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La Izquierda Diario
1er de juin de 2018 Twitter Faceboock

Colonialisme criminel
Un ministre israélien veut couper l’approvisionnement en eau et en électricité de la bande de Gaza
Sadek Basnacki

Alors que la bande de Gaza est une fois encore bombardée par l’armée israélienne, la situation humanitaire se dégrade grandement. Le ministre israélien du Renseignement et des transports, Yisraël Katz, a exprimé sa volonté de mettre fin à l’approvisionnement en eau et en électricité de l’enclave palestinienne soumise à un blocus criminel.

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Crédit photo : AFP

La tension augmente dangereusement au niveau de la Bande de Gaza. Tirs de rocket contre bombardements, les Gazaouis sont les premières victimes de cette aggravation de la situation. L’armée israélienne, l’une des plus modernes au monde, n’hésite pas à bombarder l’enclave palestinienne où il y a la plus forte densité de population au monde. Après les tirs à balle réelle, se sont les bombes.

Comme si cela ne suffisait pas, alors que les Gazaouis subissent un blocus criminel de la part de l’Egypte et de l’Etat israélien, le ministre du Renseignements Yisraël Katz, qui a également le portefeuille des transports, a expliqué qu’il souhaitait se débarrasser de la responsabilité de la bande de Gaza en coupant tous ses liens avec.
Et surtout en mettant fin à l’approvisionnement en eau et en électricité :« Le temps est venu de changer les règles du jeu. Je suis favorable à l’idée d’une séparation avec Gaza ». « Nous ne ferons pas de compromis ni de concessions, nous ne permettrons pas de nuire à nos concitoyens et ne tolérerons pas l’ombre d’une roquette. Je suis persuadé que cette question sera bientôt réglée. »
Des déclarations lourdes de sens qui auraient des conséquences catastrophiques si l’Etat israélien venait à passer des mots aux actes.

La Bande de Gaza, territoire privé d’eau et d’électricité

La Bande de Gaza est soumise à un blocus de l’Egypte et de l’Etat israélien, blocus soutenu par l’Autorité Palestinienne. Toutes les marchandises importées doivent transiter par les ports israéliens où elles sont inspectées, parfois confisquées. Les habitants de Gaza ne disposent pas d’un approvisionnement en eau potable suffisant et souffrent de graves pénuries d’électricité.

L’accès à l’eau potable est déplorable dans l’enclave palestinienne et les habitants de Gaza subissent des pénuries d’électricités désastreuses. La faute en premier lieu au colonisateur israélien qui vend son électricité à l’autorité palestinienne et en deuxième lieu, la responsabilité incombe à l’AP qui, pour mettre la pression sur le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, a décidé de cesser ses paiement à l’Etat israélien. Ce dernier soutire 11 millions de dollars aux Palestiniens pour fournir l’électricité, seulement 30% des besoins de la population.Avec l’arrêt des versements, les israéliens ont drastiquement baissé les approvisionnements. L’AP a même osé demander directement à l’Etat sioniste de baisser de 8 mégawatts, soit 6 %, par heure la quantité d’électricité fournie.

Cette politique d’étouffement a des effets catastrophiques d’un point de vue humanitaire. Dans Libération, Ismaïl Shimbari, père de famille gazaouis, explique que « le quotidien de Gaza, ce sont les maisons détruites, et les enfants qui se blessent avec les bougies qu’on allume parce qu’on n’a plus d’électricité », « le Hamas ne gagnera aucune guerre, le siège israélien ne sera jamais levé, et on va juste tous crever ici », lui et sa famille vivent dans une préfabriqué insalubre dans un village proche de la bordure depuis que sa maison ait été rasé lors des bombardements de 2014. De plus, l’aggravation des accès à l’électricité touche directement les secteurs vitaux de Gaza, comme les hôpitaux alors même qu’après les massacres perpétrés par Tsahal lors du mois de mai ceux-ci sont débordés et mal équipés.

Robert Mardini, chef des opérations du CICR pour le Proche et le Moyen-Orient, lors d’une conférence de presse à Genève, a expliqué que « les récentes manifestations et les violences à la frontière de Gaza [avec Israël] ont déclenché une crise d’une magnitude sans précédent ». Parmi les blessés, au moins 1350 personnes doivent subir entre 3 et 5 opérations, soit « un total de plus de 4000 opérations, dont la moitié seront assurées par les équipes du CICR. Je pense qu’un tel volume de travail submergerait n’importe quel système de santé dans le monde ». De plus, avec le manque d’électricité qui s’accentue depuis les bombardements israéliens, les Gazaouis ayant 2 à 4 heures d’électricité avant d’avoir une coupure de 20 à 30h, comment soigner correctement dans ces conditions ? « Gaza est un navire qui coule », a regretté Robert Mardini.

En plus d’avoir des effets désastreux sur les hôpitaux, la baisse d’électricité a des effets tout aussi néfastes sur le traitement des eaux usées et l’irrigation.
Si l’irrigation des cultures ne fonctionne plus, en plein cœur de l’été, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) prévoit des pénuries alimentaires. La surpopulation de Gaza, le manque de développement des installations, la pauvreté de l’enclave (selon la Banque mondiale, le PIB de Gaza a perdu 50% de sa valeur à cause du blocus égyptien et israélien, le chômage concerne 45% de la population active), les destructions consécutives aux bombardements israéliens et l’incapacité de reconstruire à cause du blocus accentuent la pollution de l’eau.

Selon France Info, « la principale source d’eau de Gaza écoule entre 55 à 60 millions de mètres cubes d’eau par an, mais la demande de la population est de 200 millions de mètres cubes. Conséquence, les nappes phréatiques sont sur-utilisées, ce qui facilite l’infiltration de l’eau de mer, des eaux usées et des résidus chimiques ». L’armée israélienne qui a bombardé Gaza avec des bombes au phosphore, qui a ciblé des usines de dessalement et de traitement des eaux en 2014 n’y est pas pour rien non plus.

Si l’Etat israélien viendrait à stopper purement et simplement les livraisons en eau potable et en électricité, la situation de la Bande de Gaza, déjà étouffée par le blocus égyptien et israélien, sera encore plus catastrophique. Une telle décision serait criminelle mais l’Etat israélien a besoin de son meilleur ennemi, une telle asphyxie de Gaza pourrait remettre en cause la domination du Hamas dans la Bande de Gaza. Il est donc plus que probable que le gouvernement israélien réduise ses livraisons et accentuent le blocus, aux plus grand dame des Gazaouis qui payent la colonisation israélienne, les intrigues politiques palestiniennes et le jeu diplomatique international au prix fort.

 
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