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La Izquierda Diario
23 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

Victoire de la France ou joie de Nike
Les maillots de l’équipe de France vendus 140€ sont produits pour 3€ en Thaïlande
Muriel Radler

« Tous Français », « Vive la France », « Vive la République » : les maillots à 2 étoiles représentent aussi un peu ces slogans que l’on aura bien entendu tout au long de l’aventure des bleus. Seulement, porter cette fierté sur son torse est un produit à bas coût, un produit qui vient de loin, de la trentaine d’usines sous-traitantes de Nike du nord-est de la Thaïlande, où quelques 37 000 ouvriers travaillent pour gagner seulement 1% des bénéfices.

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Tout le monde l’attend, le fameux maillot à 2 étoiles, certains dormaient même devant le magasin Nike dès le jour de la victoire afin de l’obtenir. Alors les usines se mettent en marche, les plus proches, les usines polonaises (270 employés) et turques (2.000 ouvriers) afin de répondre rapidement à la demande et puis les plus lointaines, en Asie.

Nike qui, comme toutes les grandes marques, suit les cours les plus bas de la main d’oeuvre, a laissé le fameux « Made in China » depuis longtemps pour se délocaliser vers d’autres pays d’Asie du Sud-est comme la Thaïlande. Les usines qui étaient avant à Bangkok sont elles-mêmes devenues trop chères et la production a été délocalisée plus au nord-est car les salaires (180 euros par mois) y sont inférieurs à ceux de la capitale (autour de 250 euros).

Ces usines qui produisent pourtant de nombreux produits Nike, n’appartiennent pas directement au groupe mais sont des sous-traitants. Une technique qui donne de nouveaux avantages aux entreprises, dont celle pourtant visible comme une virgule au milieu de la figure de dire que la marque n’est pas responsable de l’usine. D’ailleurs Nike ne concède jamais un commentaire et s’arrange pour mettre la pression à ses ouvriers afin que ceux-ci ne s’autorisent pas à parler. C’est ce que dénonce Noi Supalai, ancienne employée textile chez Nike des sous-traitants et figure de la résistance ouvrière. Celle dernière, qui a travaillé à différents postes, dénonce les conditions de travail, cadences et horaires qui peuvent augmenter en fonction de l’urgence de la demande allant jusqu’à travailler à minuit, ce qui pourrait être ainsi le cas puisque la demande est très forte.

C’est donc dimanche qu’a commencé la production vitesse grand V, car l’acheminement par paquebot prendra ensuite 3 semaines. L’associations Clean Clothes dénonce le prix de production qui ne peut se faire que par une exploitation importante des ouvriers avec une logique d’optimisation de la production qui implique une « réduction des minutes passées par ouvrier sur chaque maillot, automatisation et flux ultra-tendus ».
D’après une étude de l’ONG « Éthique sur l’étiquette », seul 1% des bénéfices seraient reversés aux ouvriers, soit 85 centimes dans la tirelire. Voilà le prix que concède les vainqueurs à ceux qui vont coudre le maillot de la victoire.

Selon le JDD, 63% du prix est absorbé par le circuit de distribution. L’équipementier réaliserait en fait une marge de 16%, et la quote-part de la Fédération française de football 4,5%.
Si la Croatie avait gagné, Nike s’en serait aussi mis plein les poches car c’est la même entreprise qui fabrique les équipements des deux équipes.
140 contre 3 euros voilà comment le « Tous Français » sonne autrement, 3 euros le prix du « just do it » du capitalisme.

Crédits photos : © capture écran YouTube

 
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