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28 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Guyane : l’Union des Travailleurs de Guyane appelle à la grève générale reconductible
Elise Duvel

Réunis en comité national vendredi 24 novembre, les 2500 adhérents de l’UTG ont voté à l’unanimité la grève générale pour le mardi 27 novembre avec reconduction. Ils demandent l’application intégrale des accords de Guyane signés en avril 2017 suite à sept semaines de mobilisation contre la vie chère et les difficultés sociales persistantes.

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Aux origines de cet appel

En 2017, pendant les élections présidentielles en françaises, la Guyane connaissait un grand mouvement de contestation. Celui-ci est parti d’une revendication sur l’insécurité, résultat de la situation coloniale que vivent les habitants guyanais. En effet, l’arc de revendication porté par le mouvement était fondamentalement social. C’était le caractère profondément inégal, plus qu’ailleurs, sur ce qui est censé être le territoire français, de la répartition des richesses que la mobilisation avait mis en lumière. Une colonie où près de 40% de la population adulte est illettrée, le taux de chômage de 22 %, et où une famille sur quatre et 40 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Or, la Guyane est un territoire stratégique pour l’impérialisme français dans le continent américain. Lorsque l’État investit des milliards d’euros pour faire décoller des fusées, il n’y a pas d’argent pour construire des collèges et des lycées ce qui laisse chaque année plus de 2000 enfants déscolarisés. Alors que la situation sociale et économique du pays est désastreuse, la seule chose qui semble inquiéter les autorités françaises est la sécurité du centre spatial de Kourou et le lancement de la fusée Ariane 5.

Cette mobilisation historique du peuple guyanais a partiellement payé. Après 7 semaines de grèves et de blocages, l’accord pour la Guyane est signé entre les différentes parties.
Il comporte plusieurs points centraux :

– un plan d’investissement de 2,1 milliards d’euros, notamment pour la santé et l’éducation, pour lesquels les Guyanais revendiquaient des infrastructures.
– L’Etat a dû céder sur la rétrocession de 250 000 hectares de terres à la Collectivité territoriale de Guyane. Il s’engageait aussi à rétrocéder les 400 000 hectares dont avaient été historiquement dépossédés les peuples autochtones de Guyane mais sans indiquer un délai de mise en œuvre.
– L’évolution du statut de la Guyane en un « statut particulier », revendication qui s’est ajoutée au cours de la mobilisation, question hautement stratégique pour l’Etat français.

L’UTG appelle à la grève générale pour « le respect des accords de Guyane et la consultation populaire afin d’effectuer une évolution statutaire ».

Dans les accords de Guyane, il est inscrit que le « gouvernement s’engage à prendre les dispositions nécessaires à la publication d’un décret convoquant le corps électoral guyanais pour une consultation de la population sur l’évolution statutaire selon le calendrier négocié entre la CTG (collectivité territoriale de Guyane) et l’Etat ». Les Guyanais ont leur projet de société à écrire. C’est pourquoi, le Congrès des élus de Guyane officialisa le lancement d’Etats généraux en octobre 2017 qui se sont tenus du 15 janvier au 31 mai 2018.
Ce mardi 27 novembre, le congrès des élus de Guyane a réuni 77 délégués (conseillers de l’assemblée territoriale, maires des communes, parlementaires) avait à l’ordre du jour le rapport des Etats Généraux mais aussi l’évolution institutionnelle ou statutaire de la Guyane.
Or, en Guyane, la situation sociale ne s’améliore pas. C’est pourquoi l’UTG appelait à la grève afin d’exiger dans ce contexte, l’application totale de cet accord ainsi qu’une véritable consultation populaire sur l’évolution statutaire.

Que signifie un « statut particulier » ?

D’après le rapport des Etats généraux, une « Nouvelle Administration Territoriale de Guyane » aurait des prérogatives plus développées tout en respectant les principes de la République française. Ainsi, la Nouvelle Administration Territoriale de Guyane » aurait plus d’autonomie en matière de gestion de santé, d’éducation primaire, développement de services publics locaux et infrastructures, énergétique, …
Mais la Guyane resterait sous le joug de l’Etat français en matière de justice, de sécurité publique, réglementation et contrôle de l’immigration, le commerce extérieur, le régime douanier, la lutte contre l’orpaillage illégal et la pêche illégale, réglementation des investissements directs étrangers hors Union Européenne. Bref, tout le volet sécuritaire et économique reste aux mains de l’Etat impérialiste français.

Ainsi, et au-delà-même de la question de la concrétisation des engagements pris avec cet accord, question majeure puisque celui signé en 2008 n’a jamais été respecté, il faut noter que le gouvernement a cédé beaucoup...pour pouvoir tenir sur l’essentiel. Le peuple Guyanais est resté entre les mains d’une France néocoloniale, qui se sert de la Guyane comme rampe de lancement de sa fusée Ariane, et donc comme moyen de puissance spatiale. Les hommes de la légion étrangère restent stationnés en permanence à Kourou pour protéger ce dispositif. Et avec eux la domination économique, culturelle et politique de l’Etat français.

L’autodétermination des peuples est un droit fondamental pour les opprimés et exploités. Ainsi, l’indépendance réelle de la Guyane et l’émancipation des travailleurs, ne peut avoir lieu que dans un processus de lutte pour l’expropriation des multinationales françaises et des capitalistes locaux par la classe ouvrière, en lutte pour un gouvernement des travailleurs en alliance avec les exploités et opprimés des autres colonies françaises de la région, avec ceux des pays voisins et avec les travailleurs de France métropolitaine.

Crédit photo : AFP/Jody Amiet

 
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