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La Izquierda Diario
27 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Bien plus qu’une affaire d’armes chimiques
Armes chimiques en Syrie. Pourquoi les Etats-Unis mettent en garde Bachar al-Assad ?
Philippe Alcoy

Dans un communiqué le gouvernement nord-américain a mis en garde Bachar al-Assad contre « une autre attaque de masse utilisant des armes chimiques », au risque que « lui et son armée » payent « le prix fort ». Encore un épisode qui confirme l’escalade entre la coalition internationale et Assad et ses alliés en Syrie. Mais quel est l’objectif derrière ces mots ?

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Le communiqué de la Maison Blanche de lundi soir indique que « les Etats-Unis ont identifié de potentielles préparations en vue d’une autre attaque à l’arme chimique du régime d’Assad », ce qui entrainerait une réponse immédiate de Washington. Mais la mise en garde des Etats-Unis ne s’arrête pas à l’armée d’Assad. Elle s’adresse également aux principaux alliés de Damas. Ainsi, l’ambassadrice étatsunienne à l’ONU, Nikki Haley, twittait lundi : « Toute nouvelle attaque commise sur le peuple syrien sera attribuée à Assad, mais aussi à la Russie et à l’Iran qui soutiennent le massacre de son propre peuple ».

La Russie a rapidement réagi à travers le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, estimant « inacceptables » les menaces à l’encontre du gouvernement syrien. « Nous sommes en total désaccord avec l’expression ‘une autre attaque’ car, comme vous le savez, malgré toutes les demandes de la part de la Russie, il n’y a pas eu d’enquête internationale indépendante » sur la dernière attaque à l’arme chimique, début avril, contre la population de Khan Cheikhoun, a déclaré Peskov.

Effectivement, lors de la dernière attaque chimique contre la population civile en Syrie, les Etats-Unis ont accusé le gouvernement syrien d’en être le responsable et ont riposté avec le lancement de 59 missiles contre une base aérienne du régime, d’où serait partie l’attaque. Cependant, il n’est aucunement démontré qu’Assad soit vraiment le responsable de cette attaque.

Evidemment, qu’il n’y ait pas de preuves ne veut pas dire que le régime syrien est incapable de recourir à de tels crimes contre la population civile. Six ans de guerre civile, avec des bombardements quotidiens, des villes assiégées, des tortures, entre autres, montrent bien de quoi est capable le gouvernement de Bachar al-Assad et ses soutiens. Cependant, aucune confiance ne peut être faite aux déclarations des puissances impérialistes comme les Etats-Unis qui, comme tout le monde le sait, ont déjà inventé des « preuves » sur des armes de destruction massive pour justifier leur invasion en Irak en 2003.

Armes chimiques : l’hypocrisie bat son plein

L’utilisation d’armes chimiques est devenue dans le discours des dirigeants des puissances occidentales le synonyme du « mal absolu », la « ligne rouge » à ne pas dépasser. Or, en Syrie, et ailleurs dans les différents conflits armés dans le monde, l’écrasante majorité des morts sont provoquées par les « armes conventionnelles ». Des bombes, des tanks, des munitions puissantes, des avions et hélicoptères de combat performants, entre tant d’autres « inventions destructrices », dont les principaux marchands ne sont autres que les puissances occidentales elles-mêmes, les Etats-Unis et la France en tête.

On ne peut pas oublier qu’au Yémen par exemple c’est avec les armes occidentales que l’Arabie Saoudite mène une guerre sanglante et sauvage.

On ne peut pas oublier non plus que les alliés nord-américains des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) ont bombardé Raqqa, où entre 100.000 et 150.000 civiles habitent encore, avec du phosphore blanc. Une munition particulièrement nocive qui provoque des brûlures très difficiles à éteindre. Une bombe utilisée régulièrement par l’armée israélienne contre la population de Gaza. D’après l’ONG « Raqqa is Being Slaughtered Silently » (« Raqqa se fait massacrer en silence »), entre mars et juin, 600 personnes ont perdu la vie lors de l’offensive pour reprendre Raqqa à Daesh.

Quel est le sens de cette menace de Washington ?

Pour le moment au moins une chose est claire : les menaces des Etats-Unis n’ont rien à voir avec l’éventuelle utilisation d’armes chimiques de la part du régime. En effet, depuis plusieurs semaines on assiste à une véritable escalade et d’accrochages entre la coalition internationale et les forces alliés à Assad.

L’incident le plus grave s’est produit récemment quand les Etats-Unis ont abattu un avion de combat syrien, ce qui a entrainé la rupture de l’accord de « désescalade » de la part de la Russie et une menace du Kremlin d’attaquer les avions nord-américains qui se trouveraient à l’ouest de l’Euphrate. Précédemment, les étatsuniens avaient également abattu deux drones iraniens et attaqué des positions de l’armée du régime près de la triple frontière syrienne, irakienne et jordanienne.

En effet, la chute annoncée de Raqqa, capitale des territoires contrôlés par Daesh, a ouvert une nouvelle phase dans la guerre syrienne : les forces du régime et ses alliés, aussi bien que la coalition internationale, cherchent à mettre la main sur les territoires repris à Daesh, notamment la région de Deir ez-Zor, riche en pétrole et zone géographique stratégique.

Avec les incidents qui ont eu lieu ces dernières semaines Trump chercherait à montrer que les Etats-Unis sont prêts à défendre leurs intérêts en Syrie et à attaquer les positions du gouvernement et ses alliés s’il le faut. La mise en garde d’Assad n’est que très faiblement liée à la question de l’utilisation d’armes chimiques, elle cherche plutôt à exprimer cette prédisposition agressive de la part des Etats Unis.

Macron et les autres sur la même ligne que les Etats Unis

Les Etas Unis peuvent d’ores et déjà compter sur le soutien du gouvernement britannique qui a affirmé qu’en cas d’attaque chimique il serait derrière toute réponse des nord-américains. Mais le gouvernement français a, à travers Macron, exprimé tout son soutien à la ligne de Trump également. Lors d’un entretien téléphonique Trump et Macron ont affirmé la nécessité de lutter ensemble contre le terrorisme.

La semaine dernière, lors d’un entretien à huit journaux européens sur la politique internationale de la France, Macron avait déjà affirmé : « l’utilisation d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule. La France sera d’ailleurs à cet égard parfaitement alignée avec les Etats-Unis ». A cela, il faudrait ajouter le fait que Macron a invité Donald Trump à participer du traditionnel et réactionnaire défilé militaire du 14 juillet à Paris.

 
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