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La Izquierda Diario
10 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Le retour de Hamon ?
Hamon et son mouvement « transpartisan » : revival de la gauche plurielle ?
Boris Lefebvre

À peine remis de la claque électorale du premier tour, Benoît Hamon a annoncé la création, le 1er juillet prochain, d’un mouvement transpartisan pour tenter de se repositionner après la déroute des présidentielles. Piégé entre Macron sur sa droite et la France Insoumise sur sa gauche, l’ex-candidat tente de rejouer l’union de la gauche plurielle pour dépasser un PS en état de mort clinique.

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La défaite historique du PS à l’élection présidentielle de 2017 a enclenché une crise profonde dans le parti qui se déchire désormais entre une aile droite qui tente de rejoindre à tout prix le futur gouvernement d’Emmanuel Macron, à l’image de Manuel Valls, et une aile gauche moribonde incarnée par Hamon, et dont l’essentiel des propositions ne sera pas repris pour les législatives. En perte de vitesse et en état de mort quasi-officielle, le PS tente néanmoins de se rénover pour ne serait-ce qu’espérer occuper un espace dans la recomposition politique à l’œuvre depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Mais le territoire des socialistes se réduit comme peau de chagrin. Entre les rappels à l’ordre de Cambadélis qui interdit la double appartenance PS / En Marche ! et Jean-Luc Mélenchon qui compte bien capitaliser sur son exceptionnelle ascension, le parti pilier de la Vème République depuis 30 ans est bien en état de décomposition avancée.

Face à cet effondrement du PS, les uns préfèrent rallier le mouvement En Marche ! tandis que les autres essayent désespérément de le maintenir à flot tout en se ménageant une porte de sortie. C’est cette option que Benoît Hamon a décidé de privilégier en annonçant, dans la matinale de France Inter, la future création d’un mouvement transpartisan le 1er juillet prochain, soit après les législatives. Persuadé que les idées avancées dans sa campagne ont reçu un écho plus large que ne le montre son score électoral, Hamon entend «  reconstruire une gauche inventive, qui dépassera les étiquettes politiques  ».

Le futur mouvement n’a pas encore de nom mais est déjà contesté par Anne Hidalgo, maire de Paris, qui s’apprête à lancer « dès demain », un mouvement politique appuyé par plus de cents élus de gauche, de Martine Aubry aux soutiens de Valls, pour construire un «  mouvement d’innovation pour une démocratie européenne, écologique et sociale  ». La parenthèse Hamon, élu aux primaires de la belle alliance populaire, pourrait bien se refermer aussi vite qu’elle a été ouverte.

Le projet que Hamon tente de lancer n’a aussi rien d’innovant sur le fond. Ce « mouvement transpartisan, qui se nourrira du travail des intellectuels, de cette innovation citoyenne et démocratique que nous avons mise en œuvre lors de la campagne présidentielle » rappelle la stratégie de la gauche plurielle mise en place par Cambadélis lui-même entre 1997 et 2002 pour fédérer la gauche après la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac en 1995. Cette alliance regroupant les Verts, le PCF et le PS avait permis une majorité composite pour ensuite se diviser lors des présidentielles de 2002, où chacun avait présenté son candidat.

Hamon semble vouloir rejouer la carte de l’unité de la gauche pour qu’elle « se régénère au-delà des partis politiques » et sur la base des idées défendues lors de sa campagne. La manœuvre vise cependant expressément à tirer parti de la recomposition en cours sur l’échiquier politique à gauche. Comme il le dit lui-même, « aujourd’hui, on peut appartenir au Parti communiste, aux écologistes, se reconnaître dans différentes candidatures et avoir envie de travailler ensemble ». Le revival d’une gauche plurielle, est la seule planche de salut, bien illusoire, sur laquelle Hamon espère pouvoir s’appuyer pour survivre à la fin du PS. L’ex-candidat entend fédérer autour de lui un PCF de plus en plus en rupture avec la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon et des personnalités comme Yannick Jadot et Cécile Duflot de EELV.

Le lancement est prévu après les législatives dans le but affiché de « prendre le temps ». Cette décision repose plus certainement sur un calcul prudent pour ne pas éclater au décollage en essuyant un revers brutal, et ce malgré la volonté des écologistes de constituer des listes unitaires à gauche en juin prochain. Le mouvement de Benoît Hamon acte en fait la mort du Parti socialiste. Voulant faire renaître, en dehors des partis, un mouvement « transpartisan », Hamon ratifie de fait la crise majeure qui secoue le parti défait par cinq ans de pouvoir.

 
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