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La Izquierda Diario
31 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Après les cheminots, tout le monde ?
La casse des retraites, le prochain grand chantier de Macron
Iris Serant

C’était l’une des promesses de sa campagne : réformer en profondeur le système des retraites actuel pour se tourner vers le modèle suédois du régime à point ou « compte notionnel ». Et exploser de fait les retraites par répartition, sous couvert de remise à plat de l’ensemble des régimes spéciaux. Macron nous fait le plaisir d’enrober cette casse des retraites d’un joyeux plébiscite, verni démocratique déjà bien craquelé par ses méthodes autoritaires.

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Crédits photo : AFP

Le projet de réforme des retraites commence à s’amorcer avec le lancement d’une consultation citoyenne en ligne. Au-delà du truchement démocratique, c’est un long processus qui s’annonce, puisque la réforme ne sera dévoilée qu’en 2019, long processus qui compte bien détruire ce qu’il reste des acquis sociaux concernant les retraites et homogénéiser tout cela, en défaveur, bien entendu, des plus précaires.

La question des retraites est un sujet plus que sensible, avec les grèves de 1995 et de 2010 pour le rappeler. Sous couvert de mise en place d’un système universel, il y aurait une attaque d’ensemble de tous les secteurs à la fois. Après avoir avancé à grands coups d’ordonnance (et de matraque), le gouvernement a ainsi décidé de mettre les formes : plébiscite citoyen, longue concertation, myriade de rendez-vous préalable avec les syndicats…

Alors même que Macron tente d’imposer une défaite aux cheminots, la réforme des retraites qui commence à se profiler est dans le même « esprit » : mettre un grand coup à toutes les formes de « protection » sociale, austérité oblige.

Avis aux ouvriers et autres employés : travaillez plus longtemps et mourrez plus jeune !

Dans une grande démagogie, lors de l’interview Bourdin-Plenel d’avril dernier, Macron défenseur de l’égalité : « Ce que nous allons revisiter, c’est l’injustice du système de retraite dans lequel nous vivons qui fait que nous avons près d’une quarantaine de systèmes de retraite qui cohabitent qui sont le fruit d’une sédimentation du passé. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé de s’attaquer à la réforme des retraites déclarait de son côté dans une interview donnée au Parisien que « cette réforme maintiendra et consolidera les solidarités qui seront l’un des piliers du nouveau système ».

Il faut donc tout changer ! A travailleur « flexible » et « ubérisé », retraite de pacotille. En effet, ce système à point correspond de fait avec les réformes Loi Travail I et II qui précarisent l’emploi et encouragent une reconversion professionnelle permanente correspondant aux « aléas du marché » soit au fait que les patrons aient une plus grande marge de manœuvre pour licencier et que de fait les travailleurs devront bien souvent trouver un autre emploi.

Si tout n’est pas encore écrit, le projet de Macron s’ancre dans « l’exemple suédois », une retraite par point et non plus par répartition. Le système actuel garantit au moins aujourd’hui au retraité de toucher une retraite égale à 75 % de son dernier revenu, pour les fonctionnaires comme pour les salariés du privé, même si le calcul est différent. Ce sont les cotisations des actifs qui financent les pensions des retraités en étant prélevées sur leur salaire brut et acquittées par l’employeur, dans une logique de solidarité intergénérationnelle.

Dans un régime notionnel, un actif cotise et accumule chaque année des points. Au moment de partir à la retraite, ce nombre total de point est converti en pension qui est alors calculée en fonction d’une « valeur du point », à l’instar, par exemple, 1 point = 1,25 euro. Le capital virtuel cumulé par chacun est transformé en rente au moment de la retraite, selon un taux de conversion propre à chaque génération et qui dépend de son espérance de vie. C’est dès lors au régime de s’ajuster automatiquement pour être à l’équilibre financier en fonction de l’espérance de vie. Ainsi, plus l’espérance de vie augmente, plus la valeur du point baisse, impliquant la baisse directe des pensions.

L’âge de départ à la retraite devrait être conservé à 62 ans, cependant, ce système incite de fait à travailler plus, voire beaucoup plus longtemps, pour avoir droit à une pension décente. En Suède, l’âge de départ légal est à 61 ans mais l’âge moyen de départ à la retraite atteint les 65 ans. Si ce système reproduit de fait les profondes écarts de salaire, comme le fait le système actuel, il ne peut aller que dans le sens de niveler par le bas les retraites des travailleurs les moins bien payés, voire des plus précaires, ceux qui auront travaillé pour à peine un smic, ou avec des temps partiels. Et ce, avant tout, car l’un des objectifs recherché est bien d’invidualiser les cotisations et d’en finir ainsi avec les régimes spéciaux, à la suite de la casse du statut des cheminots, les fonctionnaires et leur statut étant les prochains sur la liste.

Sous couvert d’une plus grande « lisibilité » cela promet une baisse drastique des retraites. En effet, plus rien ne vient garantir un taux minimal des retraites et le coefficient convertissant euro cotisé et point accordé est tout à fait variable. Accordons cela à Macron : il sera au moins facile de voir l’absence de nos droits.

Face à cette énième attaque, pas de « dialogue social » !

Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT chargé des retraites, déclarait à France Info, que « la méthode telle qu’elle est posée, elle est cohérente. Jean-Paul Delevoye montre une vraie envie de faire confiance dans l’intelligence collective. C’est un peu une rupture par rapport aux méthodes qui ont été utilisées dans les réformes précédentes. Si on continue sur cette méthode-là, cela devrait produire des résultats. »

Cette méthode-là consiste simplement à mettre les syndicats du côté de la réforme, en jouant la sempiternelle carte du dialogue social dans l’intérêt de tous. Le président des riches ne trompe personne, à part ceux qui le souhaitent. Macron veut faire passer cette nouvelle attaque en y mettant les formes : consultation citoyenne, et surtout 120 « réunions bilatérales » prévues d’ici là pour faire passer la pilule et pour négocier avec les syndicats. Il n’y a rien à discuter avec le gouvernement et ce président des riches qui impose à grands coups de contre-réformes enrubannées de dialogue social son ordre néolibéral et qui compte détruire un par un tous les acquis sociaux gagnés de hautes luttes.

 
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