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La Izquierda Diario
24 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Une bataille victorieuse contre la précarité
Victoire des grévistes du palace Hyatt contre les ordonnances Macron
Cécile Manchette

Après 87 jours de lutte, les hommes et les femmes grévistes du palace Hyatt Vendôme, situé en plein cœur de Paris, ont fait plier la direction de l’hôtel. L’accord conclu renforce considérablement leurs droits, en crée de nouveaux et constitue un "pied-de-nez" aux ordonnances Macron.

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Encore une grève victorieuse dans le secteur du nettoyage et de la sous-traitance !

Les grèves des employés de la sous-traitance de l’hôtel Park Hyatt Vendôme ont commencé en 2013 pour de meilleures conditions de travail (le 13ème mois, une augmentation de salaires, la suppression de la clause de mobilité...) et contre la société de sous-traitance d’alors. Cette année, avec plus de trois mois de grève, les salariés ont réalisé la plus longue grève connue par l’hôtel Park Hyatt Vendôme.

A l’origine du départ de cette grève, il y a les ordonnances Macron. Aboubacar, qui travaille depuis 10 ans en tant qu’équipier dans l’hôtel, nous avait expliqué les raisons du départ de la grève le 25 septembre dernier : "On a compris qu’on ne pourrait plus se présenter aux élections du personnel de l’hôtel puisqu’on est employés par une société de sous-traitance. Du coup il a fallu trouver un autre moyen pour pouvoir garder notre syndicat : c’est l’intégration des salariés de la sous-traitance au personnel de l’hôtel." Une revendication centrale à laquelle s’est ajoutée celle des salariés employés par l’hôtel qui réclamaient une augmentation de salaire de 3 euros de l’heure pour que leurs salaires soient alignés sur ceux des sous-traitants.

Après de longues heures de négociations, l’accord finalement signé ce vendredi 21 décembre comporte de nombreuses avancées et victoires pour les salariés. S’ils n’ont pas obtenu l’internalisation des employés de la sous-traitance, ils bénéficient désormais d’un statut collectif incluant les droits acquis ces dernières années et "transférable en cas de changement de prestataire". Pour ce qui est de l’augmentation de salaires, ce sont l’ensemble des salaires de l’hôtel qui vont être alignés sur les salaires les plus élevés du groupe. Alors même que certains salariés ont plus d’une dizaine d’années d’ancienneté, leur salaire plafonne à 1500 euros. Avec le nouvel accord, ils réclament un salaire de 1 800 euros, qui est le salaire moyen d’entrée dans les autres palaces. Enfin, l’accord stipule que les salariés de STN pourront être désignés « représentants de proximité » au sein du palace par son futur comité social et économique (CSE) lors des élections de 2019. Ceci garantit aux salariés de la sous-traitance de continuer d’avoir des représentants syndicaux pour défendre leurs intérêts malgré les ordonnances Macron.

Cet accord constitue une nouvelle victoire pour les travailleurs de la sous-traitance dans l’hôtellerie mais également pour l’ensemble des salariés de la sous-traitance. Il y a un an, ce sont les grévistes d’Onet, des travailleurs et travailleuses du nettoyage dans les gares du Nord de Paris, qui avaient fait plier la société de sous-traitance et la SNCF, obtenant la garantie de meilleures conditions de travail. Ces victoires, dans un secteur où les conditions de travail sont très difficiles et les travailleurs méprisés par leur direction, sont importantes et exemplaires pour l’ensemble des salariés qui voient leurs droits et leurs conditions de vie reculer à la suite des réformes néolibérales imposées par le gouvernement et appliquées par les employeurs.

Une victoire contre Hyatt et un pied de nez à Macron

Cette victoire est le résultat d’une bataille acharnée de la part des grévistes, ces trois derniers mois. Ainsi, avant que la direction de l’hôtel n’accepte de négocier, les grévistes ont été confrontés au silence et au mépris de la direction pendant de longues semaines. Ces derniers refusant de les écouter, de les recevoir, leur interdisant l’accès de l’hôtel et choisissant très rapidement de faire appel aux huissiers et aux forces de l’ordre pour les déloger. La direction du palace craignait en effet de voir l’afflux de clients baisser et la réputation de son hôtel décliner.

Malgré ces méthodes et ces intimidations, les grévistes ont continué, tous les jours, à tenir leur piquet de grève devant l’entrée principale du palace, Rue de la Paix. Les grévistes qui ont dû affronter la répression, le mépris et le silence de la direction, tout en renonçant à leurs salaires, ont fait preuve de détermination et se sont battus pour rester unis et solidaires jusqu’à la fin. Alors que l’hôtel cherchait à discréditer leurs revendications et les avoir à l’usure, les grévistes sont allés chercher le soutien de l’opinion publique, en dénonçant la réalité des conditions de travail dans l’hôtel, en médiatisant leur lutte et la répression qu’ils ont subi. Les grévistes se sont également liés à d’autres secteurs en lutte, et notamment aux anciens grévistes d’Onet, ce qui leur a apporté un soutien moral et financier pour tenir jusqu’à la fin.

Dans leur communiqué de presse, les grévistes parlent d’un "véritable pied de nez aux ordonnances Macron". En effet, alors que les ordonnances Macron, votées en début de quinquennat, ont interdit aux salariés de la sous-traitance d’être élus au sein des conseils de l’entreprise, les grévistes ont trouvé un moyen de "contourner" cette mesure. Ils ont ainsi obtenu de la direction de l’hôtel qu’elle garantisse noir sur blanc que les salariés de la sous-traitance puissent garder leurs délégués du personnel et que ces derniers participent aux prochaines instances représentatives. Un "pied de nez" dans les règles au gouvernement qui va permettre aux salariés de la sous-traitance, les plus précarisés, de continuer à défendre leurs intérêts face à leur patron et à un gouvernement déterminés à attaquer les acquis de l’ensemble des travailleurs et travailleuses.

Le communiqué des grévistes :

 
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