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La Izquierda Diario
8 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Même s’il parvient à maintenir (relativement) l’ordre
La stratégie de la peur ne fonctionne pas : une mobilisation massive à Paris et dans l’hexagone
Damien Bernard
Marina Garrisi

Si le gouvernement, bien aidé par les médias, n’a eu de cesse d’agiter la stratégie de la tension et de la peur, cela n’a semble-t-il pas fonctionné. En témoigne notamment, la très forte mobilisation à Paris et dans l’hexagone où, plus de 130 000 manifestants, selon les chiffres toujours largement sous-évalués du ministère de l’intérieur, se sont mobilisés en ce 4ème samedi de colère. Plus que jamais, il s’agit d’amplifier la mobilisation en essayant d’ œuvrer à la généralisation de la colère par la grève.

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Photo : O Phil des Contrastes.

Du point de vue du gouvernement, ce 4ème samedi à Paris, tout était fait pour éviter de voir se reproduire le « scénario catastrophe » de la semaine dernière. Et pour cause. La journée du 1er décembre et ses scènes quasi-insurrectionnelles, humiliant les forces de l’ordre qui s’étaient retrouvées totalement dépassées par la situation, avaient plongé l’exécutif dans la crise la plus importante depuis le début du quinquennat.

Ainsi, le mouvement des gilets jaunes a non seulement remis en cause l’autorité de l’Etat, mais il a obligé Macron à son premier recul depuis le début du quinquennat, comme en témoigne l’annulation en cours de la hausse de la taxe sur le carburant. Pour répondre à la crise majeure, le gouvernement a opté pour une stratégie de décompression de la colère des gilets jaunes qu’il ne peut plus ignorer.

Saut dans la militarisation comme prolongement de l’appel à « l’union nationale »

Tout d’abord, en appelant à « l’union nationale », au nom de la « nation en danger », l’ensemble des organisations sociales et politique pour faire bloc contre la violence des gilets jaunes, ce que les directions syndicales n’ont pas hésité une seconde à faire via un communiqué jugé indigne par la base. Ensuite en optant pour une stratégie visant à décrocher la masse des gilets jaunes des manifestants en agitant l’annulation, très partielle, de la hausse de la taxe du carburant, ou encore en développant une rhétorique visant à désolidariser la grande masse des gilets jaunes des soi-disant « casseurs ».

Une manœuvre que le gouvernement voulait étayer par la pratique ce samedi en ouvrant une offensive « préventive » visant à empêcher les militants dits« radicaux » de participer à la manifestation et une offensive sur le terrain pour rétablir l’autorité d’Etat en évitant au maximum barricades et insubordination face aux policiers. A 19h on comptait déjà près de 1 400 interpellations et près de 1000 garde à vue, des chiffres qui vont probablement progresser au cours de la soirée.

Malgré la stratégie de la peur : une mobilisation très massive

Tout au long de la journée, les médias n’ont cessé de se réjouir du fait que la situation était globalement « sous le contrôle des forces de l’ordre », et que la participation avait globalement faibli, certains « experts » allant jusqu’à pronostiquer la mort du mouvement. C’est se faire, sans surprise, le relais des plans et des espoirs du gouvernement.

Mais les très nombreuses actions et manifestations qui se sont étalées toute la journée en France ont largement démontré que la mobilisation était toujours aussi massive, voire opérait un saut dans une forme de radicalisation et de persistance comme à Bordeaux et à Toulouse ou dans de nombreuses villes de provinces comme à Saint-Etienne, ou encore une nouvelle fois au Puy-en-Velay. Selon les forces de police, ce sont 125 000 personnes qui ont manifesté, des chiffres toujours largement sous-évalués, mais qui montrent une mobilisation qui perdure.

De nouveaux secteurs entrent dans le jeu à Paris, dans l’hexagone un renforcement de la mobilisation

A Paris, outre que les cheminots de l’Intergare et le Comité Adama grossissent leurs rangs, c’est aussi sur le plan qualitatif qu’on a pu observer pour la première fois aux côtés des gilets jaunes, des cortèges plus structurés et organisés au travers de banderoles et de slogans, avec un fort appui des étudiants de différentes universités, des lycéens, des travailleurs et salariés individuel, ainsi que le milieu militant plus organisé, absent jusqu’alors de la mobilisation.

Plus encore, toute la journée des hommages aux 148 lycéens de Mantes-La-Jolie se sont multipliés et ce dans tout l’hexagone, comme les cheminots à Paris. En Province, on a pu voir des barricades s’ériger pour s’opposer à la terrible répression policière qui a, dans plusieurs villes, causé de terribles blessures comme des yeux éborgnés, des manifestants totalement pacifistes visés au flashball.

Pour amplifier la mobilisation, généraliser la colère par la grève

Si, à Paris, le gouvernement a eu une victoire tactique quant à la question du « maintien de l’ordre » en parvenant à ne pas être « débordé », moyennant blindés, une militarisation de la ville de Paris, et répression préventive, il est clair que l’opération de terreur n’a pas eu l’effet escompté. Les gilets restent largement mobilisés, plus encore il y a une extension dans le mouvement dans l’hexagone.

Dans ces coordonnées, le rôle des directions syndicales qui ont répondu à l’appel de Macron à maintenir l’ordre contre les gilets jaunes aura été d’autant plus délétère. Il aura été d’autant plus grave qu’elles ont légitimé la répression terrible ce samedi 8 décembre contre les gilets jaunes. En tournant le dos à la colère sociale, et alors que nombre des fédérations entières comme la CGT Chimie, ou encore des militants à la base se désolidarisent totalement, et trouvent indigne la position de la direction confédérale quant au mouvement des gilets jaunes.

En ce sens, l’attitude des directions du mouvement ouvrier est toujours plus scandaleuse. Plus encore, après cette mobilisation massive de l’acte IV, il s’agit à la base et dans les structures locales, régionales et fédérales d’imposer aux directions syndicales que la journée du 14 décembre, qui n’est pour l’heure qu’une… journée d’action, se prépare à être une journée visant à généraliser la grève pour tendre vers une grève générale. Et ce d’autant plus que nombres de revendications que défendent les gilets jaunes, comme le rétablissement de l’ISF, l’augmentation du SMIC, ou encore l’indexation des pensions et des allocations à l’inflation, sont des revendications que l’ensemble du monde du travail se devrait de défendre. La base doit corriger le tir, quitte à désobéir aux directions confédérales qui se refusent à se joindre à la colère sociale. La meilleure manière de leur imposer nos décisions passera par des appels à la grève et à la mobilisation générale le 14 décembre, pour préparer la généralisation de la colère par la grève, par la grève générale.

 
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