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La Izquierda Diario
28 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Maintenir les grèves : une « responsabilité criminelle ». De qui se moque-t-on ?
Le terrorisme, alibi d’En Marche pour « suspendre immédiatement » la grève des cheminots !

Dans une « lettre ouverte aux syndicalistes français », Jean-Pierre Pont, député LREM du Nord-Pas-de-Calais, « exhorte vivement » les syndicats à « suspendre immédiatement [leurs] projets de grèves à répétition, en particulier à la SNCF ». En cause ? Suite à l’attentat de Trèbes, la France est en situation de « guerre sournoise », et les syndicats auraient, « en cas d’attentats dans les transports, une responsabilité criminelle en maintenant leurs mouvements ».

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Cheminots privilégiés aux salaires délirants, gros encarts publicitaires de propagande anti-cheminots l’Express, le Figaro, ou Le Point… On pensait avoir tout vu du côté du pouvoir et de ses sbires pour tuer dans l’œuf la contestation des travailleurs du rail qui a vu 20 000 d’entre eux marcher sur Paris le 22 mars, et prouver par là même toute leur détermination. Que nenni ! Les cheminots, via leurs syndicats pourraient désormais être « responsables », d’attentats dans les transports, s’ils poursuivent leur mouvement de grève.

C’est en tout cas ce qu’affirme Jean-Pierre Pont, député LREM de la 5ème circonscription du Nord-Pas-de-Calais. Ce dernier a adressé une « lettre ouverte aux syndicalistes français » (voir ci-dessous) dans laquelle il reproche à peu près tous les maux aux méchants grévistes. Alors que ceux-ci se battent pour leurs emplois, leurs rémunérations, leurs conditions de travail et de vie, leur mouvement risque « de compromettre le redressement du pays ».

Le député sort sa boule cristal. « Au moment où après des années de recul, l’économie française manifeste des signes sérieux de reprise, quelques-uns de vos syndicats lancent, en particulier à la SNCF pendant trois mois, une campagne de grèves perlées qui vont à nouveau compromettre le redressement du pays. »

Entendez un redressement qui permettrait aux milliardaires du CAC 40 d’envoyer un peu plus de leur pactole dans les paradis fiscaux, pendant que le taux de personnes sous le seuil de pauvreté explose.

En quoi la grève des cheminots pourrait « revêtir » une quelconque « responsabilité » pour un hypothétique attentat dans un train ? « Les jours de grève, dans les rares trains bondés qui circulent, les salariés se rendant à leur travail et les voyageurs risquent malheureusement de constituer des cibles idéales pour les terroristes islamistes », argue le député LREM. Soit Jean-Pierre Pont fait preuve d’une mauvaise foi incroyable, soit, et c’est tout aussi probable, ce médecin de métier n’a jamais mis les pieds dans la vie réelle, c’est-à-dire dans les TER, et autres RER, bus ou métros, si souvent bondés.

« Vos syndicats engagés entre autres dans les trois mois de grève annoncés à la SNCF et tout particulièrement la CGT prendraient, en cas d’attentats dans les transports, une responsabilité dangereuse – voire criminelle – en maintenant leurs mouvements. Je vous exhorte donc vivement, dans ces circonstances exceptionnelles et compte tenu des risques encourus par la population, à faire preuve de civisme et de sens national en décidant immédiatement de surseoir à tout mouvement de grève. », conclue-t-il, sans le moindre état d’âme. Dans de telles circonstances, le « sens national » n’incite-t-il pas d’avantage à la retenue plutôt qu’à lancer un pavé dans marre déjà bien remplie de la polémique ?

« Continuer à vivre, pour nous, c’est faire valoir notre droit de grève »

La lettre du député n’est évidemment pas passée inaperçue, et, les réactions de « colère » des syndicalistes ne se sont pas fait attendre. Pour David Gobé, secrétaire adjoint de la CGT cheminots Boulogne, « Jean-Pierre Pont considère qu’on est en guerre, alors il faudrait arrêter le droit de grève et garder le droit de réformer ? Ce sont les mêmes qui nous disaient : « il faut continuer à vivre normalement dans un contexte d’attaque terroriste. » Continuer à vivre, pour nous, c’est faire valoir notre droit de grève. »

Benjamin Cattiau, cheminot et syndicaliste FO a envoyé une lettre ouverte au député. « Il est honteux qu’un élu de la République se serve d’un événement dramatique pour fustiger des citoyens qui exercent leur droit républicain et légitime de défense des acquis sociaux et des services publics par la grève ». Reprenant point par point la lettre du député godillot, sur le même ton, il conclue : « je vous exhorte vivement, dans ces circonstances exceptionnelles et compte tenu des risques encourus par nos concitoyens face à votre politique libérale, à prendre vos responsabilités en désavouant le chef de l’Etat et son gouvernement. Il est de votre devoir de mettre fin sans délai à la casse des services publics et de demander le retrait du projet de réformes de la SNCF. »

La réelle solution pour rassurer Jean-Pierre Pont ? Un blocage total du pays, puisque de fait, tous les transports en commun seraient à l’arrêt, vidés de leurs usagers.

 
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