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La Izquierda Diario
13 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Après la casse du service public ferroviaire…
La SNCF cède Ouibus à Blablacar : une centaine d’emplois supprimés !
Flo Balletti

L’annonce de son rachat par Blablacar à peine effectuée, Ouibus, désormais ex-filiale des « bus Macron », va subir un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avec à la clé la suppression de 95 postes. Comment ne pas relier cette annonce à l’adoption du pacte ferroviaire et la privatisation de la SNCF qui lui permet de vendre à tour de bras toutes ses filières non rentables et de lâcher les salariés qui vont avec ?

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Crédit image : site Vavabid

“C’est un nouveau projet structurant pour l’aventure Ouibus, qui devrait nous porter encore plus loin dans notre expansion internationale. Nous sommes extrêmement fiers de prendre la route aux côtés de BlaBlaCar, qui porte une vision novatrice de la mobilité depuis plus de 10 ans et fait rayonner l’innovation française dans le monde”. Il y a de quoi se pincer en lisant Roland de Barbentane, directeur général de Ouibus, dans le communiqué de presse du rachat publié par la SNCF.

Le « projet structurant » débute en l’occurrence par l’annonce d’un PSE et la suppression de 95 postes sur environ 200. Voici une belle « vision novatrice de la mobilité », une « innovation » afin de réduire les coûts d’une structure largement déficitaire depuis sa création. FranceInfo nous append effectivement qu’avant la cession, Ouibus doit complètement abandonner l’exploitation d’autocars en propre et procéder à un plan de licenciements. C’est ce qui explique que 85 des 95 postes visés sont ceux de chauffeurs.

La SNCF a beau annoncer qu’ils seront reclassés en son sein ou dans l’une de ses filiales, les salariés de Ouibus ne sont pas dupes. Un représentant du personnel exprimait son étonnement et sa colère dans les colonnes du Monde : « Nous sommes abasourdis. On nous explique que nous serons tous reclassés mais si on regarde les emplois possibles on passe de 2 200, et même plus, à 1 500 euros de salaire. Des gens ont fait des emprunts, acheté des maisons… Tout le monde est écœuré. »

Ouibus, filiale déficitaire depuis sa création

Depuis 2013, les pertes accumulées par Ouibus sont énormes. Elles atteignent 165 millions d’euros. La société enregistrait un déficit net de 36,1 millions d’euros en 2017 et les prévisions pour 2018 restent dans le rouge (déficit de l’ordre de 25M€), bien que le mouvement de grève contre le pacte ferroviaire ait profité au transport routier.

Ces pertes s’expliquent par un mauvais choix de bus de la part de la direction : constitués de trois essieux, ils consomment « un pognon de dingue ». De plus, si elle n’était pas largement subventionnée par l’État, cette ex-filiale SNCF des « bus Macron » n’aurait pu perdurer. Agités à tort et à travers pour justifier des mesures de réduction des coûts, les déficits sont pourtant logiques : il est impossible de faire du transport de personnes de qualité à bas coût en étant rentable.

Pacte ferroviaire, privatisation de la SNCF et démantèlement

Cette vente de Ouibus, qui s’accompagne du fait que la SNCF partage la plateforme de vente commune OUI.sncf avec le leader du covoiturage et entre à hauteur de 5 % au capital de BlaBlaCar, devrait n’être qu’un début vers le démantèlement de la SNCF et de ses filiales. Les ordonnances Macron, et l’adoption du pacte ferroviaire offrent en effet un boulevard dans lequel la direction de la SNCF ne manquera pas de s’engouffrer.

Avec le partage de plateforme, l’Unsa ferroviaire craint que certains habitués des TER soient réorientés vers le covoiturage. Ou comment préparer le terrain pour une suppression des petites lignes plus que jamais d’actualité… Avec des répercussions humaines (suppressions des guichets, des contrôleurs, des petites gares… ), et environnementales (avec un accent mis sur le transport routier dans la droite lignée de la mort du fret programmée par la SNCF ces dernières années) inévitables.

En fait, la SNCF s’engouffre déjà dans la brèche ouverte par le passage en force du pacte ferroviaire afin d’effacer toutes ses qualités de service public. Filialiser et fragmenter encore et encore les services afin de vendre les moins rentables, voilà l’objectif de la direction. La vente de Ouibus n’est qu’un premier exemple de la stratégie du gouvernement et de la direction de la SNCF : la privatisation et le démantèlement « en marche forcée ».

 
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