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La Izquierda Diario
22 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Pour Macron, la loi Travail ne va pas assez loin
C’est parti : gouvernement, patronat en « dialogue social » pour casser le Code de travail
Laura Varlet, cheminote syndicaliste

Ce mardi 23 mai, le gouvernement compte réunir les représentants du patronat et les directions syndicales pour discuter de la réforme du Droit du travail qu’il veut mettre en place au plus vite.

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Crédits Photos : SOMER-POOL/SIPA

Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, affirme ne pas vouloir perdre du temps. Il veut mettre en place le « dialogue social » à partir de maintenant et jusqu’à la fin de l’été, pour être « opérationnel » dès la rentrée de septembre. Le plan est clair : adopter la nouvelle « loi Travail puissance 10 » au plus tard en octobre. Certains syndicats se disent prêts à discuter. et d’ici là il s’agit de ne pas mettre d’huile sur le feu et de donner l’illusion d’un « dialogue social », notamment afin d’éviter que la CGT appelle à se mobiliser.

Comment le gouvernement Macron compte attaquer le Droit du travail ?

L’objectif de la loi que veut faire passer le nouveau gouvernement est clair : finir ce qui avait été commencé par Hollande avec sa loi Travail, à savoir installer la primauté totale de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, ainsi que la fusion des institutions représentatives du personnel, et le tout par ordonnance.

Avant la loi Travail, les accords collectifs de branche, d’activité ou d’entreprise ne pouvaient jamais être moins favorable que le Code du travail. Avec la mise en place de la loi Travail, il est maintenant possible pour les patrons de faire primer l’accord d’entreprise sur le Code du travail en ce qui concerne le temps de travail. En résumé, s’ils ont l’accord de 30 % des syndicats locaux, les patrons d’une entreprise peuvent faire travailler plus les salariés, même si l’accord de branche prévoit un volume horaire plus faible.

Pourquoi Emmanuel Macron dit que la loi Travail ne va pas assez loin ? Précisément parce qu’il veut que l’inversion des normes, c’est-à-dire la primauté des accords d’entreprise sur le Code du travail, opère non seulement sur le temps de travail, mais sur l’ensemble de questions, comme les salaires, les conditions de travail, la formation, etc. Il souhaite rendre possible, par exemple, de fixer le prix des heures supplémentaires à l’échelle d’une seule entreprise, en dessous de ce qui est prévu dans le Code du travail.

Le MEDEF et Macron veulent aller vite pour détruire le Code du travail. FO et la CFDT proposent d’accepter le « dialogue social »

Du côté de la CFDT, l’engouement à discuter avec le gouvernement n’a rien d’étonnant après leur soutien à la loi Travail sous Hollande. Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, se dit « ni naïf, ni suspicieux », mais également « prêt à discuter » si des « marges de manœuvre » existent, tout en demandant explicitement au gouvernement de ne pas s’enfermer dans un tête-à-tête avec la CFDT. FO tente donc de mordre sur l’espace qui avait été occupé par la CFDT au printemps dernier, en apparaissant comme un interlocuteur de premier plan pour le gouvernement. Les dirigeants de la centrale sont donc explicites sur leur volonté de jouer un rôle de contention des mobilisations qui pourraient se déclencher, et se posent donc comme un relai direct du gouvernement pour faire accepter une partie des réformes à venir.

Nous avons déjà fait les frais de la politique du dialogue social qui, sous Hollande, a surtout désarmé les travailleurs face aux attaques qui se préparaient contre nos conditions de vie et de travail. Il est temps d’en tirer les leçons, et se dire que le gouvernement et le patronat ne comprennent que le rapport de force, le blocage de l’économie et la grève. Sans aller chercher trop loin, on voit comment la détermination des salariés de GM&S, le fait qu’ils aient occupé l’usine et menacé de faire sauter les installations a permis d’attirer l’attention vers leur lutte et oblige le gouvernement à chercher à désamorcer le conflit, même si les solutions proposées ne sont pas encore suffisantes pour apporter une réponse de fond au chômage et aux licenciements auxquels sont confrontés des centaines de familles.

La CGT affirme que les ordonnances de Macron sont « irrecevables »

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, érigé comme la principale figure d’opposition au gouvernement Hollande pendant le mouvement contre la loi Travail, a déjà déclaré que les ordonnances de Macron sont « irrecevables ». En même temps, il se dit content du fait que le Premier ministre, Édouard Philippe, ait fait la démarche de contacter les organisations syndicales. Mais encore une fois, on se demande de quoi on peut se féliciter alors que le contenu des réformes que le gouvernement de combat d’Emmanuel Macron veut faire passer est tout simplement un recul sans précédent sur les droits des travailleurs et de la jeunesse. Il faudrait en effet non seulement refuser toute ordonnance qui vise à réformer le Droit du travail en faveur des patrons, mais il faut également refuser toute négociation. Comme si on avait encore des doutes sur leurs intentions… Nous ne voulons pas négocier le poids de nos chaînes !

Nous ne voulons donc pas de leur loi Travail puissance 10, et nous voulons d’ailleurs l’abrogation de la loi Travail votée sous Hollande ! La lutte de GM&S est un premier symbole de la lutte contre les licenciements et les fermetures d’usines. L’appel de la Confédération CGT à un rassemblement national devant l’usine la semaine dernière et le soutien que cette lutte suscite partout en France va dans le bon sens pour montrer comment les travailleurs doivent se battre ensemble, et ne laisser aucun secteur isolé.

Mais nous sommes face un gouvernement qui dit noir sur blanc qu’il veut liquider tous les acquis sociaux, et Martinez devrait non seulement dire que les ordonnances de Macron sont irrecevables, mais surtout proposer un plan de bataille pour y faire face, dans la rue, par les mobilisations et par la grève, seul moyen de faire reculer le gouvernement.

C’est aux travailleurs et à la jeunesse de montrer qu’on n’est pas prêts à se laisser faire !

Tout en tirant les leçons du mouvement contre la loi Travail, ses points forts et ses faiblesses, il faut décidément que l’on se prépare. Il s’agit de réfléchir à un véritable plan de bataille, autour de revendications qui puissent unifier l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse précaire. Il faut bien sûr commencer par exiger l’abrogation de la loi Travail et refuser toute nouvelle réforme du Code du travail au service des patrons. Mais il faut aller au-delà, et élaborer une plateforme de revendications qui réponde aux préoccupations des travailleurs et de la jeunesse, comme exiger un CDI pour tous et la fin de la précarité, ou encore le partage du temps de travail pour en finir avec le chômage, travailler moins pour travailler tous.

C’est en ce sens qu’il faudrait travailler, en regroupant les différents secteurs prêts à lutter, au-delà des étiquettes syndicales et de toutes les divisions. Le Front social, qui a appelé à la manifestation du 8 mai, appelle à une rencontre nationale le 10 juin pour discuter des prochaines mobilisations. Il y a urgence à ouvrir ces discussions pour ne pas s’épuiser en allant de manif en manif, sans se donner les moyens de massifier la lutte pour pouvoir gagner.

 
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