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26 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Mobilité à deux vitesses
Loi d’Orientation Mobilité : recul partiel du gouvernement et cadeau au patronat routier
Boris Lefebvre

La ministre des transports Elisabeth Borne présentait ce lundi sa Loi d’Orientation Mobilité en pleine mobilisation des gilets jaunes.

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La présentation de la Loi d’Orientation Mobilité par la ministre des transports Elisabeth Borne ce lundi se fait dans un climat de tension inattendu pour le gouvernement depuis que les gilets jaunes ont révélé la grogne sociale qui couve partout sur le territoire. Les mobilisations des samedis 17 et 24 novembre mais aussi toutes les mobilisations qui ont eu lieu les dimanches et les autres jours de la semaine ont pesé dans la balance pour faire infléchir les annonces du gouvernement, même si les quelques ajustements à la marge restent encore insuffisant pour calmer le mouvement. Entre belles paroles et camouflets, la ministre tente de reconquérir la France des gilets jaunes, celle des territoires périphériques ou périurbains qui sont les principales victimes de la hausse du prix du carburant et de la future taxe pour la transition écologique.

Le premier secteur où la ministre des transports a dû reculer, c’est celui du transport routier. En partie issu des routiers et du patronat routier, le mouvement des gilets jaunes s’est montré très mobilisé dans ce secteur directement concerné par la taxe sur les carburants. Elisabeth Borne n’a pas voulu mettre de l’huile sur le feu avec ce secteur pour qui le prix du carburant est un sujet sensible. Elle a donc reporté à plus tard l’instauration d’une vignette pour les poids-lourds, destinée à taxer les transporteurs pour financer les infrastructures routières. Selon ses déclarations au JDD ce 25 novembre : « Aucune décision n’est prise ». La ministre préfère temporiser face à une situation instable pour le gouvernement.

Le deuxième point sur lequel Elisabeth Borne a dû faire des concessions est celui des péages urbains. Ces installations devaient instaurer un tarif de 5 euros à l’entrée des villes de plus de 500 000 habitants et de 2,5 euros pour les villes de plus de 100 000 habitants pour réduire la quantité de véhicules dans les agglomérations. Ne voulant pas « accentuer les fractures entre territoires », la ministre des transports a abandonné cette mesure qui aurait touché de plein fouet une partie considérable des gilets jaunes habitant loin des grands centres urbains et contraints de se déplacer en voiture.

En revanche, si cette mesure plus que symbolique a été remise au placard, celle qui prévoit l’installation de « zones à faible émission » (ZFE) a été maintenue. Concrètement, cette mesure vise à interdire l’accès des grandes agglomérations aux véhicules les plus polluants d’après les vignettes Crit’Air parmi lesquels on trouve les véhicules diesels les plus anciens. Ces véhicules, souvent utilisés par les ménages les plus modestes, font là encore l’objet d’une stigmatisation alors même que plusieurs élus mettent en évidence que les mesures pour aider ces ménages à changer de véhicules tardent à venir.

En ce qui concerne maintenant le contenu de la Loi d’Orientation Mobilité (LOM), la ministre des transports s’est montrée d’une rare mauvaise foi en prétendant vouloir répondre directement aux attentes et revendications qui animent les gilets jaunes. On peut le voir dans son discours sur l’accès aux trains qui traduit toute l’hypocrisie du gouvernement Macron. En effet, Elisabeth Borne est capable de dénoncer le « tout-TGV » qui « a structuré notre politique des transports pendant des décennies au détriment des transports du quotidien » et a entraîné le « tout-voiture », sans même souligner que le pacte ferroviaire signé il y a quelques mois est l’aboutissement total de cette logique. La suppression de quelques 9000 km de petites lignes, qui a impacté directement les zones rurales et périurbaines, est l’illustration parfaite de cette politique de destruction des transports de proximité.

Les 5 milliards d’euros qui seront investis chaque année pour entretenir les lignes et les 2,6 milliards investis « pour augmenter l’offre de trains du quotidien là où il y a le plus de besoins » paraissent bien éloignés des besoins immédiats des villes les plus périphériques et éloignées des grand centre urbains. Contrairement à ce que la ministre prétend, la LOM vise bien à une politique qui met les territoires en concurrence.

Aussi, les solutions qu’apporte la ministre semblent être de bien maigres consolations puisqu’elle encourage à « assouplir les règles pour faciliter le covoiturage ou le transport à la demande » pour les collectivités. Or, nombre d’entre elles n’ont pas les moyens d’instaurer une régie pouvant prendre en charge ces dépenses. C’est donc aux régions, déjà beaucoup mises à contribution avec la décentralisation de l’État, que va revenir cette nouvelle charge sans que des moyens supplémentaires ne leurs soient alloués.

La reconquête que tente le gouvernement Macron envers la France périphérique semble bien mal partie en dépit des effets d’annonce mis en avant par la communication de la ministre des transports. Le mouvement des gilets jaunes a déjà montré toute l’hypocrisie d’un gouvernement qui n’engage aucune réelle transition écologique mais qui cherche à taxer les plus pauvres et les plus dépendants de leur véhicule.

 
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