Autant dire que cette stratégie est d’ores et déjà limitée car elle laisse l’avenir des salariés dans les mains d’un gouvernement qui n’a de cesse de favoriser les licenciements.

D’ailleurs, les salariés de Bosch doivent avoir en tête la venue de Macron en Août 2016 lorsqu’il était ministre de l’économie. Accueilli par des sifflets, il avait tenté d’expliquer que le diesel « reste au cœur de la politique industrielle française » et que « l’avenir du diesel passe par l’innovation . On voit ce qu’il en est un an et demi après.

 
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