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La Izquierda Diario
5 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Casse de l’hôpital publique
« C’est l’ubérisation de notre métier », les ambulanciers fortement mobilisés
Damien Bernard

Pendant plusieurs heures, près de 2000 ambulances ont bloqué le périphérique parisien pour dénoncer l’uberisation du métier d’ambulancier. Un mouvement qui a pris de l’ampleur dans toute la France, comme à Lille ou dans la région Est.

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Crédits photos : © France 3

Le gouvernement entend poursuivre sa casse non seulement de l’hôpital public, mais de l’ensemble du service public : désormais il entend en finir avec les petits ambulanciers. En réponse, dans toute la France, les ambulanciers ont manifesté, faisant s’accumuler les bouchons.

Les blocages ont commencé tôt ce matin sur l’autoroute A4, avant de trouver un débouché sur le périphérique parisien générant plus de 400km de bouchons. Dans la périphérie de Lille, l’A25 a été bloquée dans le sens Lille-Dunkerque entrainant ainsi des bouchons importants sur le périphérique Sud. Dans l’Est, une soixantaine d’ambulances ont participé à une opération escargot sur l’A31 et l’A3. Un mouvement qui commence à s’étendre nationalement faisant suite à plusieurs mobilisations locales durant le mois d’octobre comme à Strasbourg, ou encore à Nice. Les forces de police étaient massivement présentes, comme une forme d’intimidation, créant un certain nombre de tensions.

Une attaque contre les petits ambulanciers au profit des grandes entreprises

Les raisons de la colère ? La mise en application de l’article 80 de la loi de finances sur la sécurité sociale à la date du 1er octobre 2018. Cet article voté en 2017 qui donne la responsabilité du financement des transports des patients directement aux établissements de santé alors qu’il était précédemment pris en charge directement par la sécurité sociale. Désormais, l’Assurance maladie ne rembourse plus les transports en ambulance déclarés par les patients mais « alloue » un budget « transport » aux hôpitaux. Dès lors, pour les artisans ambulanciers, c’est en quelque sorte, la fin des transferts interhospitaliers depuis le 1er octobre. « J’ai perdu 50% de mon chiffre d’affaires, témoigne un ambulancier. Cette activité qu’on nous enlève au profit de grands groupes est vitale » pour la majorité des artisans. Les ambulanciers choisis par les hôpitaux seront mis en concurrence, privilégiant les grandes entreprises comme Keolis, Veolia, le tout sous couvert de « lutte contre la fraude » selon le gouvernement.

Comme l’affirme un témoignage vu sur un site dédié au handicap : « Un aller-retour en ambulance entre Vichy et Romagnat, à 70 km, c’est 450 € aller-retour ! Certaines familles n’ont pas eu d’autre solution que de laisser leur enfant au centre, le week-end. C’est inadmissible. » Dans le Puy-de-Dôme, une mobilisation de plusieurs associations, ainsi qu’une manifestation ont été organisées le jeudi 31 octobre pour exiger la prise en charge du transport à domicile le week-end. Une mobilisation victorieuse qui a imposé à la direction du CMI de Romagnat de « prendre à nouveau en charge le transport à domicile le week-end à partir du 3 novembre. »

L’ubérisation des ambulanciers s’inscrit dans la casse de l’hôpital publique

Ces mesures gouvernementales visant à la fois ambulanciers et patients sont à inscrire dans une logique plus générale de casse de l’hôpital public. D’un côté, les grandes entreprises n’hésiteront pas à lésiner sur la qualité pour faire du chiffre et éradiquer les petits artisans au mépris de la santé des malades, de l’autre, les patients seront traités dans une logique de « transports de colis » et de dégradation du service publique. Comme l’explique le site Faire-face, dans le CMI de Romagna, un patient de 17 ans qui revenait habituellement en ambulance a dû depuis le 1er octobre être ramené chez lui en taxi spécialisé. « Dans une position qui n’est pas du tout confortable pour lui, déplore sa mère, Betty Gruet. Ce n’est pourtant pas un colis ! Et les jours et horaires nous sont désormais imposés. »

Traiter les patients non seulement comme des clients mais aussi comme des colis : c’est l’ubérisation made in Macron.

 
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