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La Izquierda Diario
9 de février de 2018 Twitter Faceboock

Subordonner l’université aux intérêts privés
Le Sénat vote un amendement pour contingenter les filières en fonction du marché
Iris Serant

Le texte de la loi Orientation et Réussite des Étudiants (ORE), autrement connu sous le nom de « Plan Étudiants » est finalement passé devant le Sénat, qui l’a très largement adopté. Et les sénateurs y ont même ajouté quelques réjouissances : comme le contingentement, proposé par LR, des filières en fonction de l’insertion professionnelle.

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Le Plan Étudiants avait déjà été adopté par l’Assemblée nationale en décembre dernier, et avait même, sans être encore passé devant le Sénat, commencé à être mis en place avec la création de Parcoursup et les prérequis que les universités étaient censées faire remonter au ministère, et ce, dans la plus grande illégalité. Alors que déjà une large contestation de la loi ORE par les différentes organisations syndicales du secondaire et du supérieur dans sa première version commence à se mettre en place, les nouveaux amendements votés par le Sénat ont tout pour faire s’accroître la colère.

Le plan étudiants est synonyme d’une sélection accrue dès l’entrée à l’université, et tout au long du parcours universitaire, et de la mise en place d’universités et de filières à deux vitesses. Ce projet constitue la réponse du gouvernement et des classes dominantes à la fameuse crise de l’université qu’eux-mêmes ont provoquée en diminuant les moyens alloués aux universités, pour justement pouvoir réformer à leur guise l’université.

Et voilà une autre « crise » à laquelle le système universitaire est de fait lié, celle de la rupture qui existe aujourd’hui entre études et travail, la question des travailleurs sur-diplômés, et l’important taux de chômage après diplômes. Et c’est au sénateur LR Jacques Grosperrin de se faire le porte-parole de la bourgeoisie, et le sauveur, non pas des étudiants, mais des entreprises, en proposant un amendement à la loi ORE : « La modification des capacités d’accueil prend en compte les taux de réussite et d’insertion professionnelle observés pour chacune des formations.  » Amendement qu’il justifie comme ceci :

« Ce ne sont pas les vœux des candidats qui doivent guider les choix d’ouvertures de places dans les filières de l’enseignement supérieur mais les débouchés professionnels réels qui s’offrent aux diplômés. Toute augmentation du nombre de places dans une filière devra être justifiée par de bons taux de réussite et d’insertion professionnelle. A l’inverse, une formation dont les taux de réussite et d’insertion professionnelle sont faibles ou en diminution devra connaître une réduction de ses capacités d’accueil. »

Le texte, amendement compris, a été très largement adopté (par LR et LREM notamment) à 231 pour et 93 contre. Loin d’être une épiphanie, cette proposition est emblématique du projet de la bourgeoisie, faire de l’université un réservoir de main-d’œuvre adaptée aux besoins (changeants qui plus est) des grandes entreprises. Une libéralisation de l’université, qui signifie aussi, comme cela est écrit dans le texte, fournir moins de moyens, et tuer à petit feu les filières les moins rentables, en mettant en place des filières ultra-spécifiques, où on ne délivrerait plus des savoirs mais des compétences pour être apte à satisfaire le bon vouloir des besoins du marché. Une orientation par le haut qui laissera peu, voire pas, de place au choix de l’étudiant, et dont les critères de jugement restent très flou (comment juge-t-on d’une « bonne insertion professionnelle » quand les contrats sont de plus en plus précaires ?).

Ainsi, après l’éternel discours sur l’afflux trop grand d’étudiants et l’inégalité du tirage au sort pour mettre en place la sélection, voilà maintenant la question de l’insertion professionnelle pour subordonner les filières universitaires aux lois du marché. Une manière de nous faire détourner le regard des vrais causes de la crise : un patronat qui ne veut plus payer pour l’éducation des enfants d’ouvriers si ceux-ci ne sont pas rentables immédiatement, et un taux de chômage important chez les jeunes même quand ils sont diplômés. Les causes de ce chômages sont bien les politiques de casse de l’emploi successives visant à précariser, « flexibiliser » les travailleurs, et assurer aux entreprises le gage de toujours pouvoir licencier !

Si la jeunesse et plus largement les travailleurs du secondaire et de l’université commencent déjà à se mobiliser contre le Plan Étudiants, il est certain que le nouvel amendement visant à mettre en place un numerus clausus sur les filières les moins rentables aux grandes entreprises n’est qu’une nouvelle raison de rejeter massivement ce projet ! En commençant par se mettre en grève et descendre dans la rue le 15 février, à l’appel de la Coordination Nationale de l’Education.

 
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