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4 de mai de 2015 Twitter Faceboock

Automobile
Menaces sur l’emploi à Mahle Behr France-Rouffach (Alsace). Entretien avec F. Kuenemann (CFDT)

En juillet 2013, l’équipementier automobile allemand Mahle Behr France avait imposé par référendum, pour une durée de deux ans, un accord de maintien de l’emploi ou « accord de compétitivité ». Le but affiché par la direction était « d’éviter un plan de licenciements » et d’investir sur l’usine de Rouffach, afin que le site regagne en compétitivité. En échange du maintien de l’emploi promis, les travailleurs, ont dû sacrifier cinq jours de RTT et subir le blocage de salaires. Mais après ce chantage imposé par la direction, les travailleurs viennent de prendre une douche froide : pas de projets sur le site dans les trois ans qui ont suivi, bien entendu, mais, surtout, le groupe a décidé de délocaliser la production des climatisations sur un site en Tchéquie, alors que c’est l’un des cœurs de métier pour l’usine de Rouffach, qui produit également des systèmes de chauffage pour l’automobile. Sur les 900 postes de travail, 350 à 400 emplois seraient menacés.

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Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Entretien-Menaces-sur-l-emploi-a

A y voir de plus près, le groupe Mahle n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne la casse de l’emploi. Les premières victimes ont été les salariés de Mahle Piston, à Colmar, avec la fermeture du site de Production d’Ingersheim et le licenciement de 264 travailleurs en mars 2014. A ce moment-là, déjà, la direction a eu recours à la méthode bien huilée des plans successifs de réduction d’effectifs, pour vider le site progressivement. Le site de Colmar employait, à l’époque, près de 600 travailleurs, et produisait jusqu’à 6,5 millions de pistons par an contre moins de 2 millions aujourd’hui. L’argument de la direction est toujours le même : le coût du travail est toujours « trop élevé » en France comparé aux coûts du travail plus attractifs en Pologne.

Et pourtant, le groupe Mahle et sa filiale Behr France se portent très bien. En 2014, les unités ex-Behr dans le groupe Mahle ont généré un résultat net deux fois plus important que prévu, soit 156 millions d’euros contre les 83 millions d’euros initialement attendus, et ce sur la base d’un chiffre d’affaires de 3,142 milliards d’euros. Alors que les bénéfices de la direction vont au-delà de ses espérances, le discours tenu aux travailleurs des différents sites est sensiblement différent : tout va mal. Ces supercheries patronales servent à justifier les attaques en cours et à venir, et ce avec l’aval du gouvernement Hollande et de ses lois au service du Medef. Mais le chantage patronal ne peut tromper éternellement les travailleurs.

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Comment ont réagi les salariés de l’usine suite aux annonces par la direction de suppressions d’emplois pour Mahle Behr France ?

Les salariés dans l’usine se sentent trahis. Alors que la direction nous avait déjà imposé un accord de compétitivité, avec son lot de sacrifices en termes de salaire et de RTT, voilà que maintenant nous ne serions toujours pas assez compétitifs et qu’il faudrait encore baisser les effectifs. C’est un véritable massacre de l’emploi que vient d’annoncer le groupe Mahle aux salariés de Rouffach. D’ailleurs, tous les syndicats se sont opposés à cette restructuration, puisqu’il n’y a aucun projet pour Mahle Behr France et que les salariés ont toujours à l’esprit la fermeture de Mahle Piston. Oui, il y a une vraie colère qui s’exprime.

Vous allez mobiliser contre la casse des emplois et des postes de travail ?

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Oui bien sûr, puisqu’en réalité, nous ne savons toujours pas à quelle sauce ils veulent nous manger. En attendant, le plan d’action de la direction de Mahle Behr France n’est pas encore finalisé. Les détails du plan seront fixés en juillet 2015 : nous avons donc trois mois pour alerter et nous organiser contre le projet de la direction.

Pour donner le détail de la situation dans la boite, alors que le site compte 900 salariés aujourd’hui, nous étions 1025 avant l’accord de compétitivité. Aujourd’hui, avec l’annonce du plan de suppressions d’emploi qui touchera plusieurs centaines de postes, ce sont aussi près de 120 intérimaires qui vont perdre leur travail. Ce serait une saignée sans précédent.

Si les suppressions d’emplois se confirment, y a-t-il un risque de fermeture du site ?

Si nous prenons le montage, qui est le centre de notre activité, la production future des climatisations se fera en Tchéquie, décision qui a déjà été entérinée par le groupe. Si à cela on rajoute le secteur de l’injection et de l’expédition, au total cela pourrait provoquer de 350 à 400 suppressions de postes, ce qui est énorme pour un site comme le nôtre. Au final, on ne ferait que des pièces secondaires et des radiateurs. La direction n’investira plus et fera tourner les chaînes qui sont en fin de vie.

Vu qu’il n’y a rien dans les projets pour le site de Rouffach, le site pourrait même être sur le point de fermer ses portes s’il n’y pas de réaction importante des travailleurs dans les années qui viennent. D’ailleurs, le directeur du groupe Mahle Behr France nous a bien dit qu’ils ont perdu deux gros clients, en l’occurrence PSA et Mercedes. Il n’y a pas de perspective à l’horizon et nous sommes en train de jouer nos vies.

Qu’est-ce qui, selon toi, pourrait mettre un frein à ce tsunami de destruction d’emplois dans la région ?

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Aujourd’hui, il faudrait la convergence de toutes les usines qui subissent les suppressions d’emplois, avec PSA en tout premier lieu, car il s’agit d’un des donneurs d’ordres dans la région. PSA est d’ailleurs en train de fermer une ligne de montage sur son site de Mulhouse. Il faudrait aussi converger avec les autres équipementiers de l’automobile puisque l’attaque est générale et pas seulement contre Mahle Behr France.

Il faut vraiment se poser la question de combattre ensemble pour être plus forts face aux patrons et au gouvernement. Il faudrait agir comme si nous étions une structure qui aurait pour mission de mettre en relation et d’organiser l’ensemble des travailleurs et leurs familles, qui pourraient se retrouver sans emplois ni moyens pour vivre alors que tous les groupes font des milliards. Cela pourrait commencer en s’organisant avec tous les syndicats, de toutes les centrales, pour un front unique ouvrier contre les licenciements et les fermetures d’usines dans tout le bassin d’emploi.

Propos recueillis par Vincent Duse{{}}

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02/05/15

 
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