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La Izquierda Diario
4 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

Zizanie en macronie
Démission de Collomb. Pour minimiser la crise, Macron parle de « péripéties »
Julian Vadis

Le maintien de la démission de Gérard Collomb du poste de ministre de l’intérieur a approfondi un peu plus la crise politique qui traverse la macronie. Après avoir cherché à maintenir son ex-fidèle, Macron a d’abord joué la carte de l’autorité. Impuissant, le « président des riches » parle aujourd’hui de « péripéties ».

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Crédit photo : ALBERTO PIZZOLI/AFP

Macron a dû se faire une raison. Après avoir refusé la démission de Gérard Collomb, le « président des riches » s’est heurté à l’intransigeance du plus fidèle de ses ministres, qui a maintenu sa décision pour briguer un nouveau mandat à la mairie de Lyon. Un été ponctué de crises, l’apparition des failles au sein de la majorité LREM à l’Assemblée, des ministres clés, dont deux d’Etat, qui abandonnent le navire et une popularité au plus bas ont donc plongé l’ensemble du macronisme dans une profonde crise, au moment d’entamer l’an II du quinquennat.

Si, avec Hulot, Macron perdait son ministre le plus populaire, le « président des riches » a perdu avec Collomb son plus fidèle lieutenant. Celui qui avait, les larmes aux yeux, affirmé que l’élection de Macron était une véritable révolution. Celui aussi à qui il doit, de par une déclaration fracassante, son « aura jupitérienne » synonyme de stature de « président invincible ». Comme un signe, c’est au moment où Macron semble revenu sur terre que Collomb sort du gouvernement en fracassant la porte, aux forceps, et plongeant un peu plus la macronie dans la crise.

La presse fracasse le « tempérament » de Collomb pour masquer la crise

On se souvient de la véritable opération de démolition de la part de la presse dominante toute entière à l’envers de Nicolas Hulot à l’annonce de sa démission. Passer le choc de l’annonce, en direct sur France Inter, l’ensemble des éditorialistes et analystes politiques ont inondé les ondes et les papiers d’une seule et même analyse. L’ex-présentateur d’Ushuaïa n’était rien d’autres qu’un « utopiste », un « homme instable » pouvant exploser à tout moment en cédant à ses affects. L’objectif étant bien entendu de présenter cette démission comme un accroc peu significatif.

Difficile de tenir une ligne similaire concernant l’austère Gérard Collomb, et ce pour diverses raisons. Non seulement, il s’agit d’un poids lourds du monde politique, et non pas une émanation de la « société civile », mais aussi parce que les multiples démissions mettent à mal la théorie de « l’accident » dû à des traits de caractères personnels.

Et pourtant, la presse dominante cherche à jouer cette carte. L’exemple le plus frappant étant un article publié par le journal Le Point ce jeudi 4 octobre, dont le titre est explicite : Collomb en pleine crise... d’adolescence. Ainsi, le futur ex-ministre de l’Intérieur ne serait guidé que par ses « états d’âmes » et n’aurait démissionné qu’uniquement pour privilégier ses « ambitions politiques ». Même si Collomb est sans aucun doute guidé par ses intérêts personnels, chercher à faire croire que sa démission n’est en rien un symptôme de la crise actuelle du macronisme risque d’être difficile à faire passer...

Après avoir cherché à imposer son autorité, Macron se retrouve impuissant

Voilà donc Macron dos au mur, après son échec pour maintenir Collomb coûte que coûte au gouvernement, au prix d’un haussement de ton qui a fait chou blanc. En ne rentrant pas dans le rang suite aux remontrances de « Jupiter », Collomb a ainsi mis à nu la perte d’autorité du président de la République. Un signe de plus de son épuisement, à quatre ans de la fin de son mandat.

Impuissant, Macron a répondu ce 4 octobre en cherchant désormais à minimiser l’affaire. Le gouvernement tient le cap, et tout le reste ne serait rien d’autre que des « péripéties » ! Il y a de quoi être sceptique... Surtout que le maintien de la démission de Collomb ne marque pas la fin, mais le début des difficultés.

De fait, Macron se retrouve face à la question d’un remaniement gouvernemental large, et ce alors qu’il bénéficie toujours d’une majorité importante à l’Assemblée Nationale. Une situation pour le moins singulière, mais qui pourrait s’imposer pour endiguer l’hémorragie. En effet, rien ne dit que d’autres ministres ne pourraient pas être tentés par l’option « quitter le navire », et en premier lieu Edouard Philippe, le premier ministre.

Mais au-delà de ce scénario, plus de moyen/court terme, c’est une question plus immédiate qui se pose : qui pour remplacer Gérard Collomb dans l’un des ministères clé de la V° République ? C’est aujourd’hui une question qui préoccupe beaucoup la presse dominante. Il est vrai que les options disponibles ne sont pas légion, et qu’il est probable que Macron doive se résigner à nommer un second inconnu du grand public. Une problématique de plus qui démontre que la crise politique qui touche le gouvernement depuis l’été n’est en rien conjoncturelle, mais touche au cœur l’ensemble du macronisme, jusqu’à installer une ambiance de quasi fin de règne.

 
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