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La Izquierda Diario
12 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

Approfondissement de la crise au sein de la macronie
L’interminable séquence de remaniement : Macron peine toujours à trouver la formule
Lili B

Jamais, sous la Ve République, un remaniement n’aura été aussi long. En effet, cette opération, qui devait être un moyen de trouver un « second souffle » après l’affaire Benalla et les démissions d’Hulot et de Collomb, tourne au fiasco et témoigne de l’approfondissement de la crise du macronisme et des dissensions internes qui émergent au sein de la République En Marche.

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Attendu depuis plus d’une semaine, Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’ont toujours pas réussi à mettre en place le nouveau gouvernement, qui devrait maintenant être annoncé courant de la semaine prochaine. Au sein de la Ve République, le remaniement gouvernemental ainsi que le remplacement d’un ministre de l’intérieur n’a jamais été aussi long...!
Il faut dire que les enjeux sont de taille pour l’exécutif. En effet, à l’approche des européennes et alors que de nombreuses contre réformes, avec tout le potentiel explosif qu’elles représentent, à l’instar de celle des retraites qui constitue l’enjeu central du quinquennat, ne sont toujours pas passées, Macron se doit de former un gouvernement de combat - à l’heure où LREM a peu d’assises et de poids lourds dans ses rangs - qui soit constitué d’hommes et de femmes de confiance qui, cette fois-ci, ne le lâcheront pas.

En effet, après les démissions de Nicolas Hulot et de Gérard Collomb, qui l’ont considérablement ébranlé alors que ce dernier était déjà affaibli par l’affaire Benalla, Macron tente de tirer les bilans et de faire en sorte que ces situations ne se reproduisent plus. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ce dernier peine aujourd’hui à trouver la « formule juste ». S’il doit mettre en place un gouvernement de combat prêt à en découdre avec la jeunesse, les retraités, les travailleurs, en détruisant les derniers acquis sociaux du mouvement ouvrier, il doit également prendre en compte son impopularité grandissante, qui s’exprime notamment à travers sa chute record dans les sondages et son manque criant de base sociale à gauche. Mais aussi répondre à une demande en interne, avec des membres LREM qui exigent davantage de vernis social et de gestes à gauche.

De ce fait, Macron a tenté, dans son opération remaniement, de nommer à son gouvernement des personnalités issues de la gauche, ceci dans un souci de « rééquilibrage » et de recherche de « juste milieu ».
Une stratégie qui, même s’il est fort probable qu’elle n’aurait dupé personne tant la politique menée par le gouvernement est antisociale, n’a pour le moment pas fonctionné. En témoigne le refus qu’Edouard Philippe et Emmanuel Macron ont essuyé de la part de Mathieu Klein, président PS du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et ancien porte-parole de Manuel Valls à la primaire 2017, qui a refusé le poste de ministre proposé par le gouvernement. Au vu de la politique très droitière de l’exécutif, le PS voit un espace s’ouvrir à gauche et ses apparatchiks ont peu d’intérêts à rejoindre le gouvernement Philippe, hormis pour apparaître comme une caution de gauche de ce dernier.

Edouard Philippe, qui est sorti renforcé de la crise de cet été en étant apparu comme l’homme fort et stable du gouvernement, a quant à lui à l’inverse chercher à renforcer l’aile droite du gouvernement, en ayant notamment proposé Gérald Darmanin, puis Jean Castex, deux sarkozystes, au ministère de l’intérieur. Ce qui aurait apparemment été refusé.

Malgré ce refus, l’une des hypothèses probables serait que le centre-droit, avec la droite juppéiste notamment, sorte renforcée de ce remaniement. Dans cette interminable séquence de remaniement gouvernemental, la droite juppéiste, qui pourrait apporter à la macronie ce qu’elle n’a pas, à savoir une assise politique et des poids lourds, tente effectivement de profiter de cette faiblesse du macronisme pour placer ses pions. Ainsi, Juppé a publiquement apporté son soutien à Emmanuel Macron pour les européennes, validant la ligne stratégique défendue par ce dernier, à savoir le pseudo clivage entre progressistes et nationalistes. Jean Pierre Raffarin a quant à lui ouvertement appelé En Marche « à aller vers une logique de coalition », avec « des gens du centre gauche » mais aussi « le centre droit », « des gens, par exemple, proches d’Alain Juppé » . Un message qui a été approuvé par Matignon, au travers notamment du conseiller politique d’Edouard Philippe, Gilles Boyers, qui a salué un « message positif ».

Cette interminable séquence de remaniement témoigne ainsi des énormes difficultés de Macron à trouver la bonne formule pour cette refonte gouvernementale mais également des dissensions au sein même de la macronie, aujourd’hui en crise et moins homogène qu’à ses débuts.

Les divergences entre Edouard Philippe et Emmanuel Macron sur ce dossier, qui ont été montées en épingle par les médias bourgeois, en sont l’illustration, et témoignent également des doutes qui émergent au sein de LREM envers Macron. En effet, un secteur des marcheurs commence à ne plus avoir confiance en ce dernier. Certains proches d’Edouard Philippe ont par ailleurs mis en avant son rôle de maintien de la stabilité de l’exécutif, à l’inverse de Macron, à qui l’on attribue le camouflet de la démission de Nicolas Hulot et de Gérard Collomb.

Ainsi, comme le déclare Guillaume Tabard, éditorialiste du Figaro, « cette séquence est donc moins révélatrice d’un différend supposé entre Macron et Philippe que d’un doute naissant chez les macronistes sur l’autorité de leur champion. »

Alors que Macron, essayant de nier la crise actuelle et sa profondeur, tente dans cette séquence de faire preuve, tout comme ses ministres, de sang froid et de sérénité, il apparaît évident que ce remaniement, qui devait être le « second souffle » qui relancerait son quinquennat, témoigne d’un nouvel essoufflement de son « projet » .

 
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