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La Izquierda Diario
25 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Marseille, Montpellier, Lyon…
Grève des cantines à Marseille, le ras-le-bol prend de l’ampleur
Iris Serant

Écoles insalubres, manque criant d’effectifs, salaires de misère… Autant de raisons qui ont poussé des dizaines d’agents de restauration scolaire à se mettre en grève depuis plus de deux semaines. Un conflit avec la mairie qui pourrait se poursuivre au-delà des vacances, et qui est loin de ne toucher que la ville de Marseille.

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Crédit photo : MAXPPP

A la veille des vacances, cela faisait plus de deux semaines que la ville de Marseille connaissait un mouvement de grève très important des personnels de restauration scolaire et des ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Après un scandale en 2016 pointant l’insalubrité de certaines écoles de la ville, et l’effondrement dramatique plus récemment de plusieurs immeubles de la ville, des voix se lèvent contre les politiques publiques de la mairie. Sur les 444 écoles maternelles et primaires que compte la ville, ce sont 377 d’entre elles qui sont touchées par ce conflit, qui n’est pas sans précédent puisque l’année dernière, une grève, sur les mêmes problématiques, avait déjà secoué plusieurs écoles.

« Sans fondement », une grève qui tente de « prendre les familles en otage » : la mairie n’y va pas de main morte pour essayer de décrédibiliser la grève du personnel. Cette dernière veut faire croire que la question de l’augmentation des heures de travail votée en avril est la préoccupation principale des grévistes. En effet, avait été votée en avril dernier une augmentation de 40 h pour tous les agents municipaux, afin d’atteindre le minimum légal annuel de 1607 h, après un accrochage avec la chambre régionale des comptes puis le parquet national financier. Au contraire, les revendications des grévistes dépassent de loin cette affaire.

Ce que mettent en avant les « tatas » – nom donné au personnel de la restauration – ce sont surtout des conditions de travail très dures, et très peu rémunérées. En effet, contrairement à ce que la mairie annonce (un agent pour 18 élèves), les grévistes dénoncent au contraire le fait qu’un agent doit régulièrement surveiller 25 enfants en maternelle et 50 en primaire, une situation ingérable et qui va à l’encontre de la sécurité des enfants d’après elles.

À l’appel de la CGT – qui a déposé un préavis nationalement – pour les effectifs, la reconnaissance de la pénibilité et les rémunérations, FO avait par la suite posé un préavis de grève, qui contrairement à celui de la CGT ne couvre pas la nouvelle année. En effet, cette grève perlée pourrait continuer à la sortie des vacances.

La CGT avait lancé un préavis de grève nationalement couvrant les trois semaines avant les vacances, concernant le manque d’effectifs, la reconnaissance de la pénibilité et les rémunérations. Localement, les grévistes ont répondu à cet appel, et FO avait par la suite également posé un préavis de grève. Du côté de la CGT, il est fort probable qu’un nouveau préavis couvre la rentrée.

Si les parents sont évidemment affectés par cette grève qui rend la situation très difficile pour ceux d’entre eux qui travaillent, la plupart des familles sont néanmoins compréhensives et solidaires du mouvement, n’étant pas dupes des politiques dévastatrices de la mairie qui ne fait rien pour répondre véritablement aux revendications des grévistes. En témoigne le pique-nique bruyant organisé par des parents d’élèves et des « tatas » devant la mairie avant les vacances, où une centaine de personnes s’étaient rassemblées, en soutien aux grévistes, pour un service de restauration de qualité.

A cette occasion, le 18 décembre, une des grévistes témoignait pour France 3 « Aujourd’hui on n’est pas là pour réclamer de l’argent – l’argent qu’ils nous donnent c’est l’argent qu’ils nous doivent – mais on est là pour demander des bras parce que les enfants qui nous sont confiés méritent du bien-être et de la sécurité, et aujourd’hui dans les conditions dans lesquelles on travaille, c’est juste pas possible ».

Un conflit qui n’est pas isolé

Si la grève des cantines à Marseille a fait beaucoup de bruit ce mois-ci, c’est loin d’être un conflit isolé. A Montpellier aussi, depuis le 11 décembre, la grève nationale a été suivie jusqu’aux vacances, et pourrait même se poursuivre après. Les agents dénoncent là aussi un manque d’effectif criant : ce sont 200 personnes qu’il faudrait en plus pour fonctionner décemment, soulignait un collectif d’agents. A Champigny, une journée de grève avait déjà été réalisée en novembre, et à Rouen ce sont les dates du 20 et 21 décembre qui ont été suivies. Idem à la cantine lyonnaise de Montbrillant où les agents se sont mis en grève la semaine du 17 au 21 décembre.

Et alors que le mouvement des gilets jaunes ne faiblit pas, et pose lui aussi avec acuité les questions de précarité, mais aussi des services publics, ce mouvement de grève s’intègre dans une situation sociale explosive. Si ce type de grèves venait à se généraliser dans différents secteurs, le gouvernement, plus affaibli que jamais, se trouverait totalement acculé.

 
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