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26 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

#monlycéevacraquer…
Rentrée chaotique : dans les lycées pleins à craquer, la mobilisation s’étend

Des salles de classes bondées, des couloirs « comme à Châtelet », une cour de récré digne d’un quai de RER à l’heure de pointe… A trois semaines de la rentrée, de nombreux lycées se sont mobilisés contre la hausse des effectifs, des locaux inadaptés et étriqués, des conditions de reprise chaotiques. De son côté, Jean-Michel Blanquer parle de supprimer 2 600 postes dans le secondaire. L’éducation secondaire sacrifiée ?

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Créteil (Val-de-Marne), début septembre. Manif du lycée Suger devant le Rectorat.

A la rentrée 2017 déjà, sur fond de suppression de l’Education Prioritaire pour les lycées, de nombreux établissements, de Seine-Saint-Denis notamment s’étaient mobilisés contre la hausse des effectifs dans les classes et les postes supprimés. En jeu : la sortie des lycées des Zones d’Education Prioritaire, transformées en Réseaux d’Education Prioritaire (REP et REP+) centrés sur les collèges et les écoles. En cette rentrée, les taquets des effectifs en classe sautent, alors que la génération « baby boom » des années 2000 arrive dans le secondaire : + 48 500 élèves en 2016, + 30 500 en 2017 pour les lycées généraux et technologiques ; + 26 000 en 2017 et + 29 500 en 2018 pour le collège. Y compris en REP et REP+ où les seuils d’effectifs sont d’ordinaire limités à 25 élèves, les classes de collèges ne sont plus épargnées. Dans ce contexte la grogne gagne de nombreux établissements. Dans les lycées, elle s’exprime par de nombreux mouvements de grève et de mobilisation depuis la rentrée.

« La cour de récré, c’est comme le quai du métro à l’heure de pointe »

En Seine-Saint-Denis, département où la pression démographique est forte, plusieurs établissements connaissent une rentrée chaotique. Au lycée Feyder, à Epinay-Sur-Seine (93), elle n’a tout simplement pas eu lieu dans les temps : pas d’emploi du temps, des listes de classes non-conformes et des locaux, en travaux, dans lesquels les élèves n’ont pas la place de circuler. Y compris les toilettes – 1 pour 1 000 élèves – laissent présager des conditions d’étude données aux élèves de cet établissement, déclassé des zones d’Education Prioritaire où les effectifs sont pléthores. « Avec cette grève, nous avons obtenu une classe supplémentaire pour prendre en charge les élèves de terminale ES en surnombre et nous avons pu éviter de passer à plus de 35 élèves par classe. » expliquent les enseignants dans une tribune d’alerte publiée dans Libération. Mais à trois semaines de la rentrée, les difficultés persistent et poussent les enseignants à maintenir leurs mobilisations pour exiger des moyens supplémentaires. « Ce n’est pas seulement notre lycée qui est en jeu. L’enjeu est politique et social. Qui se préoccupe de savoir si 1 700 élèves de Seine-Saint-Denis réussiront à travailler pendant trois ans (le temps de leur scolarisation en lycée pour les élèves entrant cette année en seconde) dans une ruine bruyante, entassés entre les tractopelles ? Qui se préoccupe de savoir comment ils vivent cette rentrée où on les malmène ? Peut-on imaginer une situation semblable au lycée Henri-IV ? » dénoncent-ils. « Comme à Epinay, à Sarcelles, au Blanc-Mesnil, à Nanterre, à Aulnay-sous-bois, les rentrées sont catastrophiques. »

Ce vendredi 21 septembre, au lycée Mozart du Blanc-Mesnil, des élèves ont bloqué leur lycée pour apporter leur soutien aux enseignants en grève. Le lycée a vu son nombre d’élèves augmenter de 40% en 4 ans. Au lycée Jean Zay à Aulnay, les enseignants se sont de nouveau mis en grève mardi 25 septembre après celle du 13 septembre : « Nous demandons toujours une augmentation des moyens proportionnelle à l’augmentation des effectifs » qui ont augmenté de 29,5 % en 4 ans, réclament-ils dans leur communiqué, où la goutte d’eau a été le non renouvellement d’un personnel de vie scolaire en poste depuis 10 ans.

Contrairement à la rentrée 2017, cette année, le mouvement de protestation, très important sur le département, dépasse largement les contours de la Seine-Saint-Denis.

Une grogne généralisée dans les lycées : sureffectifs, baisse du taux d’encadrement, locaux exigus

En Ile-de-France, le lycée Gustave Monod d’Enghien-les-Bains, est entré en grève lundi 24 septembre : le renvoi de deux surveillants « sans préavis et dans des conditions inhumaines inacceptables » a été la goutte de trop dans un établissement où les personnels réclament depuis la rentrée des moyens humains supplémentaires. Un mouvement de grève a également touché le lycée Joliot-Curie de Nanterre (92), le lycée polyvalent de Cachan (92), le lycée de l’Hautil à Jouy-le-Moutier (95), à Charenton (94). Y compris le lycée La Bruyère de Versailles est touché par un mouvement de grève pour cause d’effectifs pléthoriques, de locaux exigus et des problèmes d’encadrement.

Des grèves appelées en ordre dispersé

Face aux annonces de Blanquer d’une suppression de 2 600 postes dans le secondaire, les organisations syndicales enseignantes ont décidé d’appeler à la grève… mais en ordre dispersé. Jeudi 27 septembre, ce sont les enseignants des formations professionnelles qui sont appelés dans la rue contre la réforme qui les touche : celle- ci prévoit de supprimer 10 % du volume horaire d’enseignement. En conséquence, la formation, notamment généraliste, des élèves sera sacrifiée ; de nombreux postes prévoient d’être supprimés. Le 9 octobre, appelés par l’Intersyndicale de la Fonction Publique, aux côtés de leur collègues du secteur public, les profs pourront défiler contre le plan CAP 2022. Plutôt que de faire de ces dates, proches, des axes de mobilisation générales pour les enseignants, le SNES-FSU, le SGEN et l’Unsa, très certainement sous la pression des mobilisations en cours appellent, le 12 novembre à une mobilisation spécifique pour les lycées. Un horizon très lointain alors que se poursuivent localement des mouvements de grève dans les établissements et qu’il semble urgent de trouver des cadres d’élargissement commun pour mettre un coup d’arrêt à la saignée qui touche en particulier les lycées, mais plus largement l’éducation secondaire publique.

A peine sorties, les annonces du ministère de l’Education Nationale viennent se briser sur la réalité du terrain. Faire baisser les postes de personnel administratif et d’enseignants dans le secondaire sans augmenter les effectifs par classe ? L’équation, au demeurant absurde du point de vue des chiffres du chômage et de l’impératif d’un partage du travail, paraît impossible tandis que les effectifs dans les établissements continuent d’augmenter. Les enseignants du secondaire l’ont déjà compris. Reste à se saisir des mobilisations locales en cours pour généraliser le mot d’ordre des moyens supplémentaires et des conditions de travail et d’étude dignes pour les personnels de l’Education Nationale et les élèves.

Crédits : LP/Aurore Esclauze

 
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