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La Izquierda Diario
16 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Au lendemain de l’acte V
Toulouse. 500 Gilets Jaunes en Assemblée Générale déterminés à poursuivre le mouvement
Correspondant-e Toulouse

Ce dimanche 16 décembre, au lendemain de l’acte V des Gilets Jaunes, une assemblée générale était appelée à Sesquières (Toulouse). Malgré la pluie, et alors que les médias ne cessent de clamer que le mouvement s’éteint, ce sont 500 gilets jaunes qui se sont retrouvés pour organiser les prochaines échéances de mobilisation !

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Crédits photo : Révolution Permanente

Après l’acte V de la mobilisation des gilets jaunes à Toulouse, marqué, comme ailleurs en France, par une forte répression, l’heure était aujourd’hui à la préparation des prochaines échéances. C’est ainsi que 500 personnes se sont rassemblées au lac de Sesquiéres en Assemblée Générale (AG) ce dimanche 16 décembre.

En début d’AG, ce sont différents secteurs qui ont pris la parole, revendiquant la convergence avec le mouvement des gilets jaunes et la volonté d’un tous ensemble contre Macron. Ainsi, du côté de la jeunesse, ce sont Anna (étudiante) et Christophe (personnel Biatss) du Mirail qui ont pris la parole, mettant en avant les points de convergence entre les revendications de l’Université et celles du mouvement des gilets jaunes. Pour Sciences Po Toulouse, qui s’est également mobilisé massivement avec plus d’une semaine d’occupation, Florian (étudiant), s’est lui aussi exprimé, énonçant les revendications démocratiques votées en AG (fin de la V° République, dissolution du Sénat, fin des privilèges pour les représentants, justice et vérité pour l’ensemble des victimes des violences policières, etc.). Enfin, Ondine, lycéenne, a elle aussi pris la parole, alors que les lycées ont été un des secteurs à la pointe de la mobilisation, subissant au passage une effroyable répression policière, dans cette première moitié du mois de décembre.

La Coordination des Intermitant-e-s et Précaires (CIP) était également représentée par Hégoa, ainsi qu’une délégation des street médics, qui ont évoqué leur rôle dans les manifestations et la répression qui va crescendo contre le mouvement des gilets jaunes avec quelques 130 à 170 blessés sur Toulouse, uniquement sur la journée d’hier. Maître Dujardin s’est également exprimée sur la répression qui touche les manifestants dans la période.

Déterminés et en colère, les gilets jaunes toulousains s’organisent pour la suite de la mobilisation

La première des informations de cette assemblée générale, qui a duré un peu plus de 2h30 et était structurée en deux points distincts (1 : Organisation / structuration ; 2 : Actions), c’est que la colère et la détermination sont toujours aussi fortes, et ce en dépit de la propagande médiatique laissant à penser que la mobilisation est quasi-terminée et malgré la forte répression de l’acte V. Cette dernière question a par ailleurs été un des sujets principaux de la discussion.

Le point 1 du débat à fait ressortir la volonté, chez les gilets jaunes toulousain, de ne pas élire de porte-paroles. L’expérience faite avec Benjamin Cauchy, qui s’était auto-proclamé porte-parole avant de fonder un mouvement, très cyniquement nommé « Gilets jaunes libres » (libre de qui et de quoi ? Sans doute des décisions collectives prises par la base...), est encore dans toutes les têtes. Une expérience qui a nourri aussi la discussion collective, pour faire émerger des alternatives. C’est ainsi que trois commissions ont été mises en place (politique, action et communication) à la fin de l’AG.

Le point 2 a abordé là encore bien des sujets, et fait émerger une série de revendications. Sur le plan démocratique d’abord, avec un fort rejet des institutions de la V° République et un débat sur les alternatives possibles au monde de Macron et des capitalistes. Ici, la question du référendum d’initiative citoyenne (RIC) a été largement abordée et, malgré les limites du RIC sur le plan démocratique, c’est aujourd’hui une revendication largement partagée au sein des gilets jaunes. La question des hausses de salaires et des pensions, revendication centrale de la lutte contre la vie chère en général, a également été un point central de la discussion.

