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La Izquierda Diario
23 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Loi asile et immigration
Macron fait taire la fronde et passe son projet de restriction du droit d’asile
Paul Morao

Ce week-end, la loi Asile-Immigration du gouvernement a été passée à l’assemblée en première lecture après une semaine d’examen. Un passage qui ne s’est pas fait sans un certain nombre de tensions, qui expriment les contradictions de l’exécutif.

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Une attaque de taille contre le droit d’asile

On le savait, le texte proposé par le gouvernement constitue une véritable attaque contre le droit d’asile. Au menu, réduction des délais pour déposer une demande d’asile, allongement de la durée maximale de rétention, réduction du délai de recours à la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile), suppression du caractère suspensif de certains recours qui permettaient par exemple d’annuler provisoirement une décision d’éloignement. Autant de mesures qui visent à limiter drastiquement le droit d’asile, sous couvert de le rendre « effectif ».

Durcissant les conditions de vie des personnes migrantes, le projet de loi avait été unanimement dénoncé par les associations au moment de sa présentation. On se souvient ainsi que la CIMADE pointait un projet « répressif, dont le centre de gravité penche considérablement vers une logique de contrôle, de tri et d’expulsion des personnes migrantes. » En revanche, le projet avait trouvé des alliés surprenants en la personne de M. Salvini, secrétaire du parti italien d’extrême droite de la Lega Norte qui, après les élections italienne, avait expliqué se reconnaître dans la loi portée par le gouvernement

Mardi soir, G. Collomb donnait le ton avec un discours très marqué où il affirmait que de nombreuses régions étaient « submergées par des flux de demandeurs d’asile » et se saisissait d’une métaphore fallacieuse pour appuyer son propos : « Peut-on penser que nous pourrions construire chaque année une ville de taille moyenne pour accueillir ces réfugiés ? ». Des propos semblables aux discours anti-immigration traditionnels de l’extrême-droite.

Les contradictions de la majorité surmontées temporairement

Pour la majorité bigarrée de LREM, le passage de la loi tenait du crash test. En effet, depuis l’ouverture des discussions sur le projet, des voix dissidentes s’étaient faites entendre. En plein début de mouvement social, le gouvernement à la base sociale déjà bien fragile, s’était alors attelé en coulisse à un exercice de pédagogie pour convaincre les députés. Une démarche qui, une semaine avant le vote, n’avait réussi à effacer totalement le spectre d’une fronde qui aurait pu concerner jusqu’à 15 députés.

Dès lors, à la veille du vote de la loi, Richard Ferrand avait menacé les députés d’excommunication : "Abstention, péché véniel, vote contre, péché mortel" avait-il annoncé. Force est de constater que la pression a finalement bien fonctionné. Avec un seul vote contre la loi et 14 abstentions, les 197 députés LREM présents ont largement soutenu le projet. Sans surprise, l’unique frondeur conséquent, Jean-Michel Clément, issu du Parti Socialiste, annonçait ce matin sa décision de quitter LREM, avant de risquer une probable exclusion selon RTL et Le Parisien.

Au total les pseudo-frondeurs n’auront donc fait entendre leur voix que sur certains amendements, 9 « marcheurs » s’opposant au doublement de la durée maximale de la rétention et 8 à la réduction du délai d’appel à la CNDA. Les concessions accordées, telles la « limitation » de l’allongement de la rétention à 90 jours plutôt que 135 ou les exceptions au délit de solidarité, ont semble-t-il, malgré leur caractère extrêmement limité, suffit à faire taire leurs états d’âme.

Pour autant, nombre de commentateurs ont noté qu’avec 58% des députés pour, le texte devenait le plus mal voté depuis le début du mandat de Macron. Avec 99 députés LREM absents, certains, comme le secrétaire du PS Olivier Faure, ont sous-entendu qu’il pourrait s’agir d’une politique de la chaise vide volontaire de la part de députés refusant de « mêler leur nom à ce vote ». Si le faible nombre d’oppositions préserve l’intégrité de la majorité, on peut considérer que ses contradictions sont passées sous silence plutôt que réellement surmontées.

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Une dérive vers la droite de l’échiquier politique

Les discussions sur le texte de loi ont été marquées par une surenchère à droite de la part des députés LR et FN. Si le gouvernement Macron, élu pour faire barrage au FN, a placé depuis le début de son mandat la barre très à droite, les députés LR et FN ont dû se surpasser pour se distinguer de la majorité LREM. Tandis que l’inénarrable Eric Ciotti exigeait un plafond fixé nationalement du nombre d’étrangers accueillis chaque années, Marine Le Pen fustigeait un projet trop conciliant, se saisissant des mesures non-répressives pour accuser le gouvernement d’immigrationisme.

Cependant, si la droite et l’extrême-droite ont convergé dans l’outrance, personne ne doit être dupe de la réalité de l’orientation de ce texte qui, très offensif à droite, confirme une fois de plus le véritable visage de celui qui jouissait d’une aura progressiste lors des élections. En l’absence de mouvement social d’ampleur et après cette demi-victoire, le gouvernement continuera de mener, tambour battant, sa politique d’attaque contre l’ensemble des secteurs exploités et opprimés de la société.

Crédits photo : AFP/GETTY IMAGES

 
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