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La Izquierda Diario
4 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Edito
Départ de Fort : à la veille de l’acte VIII, le navire macronien continue de prendre l’eau
Georges Camac

Si le gouvernement montre les muscles, le ton est bien différent en coulisses. La crise ouverte par les Gilets Jaunes n’en finit pas d’alimenter les failles du gouvernement, et ce malgré la relative trêve des vacances. Avec à la clé un nouveau coup dur pour le gouvernement, le départ de Sylvain Fort qui en appelle d’autres.

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« Désenchantement » : le mot est lancé par un proche de celui qu’on appelait la plume du président. Si, officiellement, le départ du principal conseiller en communication est lié à des raisons personnelles, la date choisie pour présenter sa démission ne laisse guère place de doute. C’est bien la crise ouverte par les Gilets Jaunes – additionnée à la reprise de l’affaire Benalla - qui a fini d’user les nerfs du M. Communication de Macron. Il s’agit d’un véritable coup dur pour le gouvernement, qui va devoir remplacer Fort à ce poste clé, d’autant plus que ce départ pourrait amplifier la série de désaffections que celui-ci a déjà dû essuyer. Certains médias évoquent notamment le cas d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée… rien que ça !

« En réalité, il [Fort] ne voulait plus parler aux journalistes. Il l’a fait pendant la campagne mais cette mission était celle de trop. Lassé, il est agacé par les polémiques à répétition ces derniers mois. Il y avait aussi des tensions entre conseillers. Sur des sujets aussi simples que le président doit-il parler ou rester silencieux ? Doit-il aller sur le terrain ou se faire un peu oublier ?"

Vincent Derosier, journaliste au service politique de RTL.

Ferrand, Bayrou, Hulot, Collomb : ce sont en tous 7 ministres qui avaient déjà démissionné avant la crise des Gilets Jaunes. Désormais, ce sont dans les cercles les plus proches du président que la fronde se fait sentir… A l’image de la tribune de Mounir Mahjoubi, un des premiers soutiens de Macron, actuel secrétaire d’Etat chargé du numérique au sein du gouvernement, qui a publié il y a quelques jours une tribune dans Le Monde intitulée « Elevons-nous à la hauteur des Français ». Il y explique que « dans leur immense majorité, les “gilets jaunes” (…) ne sont ni violents, ni séditieux, ni anti-écologie, ni racistes, ni antisémites, ni homophobes », un discours à 180 degrés de celui du gouvernement – et des médias dominants – qui cherche à discréditer le mouvement par tous les moyens. Dans la même veine, il y aussi eu cette prise de position de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique, Brune Poirson, le 31 décembre, qui qualifiait « d’historique » le mouvement des Gilets Jaunes et déplorait que l’exécutif ait « voulu aller trop vite, sans échanger assez », affirmant que « le gouvernement seul n’a pas les réponses ».

Ces déclarations publiques sont le signe de la crise en interne qui agite le pouvoir. Après avoir tenté de dialoguer avec le mouvement, en cédant quelques miettes au mouvement, Macron a choisi de largement durcir le ton. Aidé par la baisse du nombre de participants durant les manifestations, dû notamment à l’énorme escalade répressive, celui-ci pense pouvoir reconstruire le modèle du bulldozer de la (contre-)réforme qui avait fait la force de sa première année de mandat. C’est le sens des déclarations du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui n’offre plus que mépris aux Gilets Jaunes, qualifiés « d’agitateurs » minoritaires. Dans le même temps, les annonces de contre-réformes ont repris leur rythme des croisières. Macron espère ainsi pouvoir remobiliser et radicaliser sa base sociale – plus réduite que jamais - à travers cette posture d’autorité, en prévision notamment de la marche en soutien au président organisée le 20 janvier.

Sauf que le pari pourrait s’avérer risqué, très risqué même. Et c’est le sens des hésitations qui s’expriment publiquement ces derniers jours dans les cercles du pouvoir. Les derniers sondages indiquent que 75% de la population est mécontente de la politique du gouvernement… pendant que 55% souhaitent voir le mouvement continuer, en hausse de 5 points depuis fin décembre. Et rien n’indique que la tendance à la baisse qui s’est exprimée ces dernières semaines se poursuive. En cas de nouvelle explosion du mouvement ce 5 janvier, l’eau pourrait très vite s’accumuler dans le navire en détresse et les rats quittant le navire se multiplier.

Crédit photo : AFP

 
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