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La Izquierda Diario
6 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Le colonialisme à la française
Les Kanaks votent oui à l’indépendance mais le non l’emporte
Sadek Basnacki

Le gouvernement et le président Macron en tête ont célébré la victoire du non au référendum sur l’indépendance de la Kanaky. Pourtant lorsque l’on regarde de plus près les résultats du vote on constate que les Kanaks ont voté majoritairement pour l’indépendance. Ce serait entre 80 et 90% des Kanaks qui auraient voté pour l’indépendance. Retour sur un droit à l’autodétermination bafoué par le colonialisme français.

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Crédit photo : DR

Macron lors d’une allocution télévisée après le scrutin a déclaré « les électeurs ont pu choisir souverainement, en connaissance de cause, la relation entre la Nouvelle-Calédonie et la France. Ils se sont exprimés aujourd’hui, majoritairement, pour que la Nouvelle Calédonie reste française ». Effectivement avec un taux de participation exceptionnel de 80,63 %, 56,4% ont voté pour le non contre 43,6% pour le oui. Pourtant, lorsque l’on regarde la carte représentative de la répartition des votes, on constate que la carte est divisée en deux, entre le oui et le non, et surtout que le oui l’emporte là où les Kanaks sont majoritaires.

On est bien loin de la « marque de confiance dans la République » qu’analyse Macron. Si le non l’emporte, c’est bel et bien parce que les non-kanaks ont pu voter. Près de 12 000 Kanaks n’ont pas été inscrits sur les listes électorales.

La carte représentant la répartition des votes montre une vraie cassure dans l’archipel. Le Sud plus développé, où il y a les plus de Caldoches a voté majoritairement pour le non. Au nord, où les Kanaks sont majoritaires c’est le oui à l’indépendance qui l’a emporté. France Info livre certains détails des résultats du vote : « la province Nord de la Grande Terre (40 000 électeurs inscrits) a largement voté "oui" à l’indépendance avec 76,98% des voix contre 23,03% des voix pour le "non", selon les chiffres du Haut-Commissariat. La province des îles (22 200 électeurs inscrits) a elle aussi voté "oui" à l’indépendance, avec 82,18% des voix. » E

En revanche, : « 73,7% des électeurs ont voté pour le "non" à l’indépendance dans la province Sud (112 000 électeurs inscrits). Cette province (où se situe Nouméa) est deux fois plus peuplée que la province Nord et la province des îles réunies. Ce qui explique que le "non" l’emporte largement au final sur tout l’archipel. »

Les Kanaks sont en minorité sur leur propre sol. De fait, dès le départ, le référendum était biaisé. La concentration des Caldoches est plus forte dans le sud, notamment à Nouméa. Le Nord est 4 fois moins peuplé que le Sud et les Kanaks y représentent 70,5% de la population contre 26.1% dans le Sud. Le territoire des îles Loyauté au Nord est peuplé à 94% de Kanaks. Il est composé des îles Maré, Lifou et Ouvéa. Le oui l’a emporté respectivement à 84,8%, 79,92% et 84,18% sur ces îles.

Le vote pour l’indépendance de la Kanaky est illégitime notamment du fait du corps électoral. Les européens n’ont pas voté lors du référendum sur l’indépendance de l’Algérie. Ici, les colons ont le droit de vote et on constate que cela à une importance non négligeable sur le résultat.

Les régions massivement peuplées par les Kanaks sont les plus pauvres et les moins « développées »

Lorsque l’on regarde les cartes de l’INSEE, on voit clairement que la division électorale du Cailloux se joue également autour du développement économique et social de la Kanaky. En effet, le sud de l’archipel est en meilleure situation économique et sociale. Au nord, le chômage est massif, le nombre de non-diplômés dépasse les 50% de la population.

C’est aussi ça la colonisation. Les territoires à majorité autochtone sont dans une pauvreté structurelle lorsque le sud où se concentrent les élites, les autochtones sont en minorité et n’occupent pas de postes clefs. Le premier Kanak a devenir avocat a prêté serment en… 2016. C’est-à-dire 163 ans après le début de la colonisation.

Le peuple Kanak s’est vu voler son droit à l’autodétermination. L’UNI-FLNKS a demandé un nouveau référendum à Edouard Philippe lors de sa venue sur le Cailloux. Le but est de pousser les abstentionnistes à voter pour l’indépendance en 2020. Cette stratégie ne peut fonctionner puisque même si des européens ou des non kanaks ont voté pour le oui, les Kanaks étant en minorité, en voyant 12 000 des non-inscrits dans le corps électoral alors même que des Caldoches le sont, il est quasiment impossible d’obtenir un résultat positif via un référendum. Ce référendum démontre pourtant une réalité : les Kanaks ont voté massivement pour leur indépendance et les Caldoches, eux, ont voté pour la continuité de la colonisation.

 
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