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La Izquierda Diario
24 de août de 2016 Twitter Faceboock

Un flic derrière chaque gosse
Bonne rentrée ! Bienvenue à l’école de la surveillance et de la sécurité
Elise Lecoq, enseignante

Le 1er septembre, 12 millions d’élèves reprendront le chemin de l’école. Une rentrée marquée à la fois par l’application de la contre-réforme du collège mais aussi par toute une série de mesures sécuritaires entretenant le climat de peur mais aussi le flicage des élèves. En effet, ce mercredi 24, la ministre de l’Eduction nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, présentaient plusieurs mesures visant à « renforcer » la sécurité dans les écoles dans les quelque 60.000 établissements scolaires que compte l’Hexagone. Les grands axes sont la préparation à une attaque terroriste par le biais de formations au secourisme des élèves, la formation du personnel, un exercice annuel de simulation attentat-intrusion ou encore des cellules de crise académiques. Vous avez dit anxiogène ?

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Un autre axe majeur du programme dévoilé mercredi a trait à la surveillance accrue devant les établissements « L’accueil par le personnel, le contrôle visuel des sacs, la surveillance et la vigilance aux abords de l’établissement sont autant de consignes qui doivent être appliquées et respectées avec fermeté », a déclaré la ministre. L’état d’urgence sera donc appliqué dès la maternelle.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme, plusieurs mesures avaient déjà vu le jour suite aux attentats janvier 2015. Après Charlie, le gouvernement appelait à dénoncer les élèves et enseignants qui se « radicaliseraient ». Pour être bien sûr de ne pas se tromper, une affiche avait été publiée par le gouvernement à travers son site stop-djihadisme.gouv.fr montrant les 9 signes pouvant alerter à propos de la radicalisation chez un jeune adolescent. Gare à celui qui changerait brusquement de tenue vestimentaire, d’alimentation, arrêterait le sport ou encore se fâcherait avec des amis. Ce fut l’occasion d’exalter les principes de laïcité et dévoiler au grand jour le racisme structurel et institutionnalisé stigmatisant particulièrement la population musulmane ou considérée comme telle et la jeunesse des banlieues.

Mais les attentats du 13 novembre ont donné l’occasion au gouvernement de renforcer cette politique sécuritaire à l’encontre de la jeunesse scolarisée. Sous couvert de l’état d’urgence, les nouvelles consignes se sont encore durcies. L’attroupement devant les grilles est prohibé, la surveillance est renforcée aux abords des établissements et les élèves subissent des contrôles voire des fouilles à l’entrée des établissements scolaires, de la maternelle au lycée. Prenons par exemple le cas d’enfants d’une école maternelle de Lyon où les petits âgés de 3 à 6 ans pouvaient être fouillés voire palpés comme en ont témoigné des parents d’élèves, scandalisés, qui résumaient la situation avec ironie : « que recherche-t-on quand on inspecte le sac à dos d’un enfant ? Qu’espère-t-on trouver hormis un goûter, un doudou pour les plus petits, quelques livres pour les plus âgés ? ». Sans évoquer les lycées, champions des fouilles humiliantes d’élèves.

Comme si cela n’était pas suffisant, après les attentats de Nice et de Rouen, le gouvernement joue aujourd’hui la carte de la surenchère sécuritaire en instaurant de nouvelles mesures telles que l’instauration d’un exercice obligatoire de sécurité devant simuler un attentat-intrusion. Vallaud-Belkacem a rappelle à ce sujet l’augmentation prévue du fonds interministériel de prévention de la délinquance. Actuellement doté de 70 millions d’euros, il devrait être abondé de 50 millions d’euros supplémentaires dans le but spécifique d’aider les communes les plus en difficulté à réaliser des travaux de sécurisation.

Sur le sujet, le dernier conseil de défense et de sécurité nationale réuni par le président de la République, le 17 août, a évoqué une rentrée « sous haute protection » et a acté la substitution de patrouilles dites dynamiques ou mobiles aux patrouilles statiques des militaires de « Sentinelle » aux abords des établissements. Cela revient aux enseignants de s’écarter de leur mission d’éducation pour une mission qui n’est pas la leur : la surveillance.
C’est par l’ensemble de ces mesures que le gouvernement entend voir apparaître dans les écoles une « nouvelle culture de la sécurité », une culture qui ne cherche qu’à instaurer un climat de peur permanent dès le plus jeune âge face aux attaques terroristes. Ces mesures sous-entendent que l’Etat se préoccupe de mettre en sécurité nos enfants, nos élèves dans de « belles écoles » refermées par le tout policier, normalisatrices et vectrices de l’idéologie dominante. Ce qui se cache derrière ces invectives, c’est l’instauration du flicage et un contrôle accru de l’Etat sur toute la société. La simple contestation, légitime de ce régime républicain devient alors passible de « réaction ». C’est d’ailleurs ce qu’avait annoncé Hollande dès janvier 2015 : chaque fois que sera prononcé « un mot qui met en cause une valeur fondamentale de l’école et de la République, il y aura une réaction ».
Ce n’est pas en affichant une soi-disant tolérance zéro, en demandant de « signaler » les enfants, en refusant le débat, les interrogations même fantasmatiques de certains élèves, que l’on combattra l’obscurantisme à l’école, mais bien en écoutant tous les élèves et en leur apportant des réponses pédagogiques. En ce sens, il serait sans doute plus important non pas d’augmenter les fonds pour mettre plus de flics devant nos écoles mais de donner à l’école publique les moyens pédagogiques suffisants pour que chaque élève puisse, dans le cadre de l’apprentissage, pouvoir dire, exprimer un avis ou un besoin, questionner. Il serait sans doute plus utile d’en finir avec la casse de l’éducation nationale et les mesures d’austérité qui touchent l’ensemble de la fonction publique.

Sans nul doute, les mesures répressives annoncées par les ministres toucheront davantage les quartiers populaires qui souffrent déjà grandement du racisme institutionnel, des contrôles généralisés d’un Etat qui entend museler le possible réveil de la jeunesse des banlieues, une révolte qui est l’expression de la situation sociale de relégation systématique de ces populations ouvrières et au chômage, sans autre avenir que celui du contrôle d’identité au faciès et soumises à la discrimination à l’embauche. Les annonces de Vallaud-Belkacem et de Cazeneuve sous couvert de lutte contre Daech, c’est aussi l’inquiétude du gouvernement face à une jeunesse qui se soulève, à l’image de la réponse des banlieues exigeant justice pour Adama, nouvelle victime de cette institution répressive.

 
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