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24 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Terrorisme
Macron lance sa task force et son programme anti-terroriste
Sadek Basnacki

Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu’il souhaitait que l’état d’urgence soit prolongé par le Parlement pour la sixième fois consécutive. Il prépare dans le même temps des mesures pour lutter contre le terrorisme, une nouvelle loi s’appliquant hors état d’urgence et la création d’une « task force ».

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crédit photo : CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP

Suite au dramatique attentat de Manchester, le président de la République Emmanuel Macron, a annoncé plusieurs mesures pour faire face au terrorisme. Alors qu’il souhaitait « comme tout démocrate » sortir de l’état d’urgence, quelques jours après son investiture, il souhaite désormais le prolonger jusqu’au 1er novembre. Prenant prétexte de ce qu’il s’est passé à Londres, Saint-Pétersbourg, Stockholm et maintenant Manchester, il fera durer ce régime d’exception presque deux ans, un record depuis sa première utilisation en 1955. 

Macron veut que le « gouvernement propose des mesures de renforcement de la sécurité face à la menace terroriste hors d’état d’urgence afin qu’un texte législatif soit préparé dans les prochaines semaines ». Conscient que l’état d’urgence ne peut pas être permanent, car son coût est extrêmement élevé, Macron souhaite inscrire dans la loi des éléments d’une loi d’exception et ainsi le graver dans le marbre. On peut soupçonner que la question des perquisitions de nuit, des assignations à résidence et toutes les mesures qui peuvent s’appliquer aux militants syndicaux et politiques seront sans doute comprises dans ce texte et ainsi viendront légitimer de manière permanente ces pratiques répressives dans l’État « de droit ».

Macron dans sa « volonté de renforcer la coopération européenne  » antiterroriste, souhaite la mise ne place d’une task force anti-Daesh dans les plus brefs délais. Pour le gouvernement, le but serait de mettre à disposition du président « un organe de coordination » des services de renseignement. Cela renforcerait les moyens « qui sont d’ores et déjà déployés ». Cette cellule rattachée directement à l’Élysée sera associée au ministère de l’Intérieur, de la Défense, des Transports et de la Santé. Elle comporterait entre 50 et 100 agents et fonctionnera 24 h sur 24. Le hic dans tout ça c’est que, selon les experts, ce nouvel organe ne sera pas efficace.

Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte antiterroriste à la DST, pense que « ça ne va pas changer grand-chose ». Selon lui, il y a déjà « six organismes au sein du ministère de l’Intérieur qui s’occupent à la fois de la collecte de renseignement et de son exploitation. Je crois qu’il y en a déjà trop, c’est un luxe inutile, c’est une feuille qui va être rajoutée au mille-feuille ». Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, explique que Macron veut plus de centralisation dans les renseignements, mais il dit que « c’est chaque ministre [qui] est responsable et ce n’est pas [lui qui va] être le commandant suprême, c’est [aux ministres] d’organiser, de pouvoir agir sur le terrain ». Cette task force semble n’être qu’un rideau de fumée. Son intérêt n’est pas évident tout comme son fonctionnement.

Autre chantier de Macron, la création de centres d’accueil fermés pour les djihadistes français partis combattre dans les rangs de Daech. Ce qui ressemble à un centre d’incarcération qui devrait se coupler à un centre de déradicalisation ne semble pas plus pertinent. Pour la plupart des attentats, ce sont des ressortissants français qui sont passés à l’acte sans pour autant être passés par l’État islamique. Selon Jean-Pierre Pochon, ancien directeur des renseignements français, « les attentats qui sont commis, ils ne le sont pas par des extraterrestres, ils ne sont pas commis par des gens qui viennent toujours de l’extérieur ». Outre ce fait indéniable, on peut se questionner sur l’impact de tels centres. Les prisons pour « terroristes » états-uniens sont le principal vecteur de radicalisation. Après tout, Daech n’a-t-il pas été créé derrière les murs de la prison américaine d’Abou Ghraib et de celle du Camp Bucca, située dans la ville de Garma, perdue dans le désert irakien ? N’est-ce pas derrière ces mêmes barreaux que les futurs leaders de l’organisation ont ébauché leur réseau à partir de 2004 ?

Macron se sert du danger terroriste pour tenter d’augmenter l’emprise de l’État sur la société en inscrivant dans le marbre des lois liberticides et essaye d’optimiser le fonctionnement des renseignements, renseignements qui ne servent pas exclusivement à contrer le terrorisme mais également à surveiller les milieux contestataires, les forces syndicales et les mouvements sociaux. Des centres pour enfermer des jeunes radicalisés ne pourront que renforcer leur colère envers l’État français qui bombarde, tue et pille le Moyen-Orient et l’Afrique. Si Macron veut en finir avec le terrorisme, qu’il arrête ses interventions impérialistes dans le monde entier pour défendre les intérêts de l’État et du patronat. Étant donné sa cérémonie d’investiture, son déplacement au Mali et ses déclarations, il semble qu’il se soit engagé dans la droite lignée de Hollande qui a mené une guerre par an et semé la misère aux quatre coins du monde.

 
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