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La Izquierda Diario
20 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Instauration d’un couvre-feu
A la Réunion la colère contre la vie chère paralyse l’île
Aminata Diawara

Depuis samedi, le ras-le-bol contre la hausse du coût de la vie s’exprime avec force dans l’île, à 9.000 km de la métropole. Le mouvement lancé par les « gilets jaunes » a donné l’occasion d’extérioriser le mécontentement profond d’une population qui vit à 42 % en dessous du seuil de pauvreté et à 23% privée d’emploi. Le préfet a instauré un couvre-feu dès mardi soir et des renforts de gendarmerie ont été déployés. La répression comme seule réponse à une population qui se sent complètement laissée-pour-compte.

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Crédits photo : Richard BOUHET / AFP

Mardi matin, 24 points de blocages étaient recensés à la Réunion, principalement à Saint-André, Saint-Louis et Saint-Paul. L’île roule au ralenti depuis l’apparition des premiers barrages routiers, samedi 17 novembre. Ce jour-là, un barrage filtrant a été dressé devant l’aéroport Roland-Garros de Saint-Denis, obligeant les compagnies aériennes à changer, voire annuler, leurs programmes de vol.

L’accès au port de commerce est bloqué depuis dimanche, laissant par conséquent le port paralysé. Trois escales de paquebot de croisière ont été annulées. Les deux usines sucrières de l’île se trouvent aussi à l’arrêt depuis samedi.

La route du Littoral, l’un de plus importants axes routiers de l’île, qui relie Saint-Denis à La Possession (à l’ouest), était bloquée depuis samedi. Lundi, la police l’a dégagée non sans affrontements, à force de lacrymogènes. Les manifestants, en colère, se sont dirigés par la suite vers le centre-ville de Saint-Denis, et ont essayé d’entrer dans l’enceinte du conseil régional, la collectivité fixant le montant des taxes sur les carburants. Les commerçants ayant baissé leurs rideaux en prévision d’affrontements, Saint-Denis avait l’air d’une ville fantôme.

Ce lundi, des manifestants ont bloqué le dépôt de carburant de l’île, obligeant le Préfet à mettre en place un dispositif spécial (ORSEC), qui prévoie la réquisition de 14 stations de services afin d’éviter une rupture d’approvisionnement pour les véhicules des services de sécurité et de secours. Les transports en commun ont été suspendus sur l’île lundi et mardi. Mardi, les autorités ont décrété la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires et des services publics. La plupart des commerces et des stations-service sont fermés. Les deux journaux locaux ne sont pas parus ce mardi à cause du mouvement.

Une colère profonde

La nuit tombée, la situation se crispe. La colère d’une jeunesse privée d’emploi, avec un taux de chômage de 41% pour les garçons et de 37% pour les filles, s’exprime ouvertement. Des groupes de jeunes en mouvement font face à la police.

Dimanche soir, à l’ouest de l’île, dans la commune du Port, ces affrontements entre jeunes et forces de répression ont fini avec un MacDo démoli, une concession automobile incendiée, et 70 voitures parties en fumée. A Saint-Benoît, à l’est de l’île, la façade d’un hypermarché a été détruite.

De journalistes sur place témoignent : "de nombreux habitants se ruent vers les grandes surfaces pour faire des provisions". Dans un quartier défavorisé de Saint-Denis, Chaudron, des clients ont forcé l’entrée du magasin Score et ont envahi les rayons. 

Une réponse : répression

Lundi après-midi, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, a annoncé l’envoi de renforts de gendarmes mobiles depuis Mayotte et la « métropole ». Elle a bien entendu soutenu la demande faite la veille par l’Unsa police allant dans ce sens qui révèle la partie prise des syndicats policiers pour le « rétablissement de l’ordre », ce même ordre social qui sème l’injustice et qui, depuis samedi, récolte la colère des réunionnais.

Le préfet de La Réunion a instauré un couvre-feu, une mesure cataloguée comme « forte et inédite » par lui-même, sur douze communes, soit la moitié de l’île. Il entre en vigueur dès mardi soir, interdisant pendant trois jours la circulation de nuit, entre 21 h et 6 h du matin.

Macron sème l’injustice et récolte la colère

La population de l’île est doublement pénalisée. A 9.000 km de la « métropole », le coût de la vie est encore plus cher que dans l’hexagone, alors que l’infrastructure et les services ne sont pas si performants. Le chômage est bien plus élevé. Le mouvement de gilets jaunes réunionnais montre ce ras-le-bol généralisé contre les taxes et la vie chère, mais aussi contre le chômage, la désertification des services publics, les fins de mois difficiles, et le manque d’avenir pour la jeunesse.

Un ras-le-bol exacerbé par la politique d’un gouvernement qui exonère de l’ISF les plus riches en même temps qu’il applique un véritable matraquage fiscal contre les travailleurs, les retraités et les secteurs populaires. Ce ne sont pas les raisons d’être en colère qui manquent.

 
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