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La Izquierda Diario
10 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Macron convainc-il encore ?
Deux entretiens en quatre jours, Macron lance sa contre-offensive médiatique
Boris Lefebvre

Presque un an après son élection, Emmanuel Macron se trouve dans une posture délicate qui le pousse à devoir redonner de la crédibilité à sa présidence jupitérienne. Entre les premiers effets ressentis des cadeaux fiscaux qu’il a fait aux riches et le montée de la grogne à la SNCF, dans les Ephad et dans les facs, Macron est en perte de légitimité dans de larges secteurs de la population. En s’invitant jeudi et dimanche à des heures de grande écoute, le président des riches espère retrouver un semblant d’assise populaire, quitte à contrevenir à au jeu de la « parole rare » auquel il se prêtait jusque là.

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Coup sur coup, Macron sera sur les écrans de télévisions pour s’adresser directement à la population. La perte de popularité du président auprès des catégories populaires (moins de 30% d’opinion favorable) allié au fait que désormais la majorité des français estime que LREM est de droite montrent les premières fissures du quinquennat du président des riches. Ne pouvant garder le silence plus longtemps, le chef de l’Etat est contraint d’avancer son retour devant les caméras à cette semaine au lieu d’attendre la date anniversaire du 14 mai 2018 pour les un an de son élection. C’est donc à une opération séduction que le président va se livrer lors de deux entretiens ciblés : le jeudi pendant le journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 et devant Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel de Mediapart sur BFM le dimanche.

Le 13h de Jean-Pierre Pernaut : un appel à la France rurale et aux retraités

Le leader de la start-up nation n’était pas vraiment le candidat favoris des zones rurales et laissées pour compte de la mondialisation. Sa cote de popularité est en chute libre dans ces régions puisqu’en un an, il est passé de 45% à 35% d’opinion favorable chez les habitants des communes rurales et de 42% à 30% dans les villes de 2000 à 20 000 habitants. Une dégringolade qui se double d’un net reflux chez les retraités avec une baisse de 18 points d’opinion favorable qui le ramène à 41% de soutiens.

Les raisons de ce discrédit important et significatif viennent de la mise en place des premières mesures du président des riches. Alors qu’il supprimait l’ISF, les retraités ont durement ressenti l’augmentation de la CSG qui touche directement des retraites souvent insuffisantes. La mobilisation massive des retraités le jeudi 15 mars a montré l’ampleur de la grogne chez ces derniers. En outre, la réforme des retraites, que le gouvernement voudrait faire passer par ordonnance pourrait constituer un autre point de tension entre le gouvernement et cette catégorie de la population qui se mobilise fortement lors des élections intermédiaires. Enfin, la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires a aussi pu être ressenti comme une attaque contre les zones rurales.

Macron va donc s’adresser à cette France périphérique et retraitée jeudi lors du journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut. Connu pour être un promoteur de la France rurale, l’entretien d’une heure au journal de TF1 est un signal évident que Macron veut reconquérir ceux qui ont été parmi les premières victimes de son mandat. C’est donc en allant directement à leur rencontre qu’il va tenter de redorer son blason. Pour cette France sensible « à la thématique de l’Ordre », comme le souligne David Desgouilles au Figaro, Macron pourra jouer sur le registre autoritaire en mettant en avant l’évacuation militaire de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes et sa détermination à ne pas céder à la grèves de cheminots et « conjurer le fameux Mai 68 qu’on lui promet ».

Bourdin et Plenel : un duel au-dessus de la mêlée

Le président s’invite également le dimanche soir pour un rendez-vous plus musclé, loin des coup de brosse à reluire de Laurent Delahousse sur France 2. En face à face avec deux journalistes réputés pour leur peu de complaisance avec leurs invités, Macron entend montrer qu’il a toute confiance dans sa capacité à gouverner même contre plusieurs adversaires. En ce sens, Bourdin sera le porte-parole des usagers que la grève dérange alors que Plenel incarnera le camp de la lutte sociale qui monte depuis des mois et qui s’intensifie depuis que les cheminots sont entrés en grève.

En choisissant BFM et RMC pour donner cet entretien de deux heures et deux journalistes très différents, Macron souhaite appliquer le « en même temps » qui lui est cher afin d’apparaître en homme de l’ordre au-dessus de la mêlée. Celui qui se prétend « ni de droite ni de gauche » a toutefois privilégié la chaîne d’information en continu au format du live de Mediapart pour chasser auprès des mécontents de la grève.

Cette descente dans l’arène médiatique pour celui qui entendait cultiver une « saine distance » avec les journalistes montre, comme le souligne Eric Le Boucher du journal Les Echos, que si le président « mène ses réformes à grand train, [il] peine à inscrire sa "Révolution" dans les têtes ». Les réformes de Macron apparaissent en effet de plus en plus pour ce qu’elles sont, une mise au pas néo-libérale du marché du travail et du secteur public au service des riches et dont la majorité de la population ne peut que souffrir.

 
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