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La Izquierda Diario
11 de février de 2019 Twitter Faceboock

Réforme Blanquer
« L’école de la confiance » : offensive générale contre l’école
Boris Lefebvre

Le projet de loi sur « l’école de la confiance » condense tout un ensemble de mesures en apparence sans importance mais qui marquent un peu plus l’intégration de la logique marchande au sein du système éducatif et la mise au pas de la profession.

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Les reformes concernant l’école n’ont cessé de pleuvoir depuis que Blanquer a pris les rennes du ministère de l’éducation nationale : Parcoursup, réforme du bac, du lycée général et pro... Mais ce lundi était présenté à l’Assemblée nationale le projet d’ « école de la confiance » qui va entériner dans la loi la mutation vers une école plus verrouillée.

Financement des écoles maternelles sous contrat : un cadeau au privé

Première mesure phare que propose Blanquer : l’abaissement de l’âge minimal de scolarisation à 3 ans au lieu de 6 ans. À première vue, aucune mauvaise intention derrière cette mesure qui tend à s’assurer d’une scolarisation pour tous dès le plus jeunes âge. Mais en réalité cette mesure, qui ne vient répondre à aucun déficit de scolarisation des jeunes enfants puisque 98% d’entre eux sont placés en maternelle dès leurs 3 ans, va obliger les collectivités à financer les écoles maternelles privées sous contrat. Un cadeau au privé qui n’est pas anodin en cette période de remise en cause du service public et qui va renforcer les inégalités scolaires et sociales dès le plus jeune âge.

Mise au pas des enseignants

L’autre mesure phare vise, elle, a mettre un peu plus au pas les enseignants. En effet, Blanquer veut instaurer un devoir d’exemplarité pour les enseignants, notamment envers l’institution. Se défendant de vouloir muscler le devoir de réserve, auquel il ne compte pas toucher, Blanquer cherche ici à imposer une clause déontologique qui pourra permettre de révoquer les enseignants un peu trop critique envers les politiques néo libérales de l’école de la confiance. Le projet ultime de l’école capitaliste que Blanquer prépare étant une école où les établissements sont autonomes et recrutent leurs enseignants, il est urgent de son point de vue de doter les chefs d’établissements de tout l’arsenal juridique pour imposer le silence aux enseignants.

Des étudiants pour pallier au manque de profs ?

Le projet de loi Blanquer entend également reformer les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe) afin de mieux mes faire coller aux exigences du métier. Traduit dans la vision de l’école selon Blanquer, cette modification vise à généraliser le pré-recrutements dès la L2 afin que les futurs enseignants puissent se familiariser avec le métier très tôt. Si le pré-recrutement est une mesure essentielle pour lutter contre la précarité des étudiants qui se destinent à une carrière dans l’enseignement, l’usage que Blanquer veut en faire a tout du cadeau empoisonné : de la L2 au M1 où ils passent leur concours, les étudiants se verront confier des missions éducatives qui pourront allègrement pallier aux réductions d’effectifs dans les équipes enseignantes. Cette mesure sera effective dans les disciplines où la crise des vocations est la plus forte, ce qui tend à accréditer que c’est essentiellement pour boucher les trous que l’école de la confiance veut élargir le pré-recrutement.

Cette modalité de formation trouve sa justification dans l’idée chère à Blanquer que « c’est du terrain que viennent les idées », et pas de la « théorie », quand en réalité les deux sont complémentaires. À terme, la réforme du concours qui accordera un place prépondérante au terrain fera reposer l’obtention du diplôme sur le stage effectué. L’aboutissement de cette démarche sera de faire consister le métier dans une simple habileté technique et non plus sur une qualification qui justifierait que les enseignants soient des cadre de catégorie A de la fonction publique.

Enfin, Blanquer veut reformer le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) pour le rendre plus efficace. Au passage, cet organe verra sa représentativité largement accordée aux vues du ministère puisque sur les 14 membres qui le composeront, 10 seront nommés par le ministre.

Cadeaux fiscaux au privé, musellement des enseignants, formation au rabais, précarisation des enseignants, les objectifs de Blanquer sont clairs. Si la mécanique gouvernementale semble arrêtée depuis le mouvement des Gilets Jaunes, le train des réformes dans l’éducation continue à vive allure, à moins que le corps enseignant n’entre dans la bataille à l’image des lycéens en décembre.

Crédit photo : THOMAS SAMSON / AFP.

 
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