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La Izquierda Diario
12 de février de 2018 Twitter Faceboock

Souffrance au travail
EHPAD. « Nous, ce qu’on demande, c’est plus de moyens pour la santé »
Correspondant-e

Depuis plusieurs années, les conditions de travail dans les EHPAD se sont dégradées. Manque de personnels, surcharge de travail et épuisement professionnel, la situation est devenue intenable pour le personnel soignant et se répercute sur la qualité de vie des résidents. Pour lutter face à ces dégradations des conditions de travail, un tiers des personnels des EHPAD se sont mobilisés lors de la journée du 30 janvier. Nous avons rencontré plusieurs travailleurs et travailleuses de la Sarthe mobilisées pour cette occasion.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/EHPAD-Nous-ce-qu-on-demande-c-est-plus-de-moyens-pour-la-sante

Source :NPA72

Pourquoi êtes-vous venues à cette manifestation aujourd’hui ?

Si on est là, c’est pour défendre les droits de nos résidents, afin qu’on puisse leur apporter tous les soins dans de bonnes conditions, mais aussi pour que nos conditions de travail soit meilleures. Nous travaillons dans un EHPAD aux alentours du Mans.

Quelles sont vos conditions de travail aujourd’hui ?

Nous ne sommes pas assez de personnels pour nous occuper des résidents, pour prendre en charge nos aînés comme il se doit. Du coup il y a une énorme surcharge de travail : on nous demande de les faire manger en très peu de temps, de les coucher très rapidement aussi, de les laver le plus vite possible... et encore, ils n’ont droit qu’à une douche par semaine, et il arrive même parfois que ce ne soit que tous les 15 jours, car il y a beaucoup d’arrêts de travail dus à la fatigue au sein de l’équipe soignante. Et quand on est moins de personnels, on est obligées de prendre la charge de travail de ceux et celles qui sont absentes, donc ça nous en rajoute encore plus puisqu’on est pas remplacées. C’est donc une surcharge de travail qui ne fait que s’aggraver.

Une journée type commence à 7h. À 11h30, on doit avoir fini tout un étage, c’est-à-dire entre 8 et 9 résidents. Il faut avoir fait les toilettes, les douches pour celles et ceux dont c’est le jour, la réfection des lits, le ménage... La surcharge est tellement importante que les soins qu’on devrait pouvoir apporter à côté, même des petites choses que des résidents nous demandent et qui peuvent paraître banales, il y a des fois où on n’a pas le temps de le faire. Donc il y a une souffrance psychologique pour nous en tant que soignantes, on ne peut pas aller jusqu’au bout de nos soins. On veut être dans la bienveillance mais on est plutôt, entre guillemets, dans de la maltraitance parce qu’on ne peut pas apporter tout ce qu’on a envie de leur donner. On ne veut plus de ça ! On est épuisées physiquement et moralement. Quand vous rentrez chez vous et que vous considérez que vous n’avez pas fini votre travail ou que vous n’avez pas pu le faire correctement, c’est un poids énorme sur vos épaules. Donc il y a une fatigue qui s’installe, des burn-out qui finissent par arriver, un épuisement total : on ne veut plus de ça !

Actuellement, on travaille, mais on sera amenées à devenir des personnes âgées à notre tour, et on a des enfants qui finiront par devenir âgés. Dans quelles conditions est-ce que nous allons vieillir et dans quelles conditions est-ce qu’on va faire vieillir nos enfants ?

Quelles sont vos revendications pour changer les choses ?

Il y a pas assez de moyens. Nous, ce qu’on demande, c’est tout simplement plus de moyens pour la santé. On veut pouvoir travailler correctement, pouvoir faire les soins : ce serait une satisfaction énorme, autant pour nos résidents que pour nous. Il faut donc du personnel en plus.

Nous, nous souffrons, mais pour nos anciens, qui ont travaillé toute leur vie, c’est vraiment indigne... On demande aux jeunes de respecter les anciens ; mais quand on voit les conditions dans lesquelles ils sont en maison de retraite, c’est pas du respect, c’est pas respecter les anciens.

Un EHPAD c’est normalement un lieu de vie, et il y a des moments, où non, ce n’est plus un lieu de vie. Parce qu’on leur demande de se lever rapidement le matin, on leur dit des fois « dépêchez-vous de manger », etc. Nous, on est toujours pressées du fait des rythmes qu’on nous impose, et eux à leur âge ils n’ont pas la même cadence que nous avons, forcément, ils sont beaucoup plus lents.

Est ce que vous avez des retours des usagers sur cette journée ? Est ce qu’ils sont au courant ?

Est ce qu’ils se positionnent ?

Les familles sont conscientes de nos conditions de travail. Elles nous voient épuisées, elles nous voient faire les choses. Parfois, on a aussi des familles qui nous parlent, qui nous disent « Merci pour tout ce que vous faites », mais nous, on n’est pas satisfaites de notre travail.

Depuis combien de temps est-ce que vous êtes mobilisées sur vos revendications dans les EHPAD ?

Entre nous, ça fait très très longtemps qu’on en parle. Aujourd’hui il y a une grève alors on est là. On essaiera d’y être s’il y en a d’autres, parce qu’à mon avis il n’en faudra pas qu’une. On va suivre le mouvement, oui, si on peut, on le fera, on y sera.

Avec les autres travailleurs ?

Aussi, bien sur ! Ce serait bien qu’on soit plus nombreux. Car il y a un moment, il va falloir que tout le monde soit dans la rue pour défendre le service public en général. Il y a besoin d’un service public fort, avec entre autres l’hôpital, les EHPAD, tout le monde !

Il aurait fallu qu’aujourd’hui les travailleurs et travailleuses de l’hôpital nous soutiennent, ça aurait été bien car y aurait eu plus de monde. Mais ça va venir, on ne désespère pas ! Il faut construire dans ce sens.

Crédit photo : Le Maine Libre

 
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