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La Izquierda Diario
5 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Parler d’argent sale dérange
Lanceur d’alerte : Hervé Falciani, ancien d’HSBC, arrêté par la police espagnole.
Barbara Reiner

Le lanceur d’alerte, Hervé Falciani, connu pour avoir recensé plus de 130 000 cas d’évasion fiscale émanant de la banque suisse HSBC, a été arrêté alors qu’il se rendait à une conférence dans Madrid.

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Du nouveau dans l’affaire Falciani qui avait débuté en 2008 après que l’homme, ayant donné son nom au dossier, ait démasqué le système de la banque HSBC pour laquelle il travaillait à l’époque en tant qu’informaticien. Plusieurs failles permettaient l’évitement fiscal de plusieurs clients de la banque et la fraude était d’ailleurs encouragée par la banque elle même. 130 000 comptes appartenant à 79 000 clients sont concernés.

Rien de nouveau donc, Falciani a révélé ce que les grands patrons ont bien du mal à nous cacher et qui fait la une de tous les journaux au moins une fois tous les six mois. Malgré le fait que ce soit un secret de polichinelle, les capitalistes n’aiment généralement pas être mis à nu. C’est donc là le cœur de l’affaire.

Depuis la sortie médiatique de ce qu’on appelle les SwissLeaks (les fuites suisses), Falciani s’est réfugié pendant un temps en France, où les données collectées par l’ex-informaticien vont faire l’objet d’une demande de restitution par la Suisse, créant un litige entre les deux pays et l’ouverture d’une enquête par le parquet de Nice concernant les différents comptes accusés de fraude. En ce qui concerne la France, 3 milliards d’euros auraient été détournés.

Rancunière, la Suisse a tenté à plusieurs reprises de faire revenir Falciani sur son sol afin de l’emprisonner pour « espionnage économique ». C’est en tout cas le motif du mandat d’arrêt émis en Juillet 2012, celui pour lequel il sera arrêté. En 2013, le haut tribunal espagnol le relâchera estimant ne pas avoir à protéger les infractions pénales et à punir ceux qui, observant des délits, les dénoncent et se mettent à disposition des tribunaux.

Alors quand la justice helvète, 5 ans après, renvoie un mandat d’arrestation contre Falciani, et que le gouvernement espagnol, par le biais des Mossos, obéit, quelque chose cloche. Il y a un problème de rythme.

On peut légitimement se demander si l’état espagnol ne se servirait pas de cette arrestation comme levier enclenchant l’extradition des deux députées catalanes, Marta Rovira et Anna Gabriel, qui se sont réfugiées en suisse après avoir été accusées de rébellion et de sédition fin 2017. C’est en tout cas ce que craint Simona Lévi, une porte-parole d’un groupe anti-corruption du nom de Xnet.

La justice espagnole à deux vitesses, qui se dorait de partialité lors du premier procès de Falciani, change maintenant son fusil d’épaule pour faire jouer les intérêts du gouvernement espagnol qui compte bien faire rentrer les brebis galeuses dans ses rangs. Comme un échange de bons procédés, il n’est pas impossible de voir un accord passé entre les deux bourgeoisies qui ont toutes les deux des intérêts communs à faire taire les symboles de leurs tracas, le lanceur d’alerte monégasque d’un côté et les députées catalanes de l’autre.

La France, de son côté, fait elle aussi de son mieux pour protéger les grandes entreprises de « l’espionnage économique » dont est accusé Falciani. La loi du secret des affaires a été validée par l’Assemblée Nationale le 28 mars dernier, permettant aux patrons de toutes trempes de poursuivre en justice les cas « d’obtention, d’utilisation et de divulgation du secret des affaires ». Renforçant donc, dans la législation, l’impunité des fraudeurs fiscaux qui n’ont plus de compte à rendre et pourront attaquer sans vergogne les futurs lanceurs d’alertes.

 
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