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La Izquierda Diario
11 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Témoignage #ActeVIII
18 ans et GJ à Saint-Etienne : « Un policier furax sort arme à la main et me dit ‘dégage’ »

A la veille de l’acte IX des Gilets Jaunes, nous publions ce témoignage poignant d’un jeune de 18 ans sur son vécu de l’acte VIII à Saint-Etienne. Menacé arme à la main par un policier et visé au flashball pour le seul fait de sa présence en manifestation, il dénonce cette violente répression, qui n’a pas entamé sa détermination.

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Crédit Photo : Yves Salvat / Le Progrès

« Tout a démarré tranquillement aux alentours de 14h, par une petite boucle dans le centre, puis on s’est dirigés vers la préfecture où quelques boules de peintures, et œufs ont éclaté sur les véhicules des forces de l’ordre. Au bout de quelques heures, un petit groupe de Gilets Jaunes s’est déporté sur la droite, pour contourner la préfecture sans violence ni rien. Très vite ils ont été rattrapés par des policiers énervés, qui les ont direct repoussés avec une certaine violence. J’ai joint ce groupe. Très vite, après l’arrestation inexpliquée d’un Gilet Jaune, des premiers affrontements ont éclaté entre CRS et manifestants, et des gaz ont été envoyés. Le petit groupe s’est réfugié au bar d’à côté pour se protéger, et surtout nettoyer leurs yeux. »

« Puis d’un coup, ça a chargé de tous les côtés »

« Puis d’un coup, ça a chargé de tous les côtés. Les policiers ont avancé jusqu’au niveau de l’hôtel de Ville, nous on s’est retrouvé derrière eux, à passer devant un ou deux blessés côtés gilets jaunes. Puis je suis repassé devant pour rejoindre l’ensemble des manifestants. A peine arrivé, des policiers ont déboulé de tous les côtés, dans les petites ruelles, et en face dans la rue principale, et ont commencé à nous gazer au milieu des passants. Un petit pépé était en pleurs car il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Avec 2-3 gilets jaunes, on l’a très vite mis hors des gaz. On n’y voyait plus rien, les yeux piquaient, pleuraient, on avait énormément de mal à respirer. J’ai fini par me faire extraire dans un bar dans les ruelles, où on a été très chaleureusement accueillis par une dame au grand cœur, qui s’est mis à nos petits soins le temps de quelques minutes. »

« J’assiste à l’arrestation de deux gars menottés, la tête en sang »

« A force de se faire gazer comme des moustiques, je décide de continuer ma progression en direction du groupe principal. Peu avant la rue Tréfilerie, j’assiste à l’arrestation de deux gars menottés, la tête en sang, entourés par des policiers et la BAC sur-armés. Ils nous maintiennent à distance, pas de violence, juste des mots, des membres de notre ‘sécurité’ qui se marrent face à notre tristesse ».

« Un policier furax sort arme à la main et me dit ‘dégage’ »

« Je décide donc de rebrousser chemin, quand tout à coup, en passant à côté d’un fourgon (sans faire attention, comme ils étaient partout), je me prends un coup de portière avec un policier furax qui sort arme à la main, sur-équipé et qui me dit "dégage". Je lui dis gentiment que je n’ai rien fait, qu’il se trompe de personne. Et là, ses collègues commencent à gazer. Je me décide donc à courir, et là le policier me tire dans les jambes avec son flashball, alors que j’étais très près de lui, de dos, en train de courir. Avec l’impact de la bombe, je m’écroule au milieu des gaz, proche de nos médics qui bandaient un autre GJ à la tête. Très vite, de nombreuses personnes viennent à moi, me demander si ça va. A ce moment, ça me brûlait sur toute la jambe, avec un genou en vrac. Je décide donc d’aller voir ces CRS, au point où l’on en est... J’avais 4 CRS face à moi, et je leur dis clairement que je me suis fait tirer dessus alors que je ne faisais rien. Ils se sont excusés puis m’ont dit de circuler. J’ai fini par rebrousser chemin pour de bon, puis je suis parti sur une jambe. »

« C’est la police qui démarre les violences chaque semaine »

« Je remercie énormément gilets jaunes, secouristes et passants qui ont eu les bons gestes, ont pris des risques pour ma santé. Encore une fois, je n’ai rien lancé, je n’ai insulté personne, tapé personne, mais juste fait acte de présence là où l’ambiance était tendue.

Je demande juste à dénoncer ces fautes graves de la police, avec des tirs de flashball ciblés sur des manifestants, qui n’ont pas à avoir lieu, des gazages inexpliqués en illimité… c’est la police qui démarre les violences chaque semaine, à nous stopper au cours d’une marche déclarée et surtout autorisée. Alors que celle-ci se passe en général dans une ambiance chaleureuse, ils cherchent l’affrontement, ils font monter les gens en pression. Alors que justice soit faite. Marre de passer pour les méchants. Liberté - égalité - fraternité. Nous sommes simplement, du moins pour ma part, un français révolté, et de plus en plus remonté contre ces CRS sans cœur. Je ne suis pas quelqu’un de violent, loin de là. J’en ai juste marre de souffrir quotidiennement, pourtant j’ai un emploi. Mais ça ne fait pas tout. Je reviendrai jusqu’à que ça passe, je refuse de me faire gazer gratuitement toutes les semaines pour avoir simplement manifesté sur un lieu autorisé. Ma colère monte. »

Pour nous transmettre vos témoignages concernant la répression des Gilets Jaunes, ou pour nous faire part des mobilisations ayant lieu dans votre région, nous transmettre récits, photos et vidéos, écrivez-nous par mail à [email protected].

 
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