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La Izquierda Diario
18 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

Une transition gouvernementale sous tension
Mexique. Le projet du nouveau président : toujours autant de répression des étudiants
Lucía Watson

Élu le 1er juillet en promettant « un projet alternatif pour le Mexique » et avec un chiffre historique de 53% des suffrages, Lopez Obrador, candidat du centre gauche, sera investi le 1er décembre. Alors que plus de 200 000 étudiants sont mobilisés contre les conditions d’études et le fonctionnement anti-démocratique de l’université et qu’ils subissent la répression de groupes para-étatiques, le futur président s’est positionné contre les étudiants. Les masques tombent avant même sa prise officielle de fonction.

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Crédit photo : AFP

Le 1er juillet Manuel Lopez Obrador remportait les élections sur un programme de « transformation du Mexique » soulevant les illusions d’une grande partie de la jeunesse des classes populaires et des travailleurs. La victoire remportée par le centre gauche d’Obrador avec 53% des suffrages en finissait avec le règne autoritaire historique, quasiment ininterrompu pendant près de 70 ans, du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI). Cela annonçait apparemment l’ouverture d’une voie vers « un projet alternatif » pour le Mexique. Cependant, dès que la mobilisation massive des étudiants a débuté fin juillet, Lopez Obrador, qui prendra ses fonctions le 1er décembre, a cessé de nourrir l’enthousiasme et les illusions qui l’ont amené au pouvoir puisqu’il a d’ores et déjà pris position contre les étudiants.

Un projet alternatif : sauver l’autoritarisme ?

Le mouvement étudiant mexicain émergeait dans la scène politique avec une mobilisation massive de plus de 250 000 personnes le 5 septembre et reprenait la rue par milliers ce 13 septembre pour commémorer la lutte que la jeunesse avait déjà mené 50 ans auparavant contre la répression et l’autoritarisme du PRI. À la base de cette mobilisation massive, les attaques des groupes « porriles » (groupes de choc) à la solde des institutions universitaires et des partis bourgeoises comme le PRI, envoyés pour mater les premiers signes d’un mouvement étudiant qui commençait à s’organiser contre le manque de moyens, l’imposition de frais d’inscription et le fonctionnement anti-démocratique des institutions universitaires.

De même qu’il prenait rapidement de l’ampleur, le mouvement étudiant mexicain est vite passé à l’offensive en revendiquant la gratuité de l’université et le démantèlement des groupes « porriles », une revendication qui a toujours été liée à la remise en cause du régime universitaire et de l’État.

Cependant, face à l’organisation massive et à la combativité du mouvement étudiant, Lopez Obrador, loin de s’afficher comme le représentant du « projet alternatif » pour le Mexique, s’est rangé du côté du PRI et contre le mouvement étudiant en appuyant publiquement Enrique Graue , le recteur de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM), premier responsable politique des attaques des « porriles ».

En appelant les étudiants à faire confiance aux autorités responsables des attaques de ces groupes de choc, le futur président ne s’est pas seulement opposé frontalement à une des revendications principales du mouvement étudiant, « fuera Graue » (destitution de Graue), mais a montré sa connivence avec l’autoritarisme et la corruption d’un régime universitaire qui cherche à compenser les successives réductions budgétaires avec l’imposition de frais d’inscription et la précarisation des conditions de travail.

Dans cette même logique de préservation du fonctionnement autoritaire des structures d’État, Obrador, lors des « Forums pour la paix » destinés aux familles des crimes d’État qui se sont produits lors de ces 12 dernières années, a défendu l’impunité des criminels en avançant le mot d’ordre « olvido no, perdon sí » (oublie non, pardon oui), ce qui a provoqué l’indignation des familles de disparus, d’assassinés et de torturés par l’armée, la police ou les bandes criminelles liés aux fonctionnaires.

En ne pouvant offrir au mouvement étudiant une réponse satisfaisante ni sur le plan de la réforme de l’éducation ni sur la plan du fonctionnement antidémocratique des institutions universitaires, le gouvernement de Lopez Obrador risque de ne pouvoir continuer à canaliser et à nourrir les illusions réformatrices qui lui ont permis de remporter les élections. Il risque même de s’affaiblir fortement avant même de prendre ses fonctions. Si le futur gouvernement ne réussit pas à apaiser le mouvement étudiant et à avoir une transition gouvernementale stable, son affaiblissement et sa perte de crédit pourraient entraîner une radicalisation et voir d’autres secteurs rentrer sur la scène politique aux côtés du mouvement étudiant, ce qui pourrait ouvrir une nouvelle période de lutte intéressante pour le Mexique.

 
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