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La Izquierda Diario
27 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

La contestation s’organise
Argentine. Macri promeut un décret sécuritaire et répressif renforçant le pouvoir de l’armée

Dans le contexte d’une crise économique que le gouvernement Macri n’arrive pas à refermer, le rejet de sa politique s’est fortement fait ressentir dans les rues alors qu’il vient juste de promulguer un nouveau décret visant à renforcer le pouvoir militaire.

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Crédit Photo : AFP

Traduction de la IzquierdaDiaro

C’est au Campo de Mayo, principale base militaire et ancien centre clandestin de torture durant la dictature que le président Mauricio Macri a annoncé lundi 23 sa décision d’étendre le pouvoir des forcées armées en matière de sécurité intérieure, décision qu’il a officialisé le lendemain par la publication d’un décret – 683 – dans le journal officiel. Alors que l’armée devait se limiter auparavant à la défense du territoire national en cas d’attaques extérieurs, ses capacités permettent désormais son intervention en matière de sécurité intérieure. Si Macri a tenté de se justifier en faisant référence aux « défis du XXIe siècle, comme le narcotrafic et le terrorisme », ce décret est aussi et surtout un pas énorme franchi en matière de système sécuritaire et répressif au moment même où le climat social est de plus en plus tendu avec les nombreux plans d’austérité à la solde du FMI. Contre cette nouvelle attaque, des mobilisations ont lieu dans tout le pays.

Ce jeudi après-midi dans un pluvieux Buenos Aires, le rassemblement habituel des « Madres de la Plaza de Mayo », association des mères dont les enfants ont été assassiné durant la dictature, prenait une tournure différente. Plusieurs organisations sociales, politiques et des droits de l’homme réunies dans la coordination Encuentro Memoria, Verdad y Justicia (EMVyJ) se sont rassemblées pour protester contre le décret de Macri. On pouvait aussi y voir Nora Cortiñas, militante et fondatrice de l’association des « Madres de la Plaza de Mayo » qui fidèle à son combat contre l’impunité d’hier et d’aujourd’hui portait un signe qui disait : « Hier, nous avons dit NON à Milani et à la loi antiterroriste, aujourd’hui nous disons NON au décret 683. NON aux forces armées dans les rues ».

Comme le samedi 30 avril 1977 où elles ont commencé à se rassembler devant la Casa Rosada, les Madres de la Plaza de Mayo ont manifesté contre le décret 683. Annoncée dans le centre de détention clandestin du Campo de Mayo, la réforme présentée approfondit la ligne de l’impunité pour l’armée et les génocidaires, tout en représentant un saut répressif.

«  Ce n’est pas par hasard que Macri ait dicté sa mesure antidémocratique quelques heures après sa rencontre avec Christine Lagarde, le Fond Monétaire International et le G20. C’est que sa réforme ne se passera pas sans répression ! », les membres de l’EMVyJ ont-ils déclaré dans un document. Et de dénoncer : « Dans le préambule du décret 683, Macri a dit qu’il s’agissait « de protéger la souveraineté et l’indépendance de la nation, son intégrité territoriale, ses ressources naturelles, sa capacité à l’autodétermination et à la protection de la vie, la liberté et les droits de l’homme de ses habitants » Rien de plus hypocrite ! Si quelqu’un attaque « la souveraineté et l’indépendance nationale, l’intégrité territoriale, les ressources naturelles et de la vie, la liberté et les droits de l’homme » ce sont bien précisément le FMI, le G20 et les entreprises qui avec le gouvernement, la fausse opposition et les complices civiles et syndicaux appliquent les licenciements, les bas salaires, la dévaluation, le paiement de la dette extérieure, au prix de la faim du peuple et du pillage de nos territoires et de nos biens communs d’un bout à l’autre du pays ! Et ce n’est pas une hypothèse de conflit : c’est une réalité ».

L’événement a été rejoint par Sergio Maldonado et Andrea Antico, qui rejettent le décret et appellent à la prochaine date de mobilisation qui aura lieu mercredi 1er août, un an après la répression brutale par la gendarmerie dans la communauté de Cushamen qui s’est terminée par la disparition et la mort de son frère Santiago.

Interrogée par La Izquierda Diario, Myriam Bregman s’est référée à la proposition du Frente de Izquierda d’abroger le décret et a déclaré que « Macri a récité un autre livret dicté par Lagarde et le FMI. Ils savent que la réforme ne se fera pas sans répression et ils n’ignorent pas qu’il y a un énorme malaise social qui conduira à l’approfondissement de la contestation. […] Ils ne veulent pas de manifestations dans les rues, ni devant les multinationales, ni là où ils pillent nos ressources naturelles au détriment de la répression des peuples autochtones. L’objectif stratégique est de réprimer la protestation sociale face à l’approfondissement de l’austérité ».

Une lutte contre la répression et l’impunité

Après la fin de la dictature, les procès et les condamnations des génocidaires ont été le résultat d’une mobilisation populaire. La lutte persistante des Madres de la Plaza de Mayo, mères d’anciens détenus disparus, ainsi que d’autre organismes de défense des droits de l’homme ont un très important soutien social et ont réussi à envoyer devant la justice plusieurs tortionnaires – bien que beaucoup continuent à vivre en toute impunité – et de faire en sorte que les militaires n’aient plus leur place à patrouiller dans les rues. Loin de tout « consensus démocratique » auquel se réfèrent les différentes ailes du péronisme et du kirchnerisme, c’est bien cette même lutte qui a mis fin aux lois de « l’Obéissance due » et du « Point final » amnistiant tous les actes criminels des militaires argentins durant la dictature et empêchant les poursuites pénal contre les crimes commis et qui, en mai de l’année dernière, face à l’impunité ont rejeté avec des centaines de milliers de personnes la décision de la Cour suprême de justice d’appliquer le « 2x1 » permettant aux tortionnaires reconnus coupables de raccourcir leurs peines de moitié.

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement a montré des nombreux signes de sa volonté de « réconcilier » les Forces armées avec la société civile. Cela a été ratifié par Mauricio Macri, après qu’il ait tenté de rassurer sur le caractère de ce décret en assurant qu’il s’agit des « Forces Armées de la démocratie », en essayant d’occulter la participation de centaines de militaires au génocide et qui occupent maintenant des postes de haut commandement, comme l’ancien chef de l’armée César Milani.

Avec une crise économique qui s’approfondit de plus en plus, le gouvernement a décidé de publier ce décret sur l’intervention des forces armées en matière de sécurité intérieure et d’annoncer l’augmentation des effectifs de police dans les banlieues, un nouveau cap dans ce qui constitue une véritable militarisation. L’intention est double : reprendre le programme sur la question de la « sécurité » au moment où l’économie se détériore, et se préparer aux conséquences sociales qu’entraînera l’aggravation de la crise. Face au nouveau pillage qu’ils préparent sous les ordres du FMI, affronter le renforcement de l’appareil répressif de l’État est une tâche indispensable.

 
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