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La Izquierda Diario
28 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

TRAVAIL OU SANTE ?
Les salarié.e.s n’osent plus prendre leurs arrêts de maladie
Claude Manor

Selon une étude de Malakoff Médéric, parue le 28 novembre, 1 arrêt de maladie sur 4 n’est pas respecté. Sachant combien ces « absences » sont mal vues, de nombreux salariés préfèrent écourter ou même renoncer à leur droit de prendre le temps nécessaire à leur rétablissement… avec les risques que cela comporte.

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Chômeurs ou malades, toujours soupçonnables de « tirer au flanc »

Si vous n’avez pas de travail, c’est peut-être parce que vous avez la flemme de « traverser la rue » ? Si vous restez plus d’un mois chez vous, c’est peut-être pour aller à la pêche au lieu de bosser ? Ce venin, injecté ouvertement ou en douce, altère le bon droit des salariés à préserver leur santé. Tout en proclamant que l’arrêt de travail pour maladie est légitime et encadré par la loi, l’Etat et les patrons ne cessent de lui faire la guerre. Les uns sous prétexte que « ça coûte trop cher à la Sécu » et les autres parce que « ça nuit à l’organisation et à la productivité du travail »... bref à la sacro-sainte compétitivité.

Récemment, après que Muriel Pénicaud ait déploré sur France info une hausse des dépenses d’arrêts de maladie qui « pèse sur la Sécurité Sociale », le premier ministre a annoncé la couleur. Il a fait part de la parution d’une étude chargée de démêler dans la hausse des dépenses « la part des éventuels abus ». Sont particulièrement dans le collimateur du gouvernement les arrêts de plus de 30 jours, dits « longue durée », qui sont les plus coûteux et ont augmenté de plus de 10% entre 2012 et 2016.

Dans les entreprises également, la réprobation des arrêts de maladie va bon train. Rarement ouverte, en raison du cadre légal, elle recourt plutôt à la pression morale, voire au chantage : le client qui ne va pas être livré à temps, le collègue qui va « se taper tout le boulot », les ruptures dans l’organisation du travail ….plus rarement mais quelquefois quand même, la menace, quand on est un peu trop souvent ou trop longtemps malade …

Sous la pression, 1 salarié sur 4 renonce à son arrêt de maladie

Difficile, dans ces conditions, de ne pas se sentir contraint de traiter par le mépris son état de santé. Confortant les chiffres énoncés par Malakoff Médéric, une étude un peu plus ancienne d’Opinion Way montrait que 41% des salariés en situation de déposer un arrêt de travail ne le font pas. Ils préfèrent prendre un congé (8%) ou se rendre malgré tout au travail (33%). Quant aux arrêts de maladie effectivement prescrits, près de 23% ne sont pas suivis par les salariés, soit qu’ils ne les prennent pas du tout, soit qu’ils les interrompent prématurément.

Pourtant, les conséquences de ces renoncements sont évidemment graves. C’est une attitude dont beaucoup de salariés se mordent les doigts, a posteriori. Chez ceux qui ont renoncé à s’arrêter 24% estiment que cela a rallongé leur maladie et 22% pensent que cela a provoqué » une rechute.

Le plus fort, dans cette situation, c’est que les arrêts de maladie, et particulièrement ces fameux arrêts de longue durée qui sont dans le collimateur du gouvernement et des patrons, sont justement dus au travail lui-même, à sa pénibilité et à ses conditions d’environnement. 1 salarié sur 5 estime en effet être arrêté à cause de son travail. Les causes principales invoquées : les tensions liées à l’organisation du travail et les pratiques managériales de l’entreprise. Evidemment la perception des DRH n’est pas tout à fait la même puisqu’ils estiment seulement à 4% les arrêts de maladie imputables au travail. Une belle opération de déni et pas mal d’espace pour débusquer « les abus ».

Attention ! Négociations en perspective

La sortie de l’étude de Malakoff Médéric sort donc au moment où l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) réunit les « partenaires sociaux » avec pour objectif de revoir à la baisse une facture qui augmente de 4% par an. Les travailleurs n’ont rien à attendre de ce que les patrons peuvent mettre en place dans les boîtes pour justifier une diminution des arrêts de travail. Ils n’ont rien à espérer des prétendues mesures dites de prévention dans un système ultralibéral qui n’est qu’une machine à broyer. Ils ont tout à craindre de mesures d’accompagnement à la reprise, comme celle qui consisterait à utiliser le télétravail comme moyen de concilier boulot et arrêt de maladie ! Ils ont tout à redouter d’un gouvernement et d’un patronat qui main dans la main travaillent à détruire un à un les acquis sociaux et à disposer d’une main d’œuvre qui renonceraient même à son droit à être malade.

Une fois encore, et comme pour tout ce que concocte Macron et son gouvernement, il faut dire aux dirigeants syndicaux : « n’y allez pas, il n’y a rien à négocier ». La santé des travailleurs n’a pas à être bradée alors qu’ils hésitent eux-mêmes à faire valoir leurs droits et qu’ils s’en montrent déjà trop économes.

 
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