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La Izquierda Diario
2 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

Le « marché » des retraités
EHPAD privés : objectifs de "30% de marge" et... 2000 euros de restes à charge pour les retraités.
Max Demian

Les retraités sont un business rentable pour les EHPAD privés. Leur objectif a été clairement annoncé par un ancien directeur : réaliser 30% de marge. Alors que les entreprises encaissent, les retraités, eux, décaissent : une étude de la Mutualité Française démontre que le reste à charge pour les résidents des EHPAD atteint 2000 euros, dépassant largement leurs revenus.

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En France, environ 25% des EHPAD sont des groupes privés à but lucratif. Pour autant, si le privé est plus plus cher, cela ne signifie pas qu’il est de meilleure qualité. Tout au contraire. Comme l’écrit un article du Monde intitulé : « Les maisons de retraite privées : un business rentable »l : « le taux d’encadrement, moins subventionné, y est généralement inférieur à celui du public et s’élève, selon l’enquête de la CNSA, à 61 personnels pour 100 résidents, contre 80 pour 100 dans les établissements publics les mieux dotés rattachés à un hôpital et 60 pour 100 lits occupés dans le privé associatif. » Dans Envoyée Spécial, un ancien directeur d’un Orpéa racontait qu’on lui demandait de "faire de la qualité au moindre coût" comme est-il expliqué dans un article du nouvelObs. L’article continue : "Son premier objectif était très clairement d’ordre financier : on exigeait de lui 30% de marge annuelle. Et il avait pour consigne de ne pas compléter l’enveloppe de l’ARS."

Autrement dit, il s’agit de réaliser le maximum de profits pour ces entreprises, et ce sur le dos des personnes accueillie du personnel. Les conditions d’accueil sont dégradées, les personnels présurés pour « rentabiliser » leur temps, les occupations de lits posées aux maximum etc. Tout ici, du personnel aux personnes accueillies, est une variable d’ajustement au service d’une rentabilité monstre. Les personnes hébergées sont des "clients", les personnels de véritables machines. On apprenait ainsi dans un récent reportage d’Enquete Exclusive consacré aux EPHAD qu’une aide-soignante employée par Korian - 163 millions d’euros de bénéfice et près de 16% de marge -, conteste devant les Prud’hommes son licenciement, fin 2016, pour "insubordination". Elle avait été licenciée pour ne pas avoir respecté le quota de trois couches par jour et par résident.

Et les financiers charognards ne s’y sont pas trompés. Alléchés par l’odeur de l’argent, les voilà qui essaient de se tailler une part dans ce juteux « marché » comme l’écrit Le Monde dans ce meme article : « Le secteur privé des Ehpad est, en effet, devenu un produit d’investissement qui intéresse les fonds de pensions et les épargnants : « Pour 110 000 euros, ils achètent les murs d’une chambre qui leur rapportera, sans grand risque, entre 5 % et 6 %, soit plus qu’une assurance vie, avec un statut fiscal intéressant du loueur meublé non professionnel » confirme Pierre Errera, d’Ehpad Invest, intermédiaire spécialisé qui reconnaît que certains opérateurs privés ont vendu des chambres à des prix surestimés, contraignant les exploitants à baisser les loyers versés aux investisseurs. »

Ainsi, ce sont deux grandes entreprises – cotées en bourse – qui se partagent le marché. Toutes deux réalisent des profits colossaux pendant que les conditions d’hébergement se dégradent, et alors que les reste à charge des retraités dépasse en moyenne largement leurs revenus. En 2017, on apprenait que le groupe Korian a engrangé 163 millions d’euros ; son concurrent, Orpéa, un « petit » 89 millions d’euros. Korian, avec 24 158 lits, a réalisé 15,5 % de marge et un bénéfice de 6 %, en 2016 ; et en cinq ans, il a même doublé le dividende versé à ses actionnaires.

Pendant que les actionnaires encaissent, les retraités, eux, décaissent. Une étude de la Mutualité française démontre que le reste à charge dépasse en moyenne de deux fois le niveau de vie des personnes âgées. Comme le résume un article du Monde : « Malgré les aides existantes, leur reste à charge mensuel varie de 2500 euros à 4050 euros, en fonction du revenu et des aides financées par chaque département. »

Malgré toutes les tentatives frelatées de Macron pour changer son image, une chose est certaine : avec lui, les plus précaires n’ont pas fini – au sens propre comme au figuré – de payer. Pendant ce temps, les riches encaissent la monnaie.

Crédits : ILLUSTRATION JEAN-CHRISTOPHE SOUNALET

 
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