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La Izquierda Diario
7 de janvier de 2016 Twitter Faceboock

Beaucaire. Trouble du voisinage à la mode Front National

Sarah Carah

Des maires qui usent et abusent de l’argument des « troubles de voisinages » pour réprimer leurs administrés et faire régner l’ordre dans la ville, rien de plus banal. Que les motifs réels des arrêtés municipaux soient si ouvertement racistes et islamophobes,voilà la marque du Front National - quoi que par les temps qui courent, ce type de discours semble largement partagé dans l’échiquier politique.Pour avoir voulu instaurer des couvres-feux abusifs sur des établissements gérés par des personnes d’origines maghrébines et / ou de confession musulmane, le maire de Beaucaire devait paraître devant la justice jeudi 7 janvier.{}

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« Le bruit et l’odeur » ?

Souvenez-vous, le 11 janvier 2015, c’était dans la jolie ville de Beaucaire dans le Gard que défilait Marine Le Pen, suivie de ses militants échauffés aux cris de « On est chez nous ! ». La ville, gagnée par le Front National aux élections de 2014, n’aura cessé depuis de se faire le théâtre des horreurs du parti bleu marine. Après la crêche de Noël imposée sans scrupule dans le hall de la mairie, après les insultes à l’encontre d’une militante de la CGT de la ville, et après l’embauche d’un militant de Génération Identitaire comme directeur adjoint de la communication, le maire s’est carrément offert le luxe de la discrimination raciale par voie officielle.

En effet, depuis juin dernier, deux arrêtés municipaux interdisent l’ouverture de certains établissements du centre ville après 23h. D’après le maire Julien Sanchez, ces arrêtés répondraient à une série de demande de la part des habitants du quartier pour troubles du voisinage. Plus précisément, ils auraient pour but de lutter contre les « nombreuses nuisances sonores (dues à la consommation d’alcool et/ou à l’absence de savoir-vivre et d’éducation de certains). ».

Première « étrangeté » : les établissements en question (kebab, épicerie) ne vendent pas d’alcool. Plus encore : d’autres établissements situés dans le même quartier et délivrant de l’alcool n’ont pas été concerné par l’interdiction. Autre élément « étrange » : le moment choisi par le maire pour délivrer ses arrêtés, juste avant le Ramadan, c’est à dire juste avant le moment où ces établissement accueillent le plus grand nombre de clients à la nuit tombée. Serait-ce donc de cela dont Monsieur le maire parle lorsqu’il parle de « savoir-vivre et d’éducation » ?

Il est vrai que sa croisade contre les kebabs et les commerces tenus par des personnes d’origines maghrébine ne date pas d’hier. Déjà en 2013, avant son investiture, le futur maire expliquait au journal Rue89 (http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/24/france-kebabisee-reportage-gard-245847) le problème de ces établissements qui, disait-t-il « prennent la place des commerces traditionnels, (…) font baisser la valeur du foncier, (...) et favorisent le communautarisme et l’idée d’une « perte d’identité ». Son acolyte du FN Louis Alliot, compagnon de Marine Le Pen, va jusqu’à parler d’une dangereuse « kebabisation » tandis que Robert Ménard, maire de Béziers, s’était engagé dans un « combat » contre l’ouverture de Kebab en centre ville en octobre dernier . Et nous qui croyions que manger un kebab ne nous faisait courir le risque que d’un peu de cholestérol en plus !

Les discours et actes des maires frontistes, à Beaucaire comme ailleurs, sous couvert du bon samaritain respectueux du voisinage et de la légalité municipale sont un pur condensé de racisme et d’islamophobie. Sa façade légale du « bon maire » n’est qu’une manière de s’intégrer un peu mieux à un système politique et juridique qui opprime déjà une partie de la population pour ses origines ou sa religion, toujours plus fortement depuis la mise en place de l’état d’urgence.

Quel que soit le verdict de la justice, le maire a d’ores et déjà prévenu qu’il ré-instaurerait ces arrêtés municipaux. Il s’appuie pour cela sur une soit-disant « pétition des habitants de Beaucaire » signée par quelques 2000 personnes...dont une majorité n’habiterait pas la ville. Mais il s’appuie aussi sur des menaces à peine voilée, expliquant que ses arrêtés visaient à ce que chacun « garde son calme » car certains voisins de ces établissements auraient menacés de « tirer » sur ceux-ci en cas de tapage nocturne. Une menace sans doute fantasmatique, mais qui nécessite une réponse claire de la part des jeunes et des travailleurs des environs : solidarité antiraciste contre le Front National et ses alliés !

 
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