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3 de mai de 2018 Twitter Faceboock

"Je porte plainte pour mise en danger de l’ensemble des manifestants"
Le 1er mai parisien vu par un cheminot : « les CRS ont fait en sorte que tout se passe mal »
Aurélien Perrot, cheminot CGT

Aurélien est cheminot et militant CGT à Trappes. Le 1er mai, il a participé avec ses camarades à la manifestation parisienne, et s’est retrouvé comme des milliers de manifestants forcé à reculer sous les gaz lacrymogènes. Par ce courrier dont il n’attend en réalité pas grand chose, il a décidé de porter plainte pour "mise en danger de l’ensemble des manifestants" auprès du procureur de la République. Une façon de faire entendre un autre son de cloche que celui des grands médias.

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Crédit photo : Serge d’Ignazio

A Monsieur le Procureur de la République
du Tribunal de Grande Instance de Versailles
5, place André-Mignot
78011 VERSAILLES CEDEX

Trappes, le 02/05/2018

Monsieur le Procureur de la République,

J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur les faits suivants : Hier, mardi 1er mai 2018, comme tous les 1er mai que je ne travaille pas, je suis parti pour manifester à Paris (75), dans un cortège bien fourni à l’appel des organisations syndicales CGT, Solidaire, FSU, (…) et dont le départ était prévu à 14h30 de la place de la Bastille vers la place d’Italie, en passant par le pont d’Austerlitz et le boulevard de l’Hôpital. J’étais arrivé assez en avance sur le lieu de la manifestation pour en faire plusieurs fois le tour, rencontrer et discuter avec des camarades, prendre des photos et je me réjouissais de pouvoir participer à une belle manifestation, pacifiste et réussie.

C’était sans compter sur les forces de l’ordre (CRS entre autres), qui ont très certainement pris leurs consignes du préfet de police de Paris, qui lui-même a dû les recevoir directement du ministère de l’intérieur, afin de gâcher la fête et de faire en sorte que tout se passe mal.

En effet, lorsque je suis arrivé aux abords de la manifestation, il y avait un dispositif policier impressionnant, et j’ai moi-même été fouillé plusieurs fois pour pouvoir pénétrer sur la place de la Bastille. Comment se fait-il qu’entre 200 et 1200 individus, d’après les sources policières, dits « black bloc » aient pu arriver sur le pont d’Austerlitz alors que tous les accès étaient coupés et contrôlés par des CRS ? Eux ne se sont pas fait contrôler comme tout le monde, ou bien les accès qu’ils ont empruntés auraient-ils été complaisamment dégagés pour leur laisser la voie libre ? Ce ne sont pas des affirmations, mais bien des questions auxquelles il conviendrait d’apporter des réponses.

Pour ma part, je suis arrivé au niveau du Mc Donald’s du boulevard de l’hôpital, face à la gare d’Austerlitz et jouxtant le jardin des plantes, alors que celui-ci était déjà saccagé et en plein pillage. Les pompiers venaient d’arriver et étaient en plein travail. Voyant un nuage de fumée noire au loin (les voitures qui brûlaient 200 à 300 mètres plus loin), les manifestants, dont moi-même, avons essayé de dégager un passage pour que les pompiers puissent avancer, mais ils sont restés sur place, et ont même reculé sur la rue Bouffon, également barrée par des CRS en nombre.

C’est à ce moment-là que l’inexplicable et l’inexcusable s’est produit : les CRS ont balancé au mortier (ou au lance grenade) par dizaines des lacrymogènes d’une violence inouïe (beaucoup plus agressif que celui que j’avais respiré en 2016), gazant les manifestants pacifiques situés bien en au-delà des casseurs, qui eux de toute façon étaient protégés par des lunettes et/ou des masques. Nous avons évité le drame de justesse, car nous avons bien été obligés de reculer sans avoir la place pour le faire : le pont d’Austerlitz était rempli de manifestants, les autres accès coupés par des CRS qui auraient laissé crever homme, femme ou enfant qui aurait eu besoin d’une assistance médicale, la grille du jardin des plantes était fermée et certains manifestants ont réussi à l’escalader malgré les pics qui surplombent ces grilles pour ne pas se faire broyer par un mouvement de foule orchestré par les lancers de lacrymogènes, et le seul accès pour survivre a été pour d’autres manifestants de se glisser le long du mur qui surplombe les quais de la Seine.

En conséquence, je porte plainte contre Michel Delpuech, Préfet de Police de Paris, et contre Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, et contre X pour mise en danger de l’ensemble des manifestants (Article 223-1 du code pénal) et entrave à l’exercice de manifestation (Article 431-1 du code pénal).

Dans ces conditions, je vous prie de bien vouloir enregistrer mon dépôt de plainte afin de donner une suite légale à cette affaire et de faire valoir mes droits.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

 
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