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La Izquierda Diario
18 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Vers un système par points
Réforme des retraites. La Suède, un modèle ?
Correspondant-e

C’est la prochaine grande bataille que souhaite mener le gouvernement : la réforme des retraites. Voulue pour 2019, cette dernière était annoncée dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Alors que les concertations reprennent cette semaine, on commence à y voir plus clair sur son orientation.

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C’est donc cette semaine que tient le deuxième cycle de concertations avec les syndicats pour déterminer le contenu de la future réforme des retraites que portera le gouvernement en 2019. L’objectif principal affiché aujourd’hui est d’harmoniser un système que certains considèrent comme trop hétérogènes, alors que 42 régimes différents existent en France. Les travailleurs français sont, à ce jour, amenés à cotiser dans trois caisses distinctes.

Afin d’éliminer les disparités – et donc bien souvent les acquis de certains secteurs – Macron souhaite mettre en place un système de retraite par points. Autrement dit, lorsqu’un travailleur cotise 1€, cela lui rapporte le même nombre de points, indépendamment du secteur dans lequel il travaille. Ces points servent ensuite de base de calcul au moment du départ à la retraite pour déterminer le montant de la pension du travailleur.

Cette refonte du système a pour première conséquence que l’ensemble des bulletins de paye seraient pris en compte au moment de déterminer le montant de la pension mensuelle. Aujourd’hui, ce sont les 25 années les mieux payées d’une carrière qui entrent en compte. Ce qui peut être dramatique pour les travailleurs qui auront connu des périodes de précarité au cours de leur carrière professionnelle. Peu de précisions ont, par ailleurs, été apportées concernant la prise en compte de la pénibilité au travail, car de ce point de vue, 1€ de salaire n’est aucunement équivalent selon les secteurs.

Autre interrogation, celle de l’âge légal de départ à la retraite, qui constitue souvent l’un des principaux débats. Cet âge légal (minimum) ne devrait pas augmenter et rester à 62 ans comme c’est le cas pour l’instant. Pourtant, la réforme se fixe malgré tout pour objectif d’inciter à poursuivre le plus tard possible. En effet, la conversion des points obtenus tout au long de la vie d’un travailleur se fera via un coefficient qui augmentera en fonction de l’âge du départ de ce dernier. Autrement dit, il sera tout à fait possible de partir à 62 ans, mais avec un manque à gagner important. De plus, une telle harmonisation laisse planer la fin des régimes spéciaux voulu depuis 1995 et la réforme Juppé.

Ce système harmonisé par points n’est absolument par sorti du chapeau du gouvernement, qui s’inspire de ce qu’il se fait depuis deux décennies dans plusieurs pays d’Europe du nord, et notamment en Suède, que Macron cite régulièrement comme un exemple à suivre. Un pays où le système par points a été mis en place dès les années 1990. Un pays, surtout, qui est devenu le chantre de la « flexisécurité » à la danoise, autrement dit un marché du travail extrêmement flexible, où les travailleurs doivent pouvoir passer d’un poste à un poste très rapidement, indépendamment de leurs compétences ou souhaits. Une composition du marché du travail dans laquelle il est donc bienvenu d’avoir une harmonisation entre tous les secteurs, indépendamment de leurs spécificités.

De plus il est à noter que le modèle suédois est loin d’être le modèle radieux décrit par Macron. En effet, pas moins de 300 000 retraités Suédois vivent sous le seuil de pauvreté en percevant moins de 1 165 euros par mois, ce qui représente 16,8% des plus de 65 ans et 24,35% des plus de 75 ans. Selon Le Monde, ce sont les retraités les plus précaires qui sont "les grands perdants d’un système de retraite adopté en 1994 et qui sert aujourd’hui d’inspiration à la France, avec son régime universel, ses comptes notionnels (comptes individuels qui cumulent les points de cotisation) et des pensions indexées sur l’espérance de vie". "Les pension de retraités équivalent en moyenne à 53 % de leur salaire de fin de carrière, contre 60 % en 2000". On constate que le modèle suédois, loin d’améliorer le système des retraites, paupérise grandement les retraités. Il est basé sur une vision individualiste des retraites qui est un système de capitalisation. On est bien loin du modèle français qui malgré ses limites est basé sur un système de répartition. Le Monde site Anders Thoré, expert auprès de l’organisation de retraités Pro, qui dit que « le problème avec ce système est qu’il exige de l’individu qu’il fasse les bons choix tout au long de sa vie ».

Évidemment, si un modèle s’attaque aux couches les plus précarisées, les femmes sont en première ligne. Les femmes suédoises ne dérogent pas à la règle du patriarcat. "Beaucoup ont opté pour le temps partiel et sont pénalisées par des salaires 12 % plus faibles en moyenne que ceux des hommes ; elles perçoivent 600 euros de moins qu’eux à la retraite", révèle Le Monde. Et bien évidemment, les ouvriers, les salariés ayant un travail pénible, un travail qui influe sur la santé, ne fait pas augmenter l’espérance de vie. Comme le souligne encore M. Thoré, « l’espérance de vie n’augmente pas pour tout le monde », il est donc hors de question de travailler plus longtemps, pourtant c’est ce que Macron et le gouvernement souhaite faire avec uniformisation des retraites. Le modèle suédois, loin d’être une solution, est un modèle qui va détruire nos acquis sociaux en termes de retraite, déjà bien entamé par les gouvernements successifs.

 
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