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La Izquierda Diario
4 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

« Ecolopportunisme »
De Rugy remplace Hulot. Et le « vieux monde » (anti-écolo) reprend ses droits
Yano Lesage

Après avoir essuyé le refus de Cohn-Bendit, ex-Dani le rouge de 1968, de Pascal Canfin, président de WWF France, Emmanuel Macron a du se résoudre à choisir un candidat de moindre envergure pour faire office de figurant au poste de Ministre de la Transition Ecologique. François de Rugy, ex-militant Europe-Ecologie-Les-Verts, ancien candidat à la primaire du PS passé finalement à En Marche, opportuniste à tout crin, a, sans grande surprise, accepté la proposition du président.

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De Rugy, un candidat de second choix

Clairement, François de Rugy n’était pas un premier choix. Voilà une semaine que Nicolas Hulot a donné sa démission du poste de Ministre de la Transition Ecologique en direct sur les ondes de France Inter, à la surprise des auditeurs comme du gouvernement.

Et depuis une semaine, circulent les rumeurs et les noms de ses possibles remplaçants. Celui de Daniel Cohn-Bendit d’abord, le premier approché par Emmanuel Macron. Les engagements anarcho-libertaires de jeunesse et la personnalité de ce transfuge passé à En Marche continuent d’en faire une figure populaire et décalée, très attractive pour une présidence et de son gouvernement en panne dans les sondages. Ce sera « niet ». « Une fausse bonne idée » commente l’ex-Dani Le Rouge.

Même constat du côté de Pascal Canfin, président de l’ONG WWF France, fortement pressenti pour le poste. On a même entendu parler de l’économiste Laurence Tubiana, négociatrice de la COP21 qui a cependant nié avoir été approchée par le gouvernement (possiblement, pour lui éviter l’affront d’un refus).

Car pour qui a des convictions écologiques fermement chevillées au corps, succéder à Hulot au poste de ministre après sa démission fracassante, signifie surtout faire le choix du silence et de la figuration ; c’est accepter la politique des « petits pas » et des grands renoncements écologiques – la relance du nucléaire, le maintien d’un modèle agricole intensif –, qu’Hulot a dénoncé à sa sortie. C’est accepter un poste de ministre de la Transition Ecologique, d’emblée synonyme de renoncement et de compromissions. Le directeur de GreenPeace France, Jean-François Juilliard, aura beau faire des moulinets pour apporter sa caution sur les engagements écologistes du futur ministre, le constat est là. Et très peu nombreux ceux qui accepteraient de rentrer au gouvernement, qui plus est, sur ce poste.

"L’écolopportunisme"

Mais le costume parait taillé pour François de Rugy. Contrairement à son prédécesseur, de Rugy n’a cependant rien d’un « outsider » en politique. Et son parcours de politicien professionnel, marqué par un opportunisme crasse, colle mal avec la fiction macronienne d’un « renouveau politique ». Entré à Europe Ecologie les Verts en 1997, élu à l’Assemblée en 2007 puis en 2012, il dirigera le groupe parlementaire écologiste de l’Assemblée Nationale avec Barbara Pompili. Après la démission de Cécile Duflot du gouvernement Ayrault, de Rugy continue d’incarner la ligne pro-gouvernementale d’EE-LV pour finalement entrer au PS en 2016, et se présenter aux primaires du Parti Socialiste. Perdant face à Benoit Hamon, il décidera finalement de rejoindre En Marche, et sera nommé président de l’Assemblée Nationale.

Que François de Rugy, passé d’EE-LV au PS puis à En Marche en moins de deux ans, accepte la proposition du gouvernement, il n’y a là, rien d’étonnant. En reportant le vote sur le glyphosate à l’hémicycle à deux heures du matin, comme l’a révélé Jean-Luc Mélenchon, il a déjà su montrer que ses engagements écologistes peuvent parfaitement se satisfaire des compromissions politiques.

Autre qualité pour le poste, il a aussi la mémoire courte : le 17 janvier 2017, de Rugy n’a pas encore rallié En Marche, se prépare à la primaire de la gauche et tacle le programme d’Emmanuel Macron. Le "problème pour moi" avance-t-il, "c’est qu’Emmanuel Macron ne parle pas d’écologie". Un défaut sans doute oublié après la victoire de Benoit Hamon et son ralliement à l’actuel président.

Mais avec de Rugy pour seul candidat, il y a comme un aveu de faiblesse du côté de l’exécutif. Exit la fiction du « renouveau politique ». Plus moyen de surfer sur la popularité d’un Hulot. Et pas sur que la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu remplaçante de Laura Flessel, venue du PS, parvienne à lui apporter ce crédit. Dans la configuration gouvernementale, l’heure est au pragmatisme et le « vieux monde », thème rebattu de la campagne, refait surface.

Le choix de François de Rugy parait avant tout pragmatique. Dans la prochaine échéance électorale des européennes, la présence de de Rugy, rompu à l’arène politique, parait judicieux. D’autant s’il permet d’éviter de se couper totalement d’une sensibilité écologiste, certes malmenée par le départ de Hulot, en conservant une caution verte qu’il est cependant facile de débusquer.

 
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