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La Izquierda Diario
6 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Les morts de la gentrification
Marseille : au moins quatre morts et cinq disparus dans l’effondrement des immeubles
Cléo Rivierre

Lundi en début de matinée, deux immeubles s’effondraient rue d’Aubagne. À l’heure actuelle, on compte quatre morts dont les cadavres ont été retrouvés sous les décombres ; ainsi que cinq à huit disparus. Ces immeubles populaires étaient insalubres et considérés comme dangereux et rien n’était fait pour en protéger les habitants, les moyens étant mis en priorité dans des rénovations et constructions visant à attirer des populations plus aisées dans le centre-ville marseillais.

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Crédit photo : Twitter Marins-Pompiers de Marseille

Lundi 5 novembre dans la matinée, deux immeubles s’effondraient à Marseille, au 63 et 65 rue d’Aubagne. Dans la soirée, lors des recherches, un troisième immeuble s’est effondré, le numéro 67. Mardi matin, ce sont les dépouilles de deux hommes et deux femmes qui ont été retrouvées par les secouristes dans les décombres. Alors que les opérations de recherches doivent encore durer plusieurs jours, cinq à huit personnes pourraient encore être ensevelies. Parmi elles, une femme qui devait aller chercher son fils à l’école lundi et dont on a aucune nouvelle ; elle vivait au premier étage du 65 rue d’Aubagne.

Selon la mairie, les numéros 63 et 67 étaient murés et abandonnés mais les riverains déclarent que le 63 était régulièrement squatté par des jeunes. Le numéro 65 quant à lui comportait dix appartements dont neuf étaient habités. Cet immeuble était considéré comme « logement indécent » tandis que les deux autres comportaient une « présomption de péril ».

Parmi les habitants du numéro 65, certains étaient absents lundi matin lors de l’effondrement : ils étaient partis au vu de l’état de dégradation avancée de leur immeuble. Sophie, 25 ans, étudiante en master de philosophie, louait un studio au cinquième étage pour 330 euros par mois. Elle s’était réfugiée chez ses parents dimanche soir. Dans des propos relayés par Libération, elle déclare : « Depuis plusieurs semaines, les murs bougeaient, des fissures étaient apparues. [...] Je n’arrivais presque plus à ouvrir ma porte, j’ai eu peur de me retrouver prisonnière ». Les habitants avaient pourtant alerté le syndic de l’immeuble ainsi que le propriétaire, mais sans succès : seules quelques réparations superficielles avaient été effectuées, puis l’on avait indiqué aux habitants qu’ils pouvaient réintégrer leurs logements. En octobre, la situation s’étant dégradée, Sophie avait relancé le syndic qui lui avait assuré que tout était en ordre.

Jean-Claude Gaudin, maire LR de Marseille, a osé déclarer que ce drame était dû aux « fortes pluies » tombées sur Marseille ces derniers jours... Une position d’un grand cynisme de la part d’une mairie qui était parfaitement au courant de la situation d’insalubrité et de dégradation d’un grand nombre d’immeubles marseillais. Marseille est l’une des rares villes où le centre-ville est encore en partie habité par les classes populaires. Le quartier de Noailles, où se situe la rue d’Aubagne, fait partie de ces quartiers. Mais à l’image des immeubles qui se sont effondrés, de nombreux logements sont insalubres voire indignes et les quelques rénovations qui y sont effectuées ne visent qu’à faire augmenter la valeur marchande de ces quartiers, chassant de fait les plus pauvres. Face aux prix prohibitifs des logements rénovés et au manque de places en HLM, il ne reste plus d’autres choix aux plus précaires que de louer à des marchands de sommeil ces logements dégradés. Ainsi, plus d’un Marseillais sur huit vit dans un logement insalubre.

Dans cette situation dramatique, comment ne pas faire le lien avec le projet en cours de réaménagement de la Plaine, à quelques pas de la rue d’Aubagne ? La place Jean-Jaurès, dite « la Plaine », est un haut lieu de la vie populaire marseillaise, avec notamment un marché et des cafés. Le projet, suscitant une vive opposition de la part des habitants, prévoit une « requalification » qui a tout de la gentrification et qui doit coûter plusieurs millions d’euros. Il doit notamment aboutir à l’installation de 21 caméras de surveillance et une quasi-suppression du marché ; de plus, la rénovation ferait augmenter les loyers des logements alentours. Une ligne assumée par Gérard Chenoz, adjoint au maire et président de la société qui s’occupe des travaux (la SOLEAM), qui déclarait : « pour que les gens soient mélangés, il faut que certains partent ».

Face à une contestation grandissante de ce projet, la SOLEAM a investi la semaine dernière près de 400 000 euros pour murer la place. Pendant ce temps, la mairie et la préfecture de police emploient aussi les grands moyens pour réprimer la lutte des habitants et des militants, avec l’envoi régulier de compagnies de CRS.

 
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