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La Izquierda Diario
5 de mars de 2018 Twitter Faceboock

+ 25% de taxes pour l’acier
Trump lance la guerre commerciale sur l’acier et l’aluminium et menace ses partenaires de l’ALENA
Georges Camac

Le président américain a annoncé la semaine dernière qu’il comptait imposer des droits de douane de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium. Un coup de pression dans une stratégie de guerre commerciale dont les contours se définissent peu à peu.

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« Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner pour les États Unis » : la décision de relever les taxes d’importation sur l’acier et l’aluminium a été annoncée en grande pompe par Donald Trump. Immédiatement, les principales puissances occidentales ont réagi à l’annonce. Theresa May a fait part de sa « profonde préoccupation ». Jean Claude Junker a même monté davantage le ton : « Nous ne resterons pas les bras croisés lorsque l’industrie et les emplois européens seront menacés », prévenant que « l’Europe a besoin d’une politique commerciale capable de se défendre : nous ne serons pas naïfs ». Dans un premier temps, la plupart des « experts » économiques ont critiqué une politique « protectionniste » qui ne pouvait que mener les Etats-Unis à leur perte, qu’il ne s’agirait que d’un nouvel excès du président des Etats-Unis. Mais c’est un peu plus compliqué.

D’abord parce que les mesures prises à Trump correspondent à un problème pour l’économie capitaliste américaine. En dix ans, la production d’acier américaine a fortement baissé, pour passer de 100 millions à 82 millions de tonnes pendant que les importations explosaient : elles représentent 30 millions de tonnes pour une valeur de 24 milliards de dollars annuels, ce qui en fait le plus gros importateur mondial. Il s’agit donc pour Trump de protéger l’industrie des métaux américaine d’une menace réelle et de commencer à rétablir une balance commerciale des Etats-Unis très déficitaire.

D’autre part, ce n’est pas la première fois que des mesures « protectionnistes » sont prises, aux Etats-Unis ou ailleurs. Georges Bush avait déjà lancé une offensive similaire sur l’acier en 2002, même si la relevée des taux était beaucoup moins sévère que ceux promis par Trump et bénéficiait d’un certain nombre d’exceptions, ou encore les taxes sur les pneus imposés par Obama en 2009, qui avait été qualifié de « guerre du pneu » à l’époque. Enfin, sur un autre terrain, en Allemagne, le gouvernement avait pris des mesures protectionnistes en mettant des bâtons dans les roues d’investisseurs chinois. Les rivalités commerciales entre les états impérialistes ne datent pas d’hier, elles ont cependant été accentuées depuis la crise économique de 2008 et sont aujourd’hui ravivées par le léger regain de croissance actuelle de l’économie mondiale sur laquelle chacun veut capitaliser au maximum en ayant conscience que celle-ci ne sera que conjoncturelle.

Enfin, les annonces de Trump sont aussi à l’image de sa méthode depuis le début de son mandat : faire monter la pression pour arriver en force lors des négociations. Une stratégie qui apparait désormais clairement puisque si la Maison Blanche avait annoncé ne pas vouloir faire d’exception aux taxes sur les métaux, Trump a finalement annoncé lundi soir vouloir négocier la levée de ces taxes avec le Mexique et le Canada si les trois pays tombaient d’accord dans le cadre de la renégociation du traité de l’ALENA. Cette renégociation a été imposée il y a quelques mois par Trump et celui-ci a depuis plusieurs fois menacé de se retirer de l’accord commercial tripartite. Laisser la porte ouverte à ces exceptions est donc aussi une manière de donner le signal aux autres portes que cette possibilité est sur la table.

Plus qu’un changement radical, il s’agit donc de la continuité de la méthode Trump : montrer les muscles pour imposer des accords, quitte à agir de manière plus unilatérale. Ce positionnement permet à Trump en interne, dans un contexte où il a été discrédité par de nombreuses affaires, notamment l’implication des services secrets russes dans la campagne présidentielle américaine, de continuer à faire vivre son slogan : « America First ». Mais cette stratégie comporte des risques pour le président américain. D’une part, certains secteurs de l’industrie capitaliste sont déjà montés au créneau contre des réformes qui pourraient les pénaliser, notamment les constructeurs automobiles américains, et il va falloir que Trump leur apporte une réponse. D’autre part, le scénario d’une escalade dans la guerre commerciale de la part d’autres pays n’est pas à exclure. Et pourrait vite faire comprendre au président américain qu’elles ne sont pas toujours si « bonnes » et si « faciles » à gagner. Ce qu’expriment ces escarmouches, derrière les joutes verbales de Trump, c’est en réalité bien la crise de l’hégémonie américaine sur une économie capitaliste décadente et instable.

 
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