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La Izquierda Diario
13 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Quand il s’agit de casser une grève...
SNCF : des "réservistes" pour conduire des trains au mépris de la sécurité des usagers
Joël Malo

Imbattable pour ce qui est de tenter de briser des grèves, la direction de la SNCF appelle les cadres à remplacer les conducteurs. Face à des cheminots qui se battent pour conserver et améliorer le service public, la direction est prête à mettre en jeu la sécurité des usagers.

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Après ces trois double-journées de grève très suivies, et particulièrement chez le personnel roulant (conducteurs, contrôleurs), la direction de la SNCF passe à l’offensive. En plus de la pression et des manipulations sur les travailleurs et travailleuses de manière à ce qu’ils ne posent pas leurs déclaration individuelle d’intention (DII) de grève dans le respect des règles et ne puissent arrêter le travail, la direction déploie désormais son armée de réserve. Pour casser la grève, la direction pousse des cadres (des chefs d’équipe d’agents de conduite) à se mettre derrière les manettes des trains. Affirmant que ces personnes reçoivent une formation continue pour ce poste, la direction veut rassurer les usagers. Pourtant, les mécanos (conducteurs), eux ne sont pas rassurés. En effet, ils doutent de la compétence effective de ces conducteurs réservistes qui n’ont pas l’expérience ou les réflexes qu’ont les travailleurs qui conduisent des trains tout au long de leur carrière.

La direction de la SNCF excelle dans les tentatives de casser les grèves. Lors de la grève des travailleurs du nettoyage du sous-traitant ONET, la SNCF avait envoyé les forces de l’ordre escorter des intérimaires pour nettoyer les gares, quitte à piétiner le droit de grève. La grève est un moyen à la fois pour les travailleurs et pour les patrons de faire une même expérience : seuls les premiers sont essentiels pour faire tourner une entreprise ! Face à cette faiblesse soudaine, le patronat redouble d’efforts pour remplacer les grévistes : sa seule arme ? La mise en concurrence des travailleurs par l’embauche d’intérimaires, ou dans ce cas, par le changement de postes. Le 1er avril la SNCF, qui préparait le terrain, attribuait à ces cadres intermédiaires une prime de 150€, pour les « conducteurs occasionnels ». Une manière de continuer à faire rouler les trains, et de dissuader les cadres d’eux aussi se mettre massivement en grève.

La direction prétexte la volonté de ne pas pénaliser les usagers pour effectuer ces remplacements. Pourtant, c’est bien eux qui seront les premiers impactés suite à la privatisation du rail, à la disparition des petites lignes « non-rentables » et qui le sont déjà par les retards, les accidents qui sont dus à un manque d’investissement et d’embauches important. La direction tente toujours plus de mettre les salariés en concurrence pour rogner sur leur salaire, sur leur temps de repos, quitte à mettre la sécurité des usagers et la pérennité du réseau en danger. Encore une fois, cette nouvelle décision va dans ce sens. Quand les travailleurs, les seuls qui font tourner la SNCF, se mettent en grève, sacrifient des jours de paie pour conserver et entretenir un service public de haute qualité, la direction n’hésite pas à mettre la sécurité des usagers en jeu. Rien de bien surprenant en somme quand on connaît la dégradation volontaire du service liée au sous-investissement qui se traduit à la fois par des équipements vétustes et des salariés toujours plus sous pression : une bonne manière pour la bourgeoisie, qui se frotte les mains à l’idée des investissements futurs dans le rail privatisé, d’affirmer que le service public, ça ne marche pas.

 
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