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La Izquierda Diario
4 de juin de 2018 Twitter Faceboock

La gronde s’amplifie
Congrès de la CFDT : Berger face au bilan du « dialogue social »
Georges Camac

Le congrès de l’organisation cédétiste vient de s’ouvrir ce lundi. Le bilan de Laurent Berger, face à un gouvernement qui multiplie les contre-réformes, risque d’être plus difficile à assumer qu’à l’accoutumée.

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Dès les élections présidentielles, Laurent Berger avait annoncé la couleur : il souhaitait continuer le jeu de la concertation avec le prochain gouvernement. Un an après cependant, le bilan du leader cédétiste risque d’être moins facile à assumer.
En effet, la méthode du « dialogue social » a révélé ce qu’elle signifiait : être le paillasson d’un gouvernement déterminé à attaquer l’ensemble des secteurs de la société. D’autant plus face à Macron qui n’hésite pas à passer par-dessus les corps intermédiaires pour imposer ses contre-réformes à un rythme éclair.

C’est le constat que commence à faire un nombre croissant de militants au sein de l’organisation syndicale, dans un contexte où la chute de popularité de Macron s’accentue. Cette pression à la base s’était illustrée au moment notamment des ordonnances XXL où la direction de la CFDT Métallurgie avait appelé Laurent Berger à plus de fermeté contre les ordonnances Macron. Le numéro un de la CFDT Métallurgie est d’ailleurs pressenti pour intégrer la commission exécutive comme une forme de gage donné à l’aile la plus à « gauche ».

Ce lundi 4 juin, plusieurs militants ont souhaité faire entendre leur colère face à la direction du syndicat. Christine Jacq (santé-sociaux du Finistère) a ouvert les hostilités avec un : « Nous n’étions pas déçus mais en colère [après la ratification des ordonnances] », très applaudi. Guillaume Danard (CFDT Protection sociale Bretagne) a, pour sa part, jugé que les ordonnances étaient un « recul important ». Des protestations en cohérence avec le nombre de ballons CFDT qui fleurissent dans les manifestations de ces derniers mois, malgré le refus de la mobilisation de la direction.

Laurent Berger avait prévu que ce congrès pouvait être plus agité qu’à l’accoutumée, et notamment plus que le précédent congrès où il avait été reconduit à 85,88%. Dans une tribune parue quelques jours plus tôt, celui-ci avait alors monté le ton contre le gouvernement. « Depuis la publication des ordonnances Macron, le bilan du dialogue social est très inquiétant », écrivait-il, exhortant le gouvernement à revenir sur le terrain de la négociation. Et de multiplier les petites phrases en off, estimant par exemple que « la méthode Macron c’est "vous discutez, et je décide" ».

Lors de ce congrès, Laurent Berger est seul en lice pour la place de secrétaire général. Cependant, le bilan du congrès pourrait s’avérer plus difficile que prévu. La réussite du leader syndical, sur laquelle celui-ci insiste, est d’avoir ravi la place de première organisation dans le privé à la CGT. Mais ça c’était avant les ordonnances. A la base, l’enthousiasme est plus mesuré. Selon Philippe Lengrand (CFDT Ile-de-France), « À la suite des ordonnances Macron, nous allons avoir beaucoup de difficulté à maintenir des militants dans nos structures syndicales ». La perspective de la conquête de la première place dans le secteur public lors des élections de décembre agitée par Berger pourrait s’avérer être une chimère.

Si, à l’approche du congrès, le leader syndical est toujours dans les petits papiers du gouvernement, « c’est le partenaire syndical le plus fiable et le plus solide », apprend-t-on de source gouvernementale, Laurent Berger n’est cependant pas en position de force suite aux nombreuses humiliations que Macron lui a infligé, depuis le début du quinquennat ou encore avec le mouvement des cheminots en cours comme une forme de point d’inflexion. C’est toujours Macron qui décide. L’annonce en grande pompe de la reprise de 35 milliards d’euros de la dette de la SNCF quelques jours plus tôt n’est pas un hasard du calendrier. « Il y avait un besoin de scénographier les choses, on l’a un peu aidé… », confie ainsi un proche du pouvoir. Un changement de pied du gouvernement qui mesure, en quelque sorte, que passer totalement outre les corps intermédiaires, se passer d’une courroie de transmission pour ses contre-réformes, pose un certain nombre de limites sur le long terme alors que la détestation de Macron ne cesse de s’approfondir, et que la fabrique à radicalité est aussi en marche.

 
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