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La Izquierda Diario
4 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

A l’approche des élections
Le Pen repeint le drapeau européen aux couleurs des Gilets Jaunes : opération récupération !

Le message est clair : à la veille de l’acte VIII, loin de soutenir le mouvement dans la rue, la leader du RN table sur un essoufflement du mouvement pour le récupérer par les urnes.

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Elle n’en est pas à sa première tentative de récupération, mais cette fois, la manœuvre est un peu grosse. Hier encore, alors que le 3 janvier des Gilets Jaunes ont été interpellé près des Champs-Elysées, Marine le Pen a prétendu dénoncer la « violation systématique des droits politiques de ses opposants » par Emmanuel Macron. Une énième manœuvre de ce faux soutien des Gilets jaunes. En réalité, loin de soutenir le mouvement dans la rue, la leader du RN table sur un essoufflement pour le récupérer par les urnes.

Elle avait déjà peu de temps auparavant contourné le question d’une éventuelle interdiction du droit à manifester, se gardant de dénoncer l’agenda sécuritaire avancé par le gouvernement qui n’est pas pour lui déplaire : « Je ne polémiquerai pas là-dessus, avait-t-elle déclaré sur France 2 à la veille de l’acte V. Si le ministre prend une décision aussi grave que celle qui consiste, dans un pays démocratique, à interdire les manifestations, c’est, je suppose, qu’il doit avoir les éléments. »

La sortie de Marine Le Pen sur les Gilets Jaunes traduit un changement d’approche de la part de la dirigeante du RN qui était restée jusqu’ici en retrait. Celle-ci ne voulait pas apparaître comme tentant de récupérer le mouvement. Cependant, le mouvement ne semble pas vouloir s’arrêter si facilement et c’est qui a décidé Le Pen à sortir de son silence. Trop attendre, cela peut aussi conduire à laisser passer le mouvement d’un point de vue électoral. La référence à l’Europe est donc loin d’être un hasard.

En effet, Marine Le Pen et ses alliés européens espèrent que le mouvement auquel doit faire face Macron pourra leur permettre d’obtenir une hypothétique victoire aux prochaines élections européennes. Pourtant, leur projet politique est opposée aux revendications que portent les Gilets Jaunes. Ceux-ci ont beau jeu de dénoncer le projet néolibéral de l’Union Européenne, la politique qu’ils mènent en Italie, en Hongrie notamment, s’inscrit dans la continuité de l’austérité et de la flexibilisation du travail portée par Bruxelles. C’est ainsi que le gouvernement italien, après avoir montré les muscles a récemment cédé sur la question du budget. Celui-ci vient de présenter un déficit à 2,04% pour l’année 2019, plus proche des exigences de l’UE que les 2,4% sur lesquels il avait annoncé initialement ne pas vouloir céder. Il prévoit également des coupes budgétaires de 7,5 milliards d’euros qui portent un coup aux deux réformes phares du gouvernement italien - le revenu universel et le retour en arrière sur la réforme des retraites – et qui commencent à créer des frictions en interne au sein de la coalition gouvernementale qui se compose du Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo et la Ligue dirigée par Salvini. En Hongrie, le bilan de Viktor Orban n’est pas meilleur. Sa nouvelle réforme du travail – qui prévoit que les salariés puissent faire 400 heures supplémentaires payées 3 ans plus tard – est en train d’alimenter la contestation dans le pays.

L’exercice concret du pouvoir est en train de démontrer la fausse « alternative » que représente le populisme face aux politiques antisociales de l’Union Européenne. D’ailleurs, la présidente du Front National a dû elle-même réviser son programme, après sa défaite aux présidentielles face à Macron et à l’aune de ses nouveaux partenaires. Pour Marine Le Pen, la rupture avec l’Union Européenne est passée au second plan : « Nous ne luttons pas contre l’Europe mais contre l’Union européenne devenue un système totalitaire ». Ce que cela traduit surtout, c’est l’abandon de la rupture avec les politiques d’austérité prônées par l’Union Européenne, si on en croit en tout cas la copie remise par le « parti frère » du Rassemblement National en Italie. Reste la xénophobie décomplexée, sur laquelle l’Europe actuelle est cependant loin d’être en reste... et qui bénéficie largement au patronat transalpin qui profite des mesures anti-migrants de Salvini pour surexploiter toujours plus une main d’œuvre clé dans la structure de l’économie italienne.

Une politique qui permet de préciser ce que Marine Le Pen nomme une « Europe des peuples »…

Crédit photo : YANN COATSALIOU / AFP

 
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