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La Izquierda Diario
15 de février de 2018 Twitter Faceboock

Le MEDEF droit dans ses bottes
UNEDIC. Ce que cache le bluff de Pierre Gattaz sur les « contrats courts »
Jean-Michel Larhot

« Les contrats courts » : le nouvel élément de com’ de la novlangue de Maron et Gattaz pour parler de la précarité imposée, des contrats les plus précaires dont le nombre a triplé en vingt ans. Après plusieurs semaines de discussions entre le patronat et les syndicats, les négociations semblent être dans l’impasse, achoppant, sur la limitation, ou non, des « contrats courts ». En l’absence d’accord, c’est le gouvernement qui tranchera, et le chef du Medef se frotte déjà les mains.

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C’est jeudi que se tenait la dernière journée de négociations entre les syndicats et le patronat concernant l’assurance chômage. Le dernier point de la réforme voulue par le gouvernement sur lequel les organisations des travailleurs et du patronat doivent s’accorder concerne les « contrats courts ». Mais ces négociations ont lieu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : si elles n’aboutissent pas, c’est le gouvernement qui imposera son plan, attaquant de fait la gestion paritaire de l’UNEDIC.

Le terme même de « contrats courts » peut prêter à confusion. Il s’agit des CDD les plus courts et les plus précaires. En effet, les travailleur.se.s sous ce régime alternent des périodes de chômage et des périodes de travailles courtes créant une insécurité financière constante. De plus, l’alternance fréquente entre des périodes de chômage plus longues que les périodes d’emplois créent un écart important entre les cotisations perçues par l’assurance chômage et les droits versées.

Pour arriver à limiter le recours à ce type de contrat, les syndicats ont fait plusieurs propositions impliquant, entre autres, d’augmenter les cotisations patronales pour les entreprises qui ont recours à ce type de contrats et/ou de réduire celles des entreprises y aillant moins recours. Ce système de bonus/malus est aussi celui proposé par le gouvernement. Le patronat quant à lui est sur une ligne dure, refusant ce type d’accords.

Le manque d’ambition des syndicats dans ces négociations marque déjà une défaite pour le travailleur précaire. Plutôt que de lutter contre la précarité en demandant l’interdiction pure et simple des contrats les plus courts, du racket à l’intérim et des CDD s’enchaînant les uns après les autres, ils ne proposent que des mesures palliatives d’encadrement. Même la position de la CGT (« malus sans bonus ») ne cherche qu’à limiter la précarité en augmentant son coût.

De son côté, le patronat joue la montre. En effet, la seule concession faite par le MEDEF et les autres organisations patronales a été d’étendre les négociations à l’ensemble des branches professionnelles et contrairement au quatre branches qui étaient initialement concernées. Il faut rappeler que la gestion paritaire de l’UNEDIC a toujours était vue par le MEDEF comme une perte de temps et un obstacle. Pour le patronat, même s’il est défavorable au système de « bonus/malus » proposé par le gouvernement, un échec des négociations et la prise de décision par l’exécutif serait vu comme une victoire. En effet, une nouvelle gouvernance de l’assurance chômage piloté directement par l’exécutif, voilà la solution pour Gattaz. Les représentants du MEDEF s’épargneraient les négociations avec les syndicats et n’auraient qu’à influer sur le gouvernement.

Même si un accord était trouvé autour d’un système de bonus/malus, le dialogue social n’aura pas apporté de solution pour sortir les travailleurs concernés par les contrats courts de leur précarité. Et à ce régime-là, avec des syndicats qui ne veulent qu’accompagner, ou au « mieux » encadrer la précarité, il n’y aura que le gouvernement et le patronat à avoir le dernier mot.

 
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