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La Izquierda Diario
20 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Du 17 au 25 novembre
Gilets jaunes et lutte féministe : division réelle ou instrumentalisation ?
Anna Bronstein

D’un côté il y a la mobilisation spontanée et imprévisible des gilets jaunes. De l’autre, la date du 24 novembre appelée par les organisations syndicales et féministes, qui s’inscrit dans la traditionnelle marche contre les violences faites aux femmes. Des luttes qui ne semblent pas avoir grand-chose en commun, et que le gouvernement et les médias cherchent à opposer à tout prix.

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Depuis que les gilets jaunes ont fait une soudaine irruption sur la scène politique et sociale, on voit fleurir dans les médias et sur les réseaux sociaux un ensemble d’articles et de tribunes qui cherchent à opposer cette mobilisation spontanée à la Journée de lutte contre les violences sexistes, appelée de longue date par un ensemble d’organisations le 24 novembre. 

Ainsi, il y aurait un temps pour lutter contre la hausse du coût de la vie, et un temps pour se mobiliser contre le patriarcat et les violences sexistes. Il y aurait d’un côté la spontanéité et l’éclectisme des gilets jaunes, et de l’autre les mobilisations sérieuses, construites patiemment par les organisations syndicales et politiques et les collectifs féministes. Un affrontement qui se joue pour l’heure essentiellement sur la toile, monté en épingle par les médias. 

Cette opposition s’appuie notamment sur les formes réactionnaires, sexistes et homophobes, qu’ont pu prendre certains rassemblements organisés par les gilets jaunes. Une femme noire traitée de « salope », un couple gay insulté et pris à partie, une femme dont des manifestants ont arraché le voile… Autant d’actes inacceptables qui ont effectivement émaillé la contestation sur les routes, et qu’il s’agit de combattre fermement. D’autant plus quand l’extrême-droite s’est montrée particulièrement active et visible sur certaines zones de blocages, alimentant les préjugés en tentant de capitaliser la colère sur la base de ses éléments les plus réactionnaires.

Mais l’exacerbation des préjugés sexistes, racistes et homophobes est une stratégie de la division maintes fois utilisée par les classes dominantes et ses relais médiatiques afin de monter des franges de notre classe les unes contre les autres. Si la lutte contre les oppressions est centrale, elle ne doit pas servir de prétexte pour empêcher la coagulation des colères et la convergence des luttes.

Pourtant, les ponts à tisser entre les mobilisations existent. Si le prétexte à la mobilisation qui a surgi samedi est la hausse des taxes sur le carburant, les revendications qui émergent son bien plus larges : contre la hausse de la CSG, contre la suppression de l’ISF, pour la démission de Macron… Et d’une manière générale, une critique de la précarité croissante. Lier ces questions aux revendications féministes des 24 et 25 novembre, c’est donner un visage à cette précarité.

Car ce sont bien les femmes les premières concernées par le coût de la vie. Ce sont les moins payées, celles qui enchaînent les jobs précaires et les temps partiels, les premières demandeuses d’aides sociales, les premières victimes des retraites microscopiques. Elles n’étaient d’ailleurs pas absentes des actions organisées par les gilets jaunes. Plusieurs femmes, témoignant de leurs conditions de vie extrêmement précaires, se sont mises à la tête de certains blocages.

Loin de mettre en opposition le 17 et le 24 novembre, il est au contraire nécessaire de chercher à transformer le mouvement des gilets jaunes en une lutte qui dépasse le cadre de revendications uniquement économiques, et qui prend à bras le corps les revendications des secteurs opprimés de la société, en radicalisant ses moyens d’actions. Les travailleurs, et en première ligne les travailleuses, doivent se réapproprier les méthodes de lutte qui ont déjà prouvé maintes fois leur efficacité, en organisant des grèves pour une hausse des salaires généralisée et en dégageant des mobilisations les éléments ouvertement réactionnaires que représentent la droite et l’extrême-droite racistes, sexistes et homophobes.

 
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