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19 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Ecologie
Entre nucléaire et Notre-Dame-des-Landes, un Hulot plus si vert que ça

Caution « écolo » du nouveau gouvernement, Nicolas Hulot a ainsi créé la surprise en acceptant finalement le poste de ministre d’Etat en charge de la Transition écologique et solidaire. Fort de son capital sympathie, présent plusieurs fois dans le top 3 des personnalités préférées des Français, l’ancien présentateur d’Ushuaia va désormais devoir faire face à l’exercice du pouvoir. Car en effet, face à un Premier ministre pro-nucléaire et favorable au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Hulot va devoir mettre de l’eau dans son vin.

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Quant Areva arrive à Matignon


C’est donc un ancien VRP d’Areva que Macron a choisi de mettre à la tête de l’Exécutif. Directeur des relations publiques du géant du nucléaire entre 2007 et 2010, Edouard Philippe aurait également joué un rôle important dans le pillage de l’uranium au Niger. En effet, début 2008, un accord a été signé entre le pouvoir au Niger et Areva concernant l’extraction du minerai. Immédiatement contesté par les touareg du Mouvement des Nigériens, cet accord a accentué les conditions de travail épouvantables des locaux au seul profit des lobbystes de l’atome. Et d’après l’Observatoire du nucléaire, on peut considérer « que les manœuvres en coulisses de M. Philippe ne sont pas étrangères aux graves troubles qui ont eu lieu par la suite dans la zone sahélienne et dans le fait que, poussés par la misère, des groupes Touaregs aient fini par s’allier à des mouvements djihadistes ».

Mais si Philippe ne travaille plus, officiellement, pour le groupe, il n’en demeure pas moins que les conflits d’intérêts en soient écartés pour autant. Ainsi, ce proche d’Alain Juppé s’était attelé à l’installation d’usines d’éoliennes off-shore au Havre, ville dont il était jusqu’alors maire. Ces usines appartiendront donc au groupe Adwen, qui n’est autre que le résultat de l’alliance de l’espagnol Gamesa et d’Areva, à l’origine du projet. Philippe aurait donc bien consciemment favorisé son ancien employeur pour cet immense projet, comme le souligne l’Observatoire. Bien qu’il s’agisse d’éoliennes et donc d’énergie renouvelable, il ne faut pas y voir là de la part du Premier ministre un quelconque intérêt pour les questions écologiques mais bien de l’opportunisme.

Car en effet, on ne peut dire que Philippe ait fait de l’environnement une de ses batailles, bien au contraire puisqu’en 2016 il a voté contre la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages mais surtout s’est opposé à celle de 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte.

Quelle marge de manœuvre pour Hulot ?


Mais cette fameuse loi sur la transition énergétique, Macron déclare souhaiter la mener à bout, avec la présence de Nicolas Hulot au sein du gouvernement. Sauf que la nomination de Philippe montre surtout que les questions écologiques ne préoccupent guère Macron, et que la transition vers des énergies plus « vertes » avec la figure de Hulot tient surtout de la démagogie. Hulot était même vu comme une « prise de guerre » qui n’aura d’autre choix que de quitter ce gouvernent ou de céder à la pression et retourner sa veste. Il semble qu’il ait finalement opté pour cette dernière possibilité. En effet, ses déclarations concernant le nucléaire laisse peu de place au doute. Si Hulot faisait du nucléaire il y encore peu, une industrie du « monde d’hier », depuis sa nomination au gouvernement les choses changent. Ainsi, le ministre a déclaré jeudi sur France 2 : « le nucléaire, que l’on soit pour ou contre, de toute façon on ne peut pas s’en passer demain matin ». Il s’agit donc de minimiser les divergences pour se faire le plus Macron-compatible, et la visite conjointe de Hulot et Philippe ce vendredi d’une usine de traitement des eaux usées de Valenton, dans le Val-de-Marne, en atteste. Hulot déclarant à cette occasion qu’il est certain qu’à un moment un point de rencontre va être trouvé, mais qu’il est aussi entré dans « l’ère de la concertation » et « que les divergences que l’on voit ne sont pas si importantes que ça, en tous cas à ce stade ».

Ainsi donc, faire partie d’un gouvernement où le Premier ministre est pro-nucléaire, fricotte avec les conflits d’intérêts et magouille au Niger, maintient une usine de charbon et se déclare favorable à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne constitue pas des « divergences importantes ». Difficile de penser qu’Hulot, à 60 ans passés, soit empreint d’une telle naïveté qu’il puisse penser encore pouvoir influer sur la ligne politique du nouveau gouvernement. Si Hulot dissimule ses reculades sous « l’ère de la concertation » il faudrait plutôt la rebaptiser « ère de la collaboration ». Le couple Hulot-Philippe n’a en définitive plus rien de si impossible que cela...

 
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