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11 de avril de 2018 Twitter Faceboock

10 octobre, 22 mars et … 22 mai !
Journée de mobilisation le 22 mai dans la Fonction Publique. Mais à quoi jouent les syndicats ?
Yano Lesage

A l’image d’autres secteurs en ce moment, la grogne est bien palpable dans la fonction publique. A la colère latente concernant la dégradation des conditions de travail, s’ajoute la réforme de la fonction publique, en cours de « concertations », mais dont les principaux points – rémunération au mérite, suppression de 120 000 postes, précarisation, notamment – ont déjà été fixés par Gérald Darmanin, ministre des comptes publics. Et s’il est vrai que la deuxième journée nationale de mobilisation du 22 mars a été un succès, et que le climat social est propice à faire pression sur le gouvernement, pourquoi attendre le 22 mai pour remettre le couvert ?

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Un plan « Action Publique 2022 » vivement contesté

Le 1er février dernier, le gouvernement, par la voix de Gérald Darmanin, ministre des Comptes Publics et du chef de l’exécutif, Edouard Philippe, lançait le « big bang » de la fonction publique en annonçant un plan de « départs volontaires ». Une sorte de préambule au projet de loi de la réforme de la Fonction Publique, intitulé « plan d’Action Publique 2022 », qui annonçait d’ores et déjà la couleur. Pour dire si l’esprit était à la « concertation »...

Depuis le mois de mars, les organisations syndicales de la Fonction Publique « discutent » avec le gouvernement. Et toutes se disent très inquiètes. Premièrement par son contenu. Le « plan d’Action Publique 2022 » prévoit ni plus ni moins que la casse du statut de fonctionnaires en permettant de recourir à des licenciements ; et puis, il y a la question de la rémunération que le gouvernement souhaite au « mérite » tandis que le point d’indice est gelé depuis près de 10 ans, celle du recours accru aux contractuels, ou encore la fusion de certaines instances de représentation du personnel, à l’instar de ce qui a été fait avec la loi travail 2 dans le secteur privé. Comme le soulignait Christian Grolier, secrétaire général FO- Fonction publique lors d’une conférence de presse tenue le 16 mars, il s’agit ni plus ni moins de « l’attaque la plus forte […] contre le statut général », des propos repris par Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, qui insistait sur « les conséquences très lourdes » que pouvait avoir cette réforme.

Les organisations s’inquiètent également de la tournure que prennent ces « concertations » qui n’en ont que le nom face à un Macron décidé à frapper vite et fort. Lundi 9 avril, les syndicats de fonctionnaires sont ressortis « dépités ». Sans surprise – la méthode avait été utilisée lors des « négociations » sur la loi travail 2 à l’été 2017 et l’est au même moment avec les organisations syndicales de la SNCF -, la « concertation » avec le gouvernement ressemble surtout à un « monologue de sourd », selon les termes employés par la représentante de la FSU.

Un plan de mobilisation à contre-temps

Mais la colère ne se limite évidemment pas aux directions syndicales. Le 10 octobre dernier, à l’appel des neuf organisations syndicales de la Fonction Publique, la mobilisation nationale avait été un succès, tout comme celle appelée par l’intersyndicale (hormis la CFDT Fonction publique et l’Unsa, cette fois), le 22 mars dernier, avec plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues et en grève. La grogne était particulièrement vive dans la fonction publique hospitalière et chez les enseignants, avec des cortèges garnis et fleuris par des banderoles des différents établissements. Élément non négligeable, la date de mobilisation de la Fonction Publique avait été reprise par les cheminots, en préambule du mouvement de grève qui devait s’ouvrir début avril, contre le pacte ferroviaire.

Mais depuis le succès du 22 mars, les directions syndicales de la fonction publique temporisent. Plusieurs rencontres intersyndicales ont déjà eu lieu, mais c’est la date du 22 mai, dans plus d’un mois et à peine quelques semaines avant les vacances d’été qu’elles ont finalement choisi pour mobiliser les salariés. Ou plutôt démobiliser...

Fonction publique -SNCF – étudiants : une convergence à construire

Cette stratégie est tirée en particulier par la FSU. Bernadette Groison, sa secrétaire générale, s’inquiétait le 22 mars que la mobilisation conjointe des cheminots et des fonctionnaires n’étouffe les revendications des salariés du public, et plaidait en faveur d’un parcours de manifestation séparé. Ne lui en déplaise, Macron et Philippe ne l’ont pas plus entendu. Et pour parfaire cette « dispersion des luttes », le Snes, premier syndicat des enseignants du secondaire, dont les taux de grévistes ont largement dépassé ceux du reste de la fonction publique le 22 mars dernier, a de son côté appelé à deux dates de mobilisations... pendant les vacances de printemps, le 19 avril et le 3 mai !

Or, c’est maintenant que la fenêtre de tir social est ouverte, par la lutte conjointe à la SNCF et dans les universités, notamment. Et c’est aujourd’hui qu’il faut frapper tous ensemble pour avoir la possibilité de gagner, non seulement dans la défense du service public et de l’existant, mais également sur des revendications offensives pour l’améliorer. Il faut bien entendu, s’emparer de toutes ces dates, mais également pousser, à la base, dans les hôpitaux, dans les lycées, collèges, écoles dans la fonction publique territoriale, à s’organiser pour se mettre en grève contre cette réforme inique. Cela, alors qu’à 50 ans de mai 1968, l’alignement des astres paraît, enfin, en notre faveur.

 
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