Enfin, et alors que les troupes de Castaner opèrent, en parallèle, des opérations de déblocages de rond-point partout en France, la question des actions a été bien entendu un moment fort de l’AG. Ainsi, des propositions de blocages de rond points ont également été proposées, mais aussi de points économiques stratégiques. Là aussi, c’est l’expérience pratique du terrain qui s’exprime, avec un bilan positif tiré des expériences de blocage des sites d’Airbus, d’Amazon ou encore de Monsanto, dans Toulouse et sa périphérie. La question de la grève générale était ainsi dans toutes les têtes, avec la volonté de se coordonner et de taper tous ensemble sur le même clou pour faire plier définitivement Macron. C’est le sens de l’intervention, par exemple, de Gaëtan, ouvrier dans une usine de sous-traitance dans l’aéronautique, et dont l’intervention a été très largement applaudie.

Un « paradoxe démocratique » ?

Si le débat a été largement dominé par des discussions, propositions et alternatives très progressistes tout au long de l’AG, et ce donc à l’opposé de l’image que les médias dépeignent de la mobilisation, où les gilets jaunes sont considérés comme une masse informe, véhiculant des idées réactionnaires et ne proposant aucune solution de « sortie de crise », un paradoxe est à souligner.

En effet, alors qu’il y a une forte volonté de démocratie interne au mouvement, la principale limite de l’AG a été la quasi-impossibilité de proposer des actions, revendications, propositions de structuration, etc., au vote. Objectivement, ce « paradoxe » qui peut apparaître contradictoire avec cette volonté de démocratie directe à la base, est tout à fait compréhensible. En effet, bien des gilets jaunes se mobilisent pour la première fois, expérimentent de nouvelles formes de lutte et, en définitive, il n’y a pas d’éléments de « tradition » d’organisation des gilets jaunes, comme peuvent en avoir le mouvement étudiant ou le mouvement ouvrier.

Mais comme nous le voyons depuis plusieurs semaines maintenant, le mouvement des gilets jaunes a cette capacité à tirer collectivement les bilans, et à identifier les limites, que cela soit en terme d’actions comme d’organisations, pour franchir des paliers qualitatifs. Sur cette question de démocratie interne, l’exemple de l’auto-organisation étudiante peut être une source d’inspiration des gilets jaunes.

En effet, ce sont en assemblée générale que sont non seulement décidées, mais également proposées au vote de l’ensemble des participants les modalités d’actions et d’organisations, sans aucune exclusive, et tranchées par un vote à mains levées. Cette forme de fonctionnement démocratique ne s’embarrasse pas des modalités soit disant démocratiques du modèle républicain, comme par exemple le vote à bulletin secret, qui « individualise » au maximum les prises de décisions et, dans les faits, est un moyen d’éviter l’échange collectif et constructif. Mais au-delà de cela, c’est aussi au niveau de la représentation et de l’organisation du combat à l’échelle nationale que le « modèle étudiant » peut être une source d’inspiration. Ainsi, dans les moments de lutte, ce sont les AG qui définissent les mandats et les personnes représentant les aspirations de la base dans les grandes coordinations régulièrement appelées à l’échelle nationale. A leur retour en AG, ces délégations doivent, devant tout le monde, répondre de leur vote et prise de position dans ces cadres nationaux. La même logique vaut également pour les porte-paroles du mouvement. Et, bien entendu, les portes paroles comme les représentants des AG sont révocables à n’importe quel moment. En d’autres termes, ce mode de fonctionnement, fruit d’une tradition de mobilisation, est totalement en phase avec les aspirations démocratiques internes au mouvement des gilets jaunes.

 
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